Charlie McMAHON & GONDWANA – Didjeridu Travelling Songs
(ARC / DOM)
En route pour un voyage fascinant en Autralie, avec le légendaire Charlie McMAHON. Grand joueur de didjeridu à la réputation confirmée, il a accompagné une multitude de groupes de rock, y compris le mythique et inégalable MIDNIGHT OIL : une longue collaboration amorcée au début des années 1980 lors d’un fameux concert (Wanda Beach, Sydney, en 1982), où Charlie et les OIL interprétaient le furieux Stand in Line ; il était également présent sur leur excellent Red Sails in the Sunset (Helps me Helps You) ou lors de la tournée Blackfella/Whitefella Tour dans le bush en 1986 avec les WARUMPI BAND, et à celle de 1984 (Europe, USA, Australie) en guise de première partie.
Charlie McMAHON a la particularité de faire de la musique moderne, avec cet instrument mystérieux dont l’origine reste floue. C’est lui également qui créa en 1980 le didgeribone (didjeridu à coulisse créant différents sons). Il n’est pas ici à son premier essai en matière de musique : il a déjà à son actif plusieurs albums, dont Terra Incognita en 1983 (en avance d’une décennie dans le domaine de la world music), dans le cadre du GONDWANALAND PROJECT. En 1992, il prend le nom de GONDWANA (référence à l’époque où la Terre ne formait qu’un seul continent), correspondant à une nouvelle orientation musicale axée sur l’acoustique.
Travelling Songs est un disque dont le but est de faire voyager l’auditeur à travers les ambiances multiples provenant d’instruments modernes électriques (programmations, synthés, guitare…) et acoustiques plus traditionnels (didjeridoo, violon, cuivres…). Pour accentuer le côté ethnique, Charlie McMAHON a fait appel à Bobby BUNUGGURR. Ce dernier chante en langue ganal bingu sur quatre morceaux : Pig Wobble (le texte traduit est assez simple : « je joue du didjeridu si fort que mes lèvres en sont toutes engourdies »), Ride, Ngarti (hommage aux termites, qui creusent l’eucalyptus pour donner naissance au didjeridoo) et Munkarra (point d’eau localisé dans l’Est de Arnhem Land).
Dans l’ensemble, c’est une musique variée qui pioche dans tous les styles, à la fois atmosphérique (Heat), rock (avec Stampede, et ce piano à la NICO, ou l’énergique Ride), dérivant même vers l’acid jazz (Corrupt Wobble, marqué par un rythme rapide avec 130 temps par minute), ou teinté d’ambiances orientales (Scramble). Les compositions restent avant tout rythmées et joyeuses.
De belles mélodies apparaissent ici et là ; nous retenons le long morceau de 13 minutes, Swarm (« nuée », en rapport avec les essaims de termites se déplaçant après les orages d’été), avec son début symphonique, ou le titre Lope avec son « chant de voyage » dégageant une certaine nostalgie, qui conclut l’album, véritable rêverie musicale (Ngarti, Munkarra).
Charlie McMAHON est un artiste rare. Sa vie présentée dans le livret (en français, anglais, allemand et espagnol) est des plus passionnantes. Il est davantage qu’un simple joueur de didjeridu. C’est quelqu’un qui connaît l’histoire et les traditions de son pays et du peuple aborigène. Il a vécu sept ans dans l’outback australien. Ancien conseiller au ministère des affaires aborigènes (1978), il a joué un rôle important en 1984 dans la mise en place d’un système d’irrigation, s’étendant sur 400 km dans la région du Désert occidental pour permettre à la tribu des Pintubi de retourner vivre sur leur Terre natale.
Comme les membres de MIDNIGHT OIL, Charlie McMAHON est un musicien célèbre qui possède une conscience… et de nos jours, c’est devenu bien rare.
Cédrick Pesqué
Site : www.charliemcmahon.com