Daniele SEPE – Senza Filtro

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Daniele SEPE – Senza Filtro
(Felmay / Dunya)

Musicien napolitain méconnu en France, Daniele SEPE, internationalement connu pour ses interprétations de « protest songs » du monde entier et régulièrement comparé à Frank ZAPPA, a mis pas mal de temps à être reconnu dans son propre pays, l’Italie. Après un diplôme de flûte au conservatoire, il se met au saxophone et s’intéresse à toutes les musiques. Trop éclectique peut-être dans les années 1980, il n’est engagé que pour des disques de variété italienne. Heureusement pour lui, la variétoche rapporte un peu d’argent, ce qui lui permet de produire enfin ses propres disques. Daniele SEPE annonce la couleur, qui sera celle de l’humour, avec le titre de son premier album en 1991, Malamusica (« mauvaise musique »), aux influences jazz.

Tout au long de sa carrière, il intègre à ses compositions les influences de nombreux styles musicaux, le jazz bien entendu sous plusieurs de ses formes (free, jazz-rock), mais aussi la musique traditionnelle, pas seulement napolitaine (l’album Spiritus Mundi est une ballade à travers le monde), la musique classique, contemporaine, les fanfares, la chanson populaire (l’album Lavore Stanca – « travailler ça fatigue » – sorti en 1998 parle du travail en Italie et en Europe), l’improvisation, et même le rap sur l’album Vite Perdite (« vies perdues »)… avec bien entendu une large place pour l’humour (l’album Toto Sketches, un hommage à l’acteur burlesque, auteur, compositeur et poète italien TOTO).

Senza Filtro (« sans filtre »), sous titré « compilation de musique traditionnelle « dé-composée » du Sud de l’Italie », présente à la fois un choix de titres parus dans quelques-uns de ses disques (Spiritu Mundi de 1994, Viaggi fuori dai paraggi de 1996, Truffe & other Sturiellett de 2000 et Jurnateri sorti en 2002) ainsi que six inédits.

L’intérêt de cette compilation est de faire découvrir Daniele SEPE en ayant la plus large vision qui soit de son œuvre. Une grande partie de ses compositions sont des variations sur des musiques traditionnelles, la plupart italiennes, mais dont l’instrumentation est composée plutôt de cuivres (saxophones, trompettes, clarinettes, trombones), augmentée souvent d’instruments électriques (guitares, basses, claviers), parfois d’une batterie, de percussions, d’un piano, de violons, d’une contrebasse, d’une harpe, d’un didgeridoo, d’une flûte, d’un accordéon…

Parmi ces variations de traditionnels, se mêlent une composition de Daniele SEPE, Girolimoni Nr 101, pour quatre mandolines ; un succès des années 1940 d’Edoardo NICOLARDI, Tammuriata Nera, qui ouvre le disque et chanté par la comédienne Pina CIPRIANI (qui a interprété, entre autres, les textes de TOTO) ; un morceau du dramaturge et acteur italien Raffaele VIVIANI pour sa pièce I Dieci comandamenti (1945-47), aux allures de musique de cirque ; une variation du Jeu de Robin & Marion, drame lyrique du compositeur italien Adam de La HALLE (XIIIe siècle), morceau médiéval chanté par la soprano Roberta ANDALO, accompagnée de tambour, oud, darbouka et du flageolet de Daniele SEPE.

On trouvera également dans ce disque un extrait de l’opéra L’italiana in Londra de Domenico CIMAROSA (1779), Aria di Cimarosa, interprété toujours par Roberta ANDALO, accompagnée ici de cordes (mandolines, mandole, mandoloncelle, violoncelle, épinette) ; et un titre du chanteur populaire napolitain des années 1960, Matteo SALVATORE, Brutta Cafona, qui achève le disque avec sa fanfare de cuivres.

Les textes en italien sont présents dans le livret, ainsi qu’une belle collections de vieilles photos représentatives de la vie populaire italienne, qui sont le sujet principal de l’œuvre de Daniele SEPE.

La succession de morceaux complètement différents les uns des autres, loin de troubler l’auditeur, accentue le côté humoristique et délirant, et on n’a qu’une envie après l’écoute de ce disque : découvrir l’ensemble de sa discographie, qui compte tout de même douze disques, les premiers étant ressortis en CD, pratiquement introuvables en France.

À noter qu’un nouvel album, Anime Candide (« âmes innocentes »), Canzoni d’amore e di guerra, orné d’un Mickey unijambiste, vient de voir le jour en Italie.

Sylvie Hamon

Sites : www.danielesepe.com

http://lupo.sepe.free.fr/ (en français)

Distributeur : www.orkhestra.fr

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°14 – mars 2004)

 

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