David KRAKAUER & SOCALLED
Klezmer Connection
Clarinettiste new-yorkais de formation classique, David KRAKAUER s’est fait un nom à travers ses collaborations avec des ensembles de musique contemporaine (le BROOKLYN PHILHARMONIC, l’ARDITTI STRING QUARTET, le KRONOS QUARTET…), ce qui ne l’a pas empêché en parallèle de devenir, avec John ZORN, Matt DARRIAU et Frank LONDON, une figure emblématique de ce qu’il est convenu de nommer la « nouvelle vague de la musique klezmer » apparue avec les années 1990 dans le sillage de groupes comme THE KLEZMATICS, dont KRAKAUER a croisé la route.
Avec une virtuosité lumineuse et imaginative, une expressivité joviale et débridée et un goût éprouvé pour l’improvisation – soit trois qualités indispensables pour jouer la musique klezmer – David KRAKAUER, avec son groupe KLEZMER MADNESS, n’a eu de cesse à travers ses enregistrements pour les labels Tzadik et Label Bleu de revitaliser un genre ancestral en prenant soin à la fois de s’enraciner dans la culture yiddish (origine polonaise oblige) et d’entretenir une ouverture d’esprit qui lui a permis d’intégrer des éléments de jazz, de rock, de funk et plus récemment d’électro, à travers une inattendue rencontre avec un jeune DJ canadien, SOCALLED – de son vrai nom Josh DOLGIN – dont le talent s’exprime aussi au chant, au piano et à l’accordéon.
Ce dernier, d’origine juive lui aussi, a ni plus ni moins fondé le « hip-hop yiddish », un ébouriffant mélange de folklore klezmer, d’électro, de rap, de jazz, de musique orientale, etc. Révélé avec Hiphopkhasene, un CD réalisé avec la violoniste Sophie SOLOMON (du groupe OI VA VOI) en 2003, SOCALLED, en bon « iconoclaste respectueux », continue, dans son nouvel album, Ghetto Blaster (Label Bleu), de bousculer et de dépoussiérer le klezmer tout en en révélant des sources vinyliques (en 78 Tours !) que l’on croyait disparues, et en conviant moult personnalités du rap et du klezmer, toutes générations confondues.
SOCALLED est de vingt ans le cadet de David KRAKAUER, mais tous deux ont la même obsession du défrichage, la même détermination au renouvellement. Ainsi KRAKAUER a-t-il recruté SOCALLED au sein de son KLEZMER MADNESS qui, après un renversant Live in Krakow a réanimé la tradition des absurdités extravagantes des grand-mères, appelés Bubbemeises (Label Bleu). En rénovateurs consciencieux, KRAKAUER et SOCALLED ont su redonner un éclat extatique et une pétillante vitalité à cette musique de célébration festive de la vie, expression ultime de cette culture yiddish qui, au XXe siècle, est revenue de loin…
Pour ETHNOTEMPOS / RYTHMES CROISÉS, le clarinettiste et le DJ se sont mis à table pour évoquer leurs histoires respectives, l’histoire de leur rencontre, leur passion pour la musique klezmer d’hier et leurs propositions pour la musique klezmer d’aujourd’hui.
Rencontre avec David KRAKAUER et SOCALLED
David KRAKAUER, bien que vous ayez découvert la musique klezmer sur le tard, vous êtes aujourd’hui l’un des principaux représentants de la nouvelle vague klezmer. Avant, vous aviez surtout fait du jazz et du classique. La clarinette a-t-elle été votre premier instrument ?
David KRAKAUER : Oui. J’ai commencé la clarinette à 10 ans et, à l’âge de 15 ans, j’ai étudié vraiment sérieusement la clarinette classique, avec comme grand professeur à New-York, Leon RUSSIANOFF. C’était un grand monsieur qui a été professeur de tous les solistes des grands orchestres aux États-Unis : les orchestres de New-York, de Cleveland, de Los Angeles, de Chicago… Il était aussi le professeur de Jimmy HAMILTON, de l’orchestre de Duke ELLINGTON, et des musiciens de studio qui travaillaient pour des enregistrements pour la télévision, pour la radio, pour Broadway. C’était vraiment un grand professeur, mais il était très simple, très sympathique. Je crois que c’est grâce à lui que mon esprit est très ouvert ; il n’était pas contre le fait que je joue du jazz, par exemple.
