ALAMAAILMAN VASARAT – Vasaraasia

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ALAMAAILMAN VASARAT – Vasaraasia
(Laskeuma records)

Il a beau y avoir chez ALAMAIILMAN VASARAT les 4/5e du groupe finlandais HOYRY-KÖNE, émanation d’un certain rock progressif expérimental et foutraque, ceux qui s’attendaient à une déclinai­son musicale respectueuse de ce dernier en seront pour leurs frais. Parlons plutôt d’un pro­jet parallèle qui a pris des options toutes diffé­rentes. Brassage des genres est le mot d’ordre d’ALAMAAILMAN VASARAT. Sur une base compositionnelle redevable de l’esprit Rock in Opposition et de Frank ZAPPA, la musique de ce groupe nordique intègre tout ce qui passe sur son chemin de pèlerinage dans le « Grand Est ».

Tango claudicant, polka pilée (menue), bossa nova secouée, balkanite aigue, arabisations insidieuses et klezmerisation sans douleur colorisent avec expressivité chacune des treize pièces de Vasaraasia, faisant ressembler celui-ci à une  fanfare époustouflante où les numéros de jongleries ethno-metal-jazz-punk privilégient la densité plutôt que l’étalement, et qui ne sacrifie nullement la rage sur l’autel de la com­plexité.

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La formule instrumentale d’ALAMAAIL­MAN VASARAT promet à elle seule de bouleverser les routines sonores : violoncelle, saxophone, shehnaï indien, claviers, didgeridoo, orgue à pompe et batterie démontrent leur apti­tude à créer une épaisseur « rock » parfaitement originale. Vous décelez çà et là quelques riffs écorchés de guitare électrique ? C’est sûre­ment le violoncelle qui fait des étincelles…

 Ainsi l’auditeur est-il tiré à hue et à dia entre jovialités pince-sans-rire, mélancolies sourian­tes et anxiétés ricanantes. Il n’y a pas de place pour la tiédeur émotionnelle dans ce cirque expressionniste où la Compagnie Barnum se mélange aux « Freaks » de Tod BROWNING. Imaginez UNIVERS ZÉRO secondé par un taraf roumain ou Frank ZAPPA détournant les tenants « tzadikiens » de la « Radical Jewish Culture », ou que sais-je encore…

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Avec son premier opus, ALAMAILMAAN VASARAT rejoint avec brio et fracas le clan des « détour­neurs de carnaval » comme HAMSTER THEA­TRE, BEGNAGRAD ou VON ZAMLA. On peut d’ores et déjà le nommer parmi les plus belles surprises de l’an 2000.

La pochette est suffisamment décalée pour achever toute velléité de classification des « marteaux de l’Enfer » (traduction de « Alamaailman Vasarat ») activés par Jarno SARKULA et ses complices. N’empêche : leur disque a été classé dans le Top Ten des « World Music charts » européens, chose rigoureusement inimaginable dans notre hexagone ! Mais je ne demande pas mieux qu’on me fasse men­tir…

Donc, à tous ceux qui ne peuvent plus se contenter des sandwichs grecs sous-alimentés, testez donc le « trash-kebab in opposition » d’ALAMAAILMAN VASARAAT !

Stéphane Fougère

PS : Le fondateur du groupe ALAMAAILMAN VASARAT, Jarno SARKULA, aussi connu sous le nom STAKULA, est mort le 12 juillet 2020 à l’âge de 47 ans seulement.

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°9 – août 2001, et mise à jour en 2020)

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