J’ai joué du jazz avec le pianiste Anthony COLEMAN en 1970 ou 1971. On était à l’école ensemble à la High School Music & Art et on jouait le répertoire jazz de Jelly Roll MORTON – bien avant Winton MARSALIS bien sûr – jusqu’à Thelonious MONK et Ornette COLEMAN, et ensuite on a joué les propres compositions d’Anthony COLEMAN. Donc j’ai fait du jazz et de la musique classique en même temps. Mais, à l’âge de vingt ans à peu près, j’ai arrêté un peu le jazz ; j’ai continué à faire des expérimentations avec les quarts de tons, des sons et des doigtés différents, et je suis devenu sérieusement musicien classique.
Mais quand j’ai eu trente ans, j’ai senti que quelque chose en moi était vide et j’ai cherché quelque chose d’autre. J’ai alors commencé à écouter les clarinettistes grecs, turcs, et aussi mon idole, le grand Sidney BECHET. Les sons de la clarinette m’ont beaucoup influencé. Et, au gré des rencontres, j’ai eu la chance d’écouter le grand Dave TARRAS live à New-York ; il avait environ 75 ans à l’époque et ne jouait pas techniquement très bien parce qu’il était très vieux. Mais quand même le son m’avait donné la chair de poule ! C’était extraordinaire d’écouter la puissance de cette musique ! C’était en 1979 à peu près.
Mais bien après, en 1987, par une série de coïncidences et de rencontres avec des gens, tout à coup, j’étais frustré, j’ai voulu faire quelque chose avec l’improvisation, avec les sons différents et toutes mes expérimentations. J’ai rencontré dans le bus à New-York une musicienne de klezmer, une accordéoniste, qui m’a demandé : « David, est-ce que tu connais quelqu’un qui voudrait jouer avec notre groupe de klezmer ? ». C’était un groupe de klezmer qui jouait pour les petites fêtes dans la rue. Moi, j’étais un musicien tout à fait professionnel, établi ; j’avais fait les grands festivals de musique de chambre avec Rudolf SERKIN, etc. Mais j’avais envie de faire quelque chose d’autre, alors quand elle m’a posé cette question dans le bus à New-York, j’ai répondu : « Je veux essayer ça. » Les mots me sont sortis comme ça de la bouche ! Et ça a été le commencement pour moi de la musique klezmer.
Pendant huit ou neuf mois, j’ai joué ça juste comme passe-temps musical, quand j’avais le temps, tout en étant musicien professionnel. Après huit ou neuf mois, les KLEZMATICS ont entendu parler de moi et m’ont proposé de jouer avec eux. J’ai commencé et, six ans plus tard, j’ai créé mon groupe, KLEZMER MADNESS.
Vous êtes donc resté six ans avec les KLEZMATICS. Est-ce qu’on peut considérer qu’ils vous ont servi un peu d’école ?
DK : Oui, ça a été vraiment le premier groupe très, très professionnel. Mais à l’époque, en 1987-1988, il y avait déjà eu une première reconnaissance klezmer avec des groupes comme KLEZMORIM, KAPELYE, Andy STATMAN, etc.
Ces gens ont fait des reprises des vieux disques des années 1920 en cherchant à reconstruire cette musique disons perdue. Ensuite, cette reconnaissance est retombée un peu, et on a eu l’impression, à la fin des années 1980, que cette musique allait mourir avec les gens âgés en Floride. Quand j’ai commencé avec les KLEZMATICS, on est allés en Allemagne et il y avait 1 000 personnes, jeunes, pas nécessairement juives, qui dansaient et faisaient la fête ; alors on s’est dits : « Non, cette musique ne va pas mourir. » Et donc comme ça, on ne s’est plus contentés de faire des reprises des vieux disques. Bien sûr, on a fait des recherches en écoutant les vieux disques, mais on voulait aussi créer quelque chose de nouveau, ajouter les influences du jazz, du funk, du rock, etc.
Il y a cinq ans, j’ai rencontré SOCALLED au festival Klez Canada. Il m’avait donné un disque, The Hip-Hop Seder. J’avais des doutes profonds, mais je l’ai écouté au casque et finalement je me suis dit : « C’est absolument génial, maintenant voilà l’avenir de cette musique ! ». L’idée de mélanger le hip-hop avec le klezmer était bonne, et c’était bien fait, pas n’importe comment, mais recherché et vraiment sincère. Là je me suis dit : « OK, c’est la possibilité de revitaliser la tradition de danse dans la musique klezmer. » Et l’histoire de SOCALLED est très intéressante… et il est là, maintenant avec nous !
SOCALLED, vous avez vous aussi découvert tardivement la musique klezmer. Vous n’avez pas baigné dedans ?
SOCALLED : Non, pas du tout. J’étais un Juif assimilé, un jeune homme blanc du Canada, au Nord de Ottawa, le seul Juif dans mon école. Chez mes parents, on a bien sûr célébré les fêtes juives et j’ai eu mon Bar Mitsvah (NDLR : « communion » juive), mais c’était vraiment un judaïsme assimilé. On n’avait pas toute cette tradition de musique cantoriale ancienne, c’était plutôt les musiques plus modernes et évidemment pas de langue yiddish, et je n’ai pas vraiment connu mes grands-parents. C’est en cherchant des sons pour faire des samples pour des productions de rap, pour les rappeurs pour lesquels je travaillais, que j’ai commencé à collectionner des vieux disques.
J’ai commencé à trouver des disques de ma propre culture, que je n’ai pas connue avant. J’ai trouvé les nigunim, les chansons sans mots des hassidim ou la musique cantoriale des grands maîtres de cette tradition, et bien sûr le klezmer. Et ça a été vraiment pour moi un choc quand j’ai entendu cette musique parce qu’elle est si riche ! C’était toute une histoire qui était oubliée, cachée peut-être même. Du coup, j’en ai été fâché après les Juifs, que je ne trouvais pas très cool pour m’avoir caché ça ! (rires) Quand j’ai entendu ça, je me suis dit : « Waouh ! Nous sommes assez funky, nous avons une tradition, nous avons une culture que personne ne connaît ! ».
Je suis allé à ce festival klezmer au Nord de Montréal (à l’origine, je suis allé à Montréal pour étudier), et j’ai rencontré beaucoup de monde, spécifiquement une batteuse qui, à 75 ans, était vraiment une maîtresse d’une rythmique juive qu’elle a apprise de son père et de son grand-père, et son rythme sur la batterie était aussi funky que toutes les musiques des Africains et Américains que j’ai adorées étant enfant et adolescent. Alors je les ai enregistrés. J’y étais allé vraiment juste pour enregistrer les gens, pour faire des samples, mais après je me suis dit : « Je veux chanter les chansons et les jouer moi-même sur mon accordéon, sur le piano. Je veux vraiment comprendre l’histoire, comprendre la tradition avant de vraiment l’utiliser. »
Après quelques années, j’ai rencontré David KRAKAUER et lui ai donné ma petite démo ; il a beaucoup aimé et on a commencé à travailler ensemble. Il m’a pour ainsi dire « débauché » du Canada. Alors, David, tu es responsable de tout, je te damne ! (rires)
DK : C’est une heureuse damnation !
Retrouver le chant perdu
La culture yiddish et la musique klezmer ayant manqué de disparaître à une époque, vous avez été tous deux confrontés au manque de sources les concernant. Les anciens disques ont-ils été vos seules sources de découverte ?
SOCALLED : Maintenant, il y a tout un circuit de festivals où sont invités les vieux maîtres qui avaient été oubliés.
Mais qui n’avaient pas arrêté ?
SOCALLED : Peut-être qu’ils avaient arrêté. Mais quelques-uns ont été retrouvés et invités à ces festivals, comme ça, et là on peut les rencontrer. Mais vraiment, les vieux disques sont les meilleurs.
DK : Oui, c’est la « pierre de Rosette » pour nous.
SOCALLED : On rencontre les vieux qui peuvent chanter les vieilles chansons de folk ou les chantres de synagogue qui ont vraiment une histoire. De plus en plus, tout autour du monde, on rencontre aussi les gens qui possèdent « les petits morceaux ». Et c’est vraiment un puzzle.
DK : Oui, c’est juste qu’on doit reconstruire cette histoire. Je fais partie d’un workshop en Pologne qui s’appelle la « Barque Musicale ». C’est-à-dire qu’il y a une espèce de barque entre les États-Unis et la Pologne et on échange. Eux aussi étudient la culture juive pour mieux comprendre leur culture polonaise. Nous allons en Pologne rencontrer des gens et aussi pour trouver les bouts qui manquent. Peu à peu, on commence à faire des connexions. Il y a bien sûr des choses qui sont perdues pour toujours et on doit accepter ça. On doit faire aussi une musique honnête.
Quand vous dites qu’il y a des choses perdues, ce sont juste des morceaux ou bien des aspects, des formes de cette musique ?
SOCALLED : C’est la vie qui est perdue, parce que c’était toute une culture, c’est tout le cycle de la vie qui était enrobé de musique. Si cette vie est vraiment perdue, c’est difficile de retrouver l’esprit de la musique.
DK : Oui, par exemple, on sait que le son de la voix du chantre est dans la musique. Le chantre, dans la synagogue, faisait partie de la vie quotidienne. On attendait le Shabbat…
SOCALLED : Et même la vie normale. Pas seulement le chantre, mais tous les Juifs ordinaires chantent chaque jour pour prier. Alors maintenant, moi je suis assimilé. Je ne suis pas religieux, alors je n’ai pas ce son dans mes oreilles.
DK : Donc c’est différent. On étudie les choses. Pour ma part, j’étudie, je rencontre les gens. Par exemple, j’ai rencontré des chantres comme Jack MENDELSSOHN, qui improvise toujours, et c’est extraordinaire, et des musiciens klezmer. Mais je suis aussi passionné de découvrir un moyen de faire ça de manière à se projeter dans l’avenir. Des fois, quand je vais dans ces festivals, je deviens triste et désespéré parce que je me dis : « C’est perdu, mais qu’est-ce qu’on fait ? ».
SOCALLED : Parce qu’on voit souvent d’autres groupes qui viennent d’Afrique où la tradition n’est pas vraiment perdue, chez lesquels il y a une continuation.
DK : Il y a une ligne continue. Tandis que pour nous, il y a eu cette interruption, la Shoah, l’assimilation. Les gens qui ont survécu à la Shoah ont été supprimés et leur culture, toutes les ethnicités, ont été supprimées par Staline. Et donc c’est très difficile d’aller dans un village. On ne peut pas retourner au village et dire : « Je vais trouver les vieux musiciens. » Ça existe, mais c’est rare. Nous avons différentes méthodes de travail, mais pour ma part, j’avance, je joue et je compose.
SOCALLED : Et moi, même si je suis l’homme de l’avenir avec ma machine magique, j’utilise cette machine pour étudier minutieusement les ornements, mais je suis plus intéressé que toi peut-être.
DK : Peut-être oui, dans cette recherche. Mais j’ai passé des années aussi à écouter des disques et des cassettes pour trouver des petites nuances.
SOCALLED : C’est très subtil, c’est très spécifique.
DK : Oui, mais aussi je trouve qu’en écoutant beaucoup, c’est comme des cours de langues : on écoute, on parle, on essaye et comme ça on apprend une langue.
Le Mariage de la Terre et du Ciel
Avec KLEZMER MADNESS, quelles sont les formes de la musique klezmer que vous avez le plus travaillées ? Est-ce qu’il y a encore des formes que vous n’avez pas explorées ?
DK : Les sources de nos formes musicales, ce sont des vieilles danses : le bulgar, le terkish, le khosidl, la hora… Avec SOCALLED, on peut rentrer dans le répertoire des nigunim.
SOCALLED : … et aussi la doina.
DK : Oui, la doina. C’est une espèce de mélange entre la chanson de berger et la chanson de synagogue. Il paraît qu’il y a les écritures par des chantres qui se disaient influencés par les bergers. Et on disait aussi que les bergers étaient influencés par les chantres. Donc, il y a toute une espèce d’écosystème qu’on ne peut peut-être pas séparer. Mais pour moi, la doina, c’est peut-être l’essentiel du klezmer ; c’est le moment où il y a le mariage avec la terre et le ciel, disons. Donc il y a le spirituel et aussi la « funkyness », l’humanité.
Pour moi, c’est comme si on n’avait pas le blues dans le jazz, on n’aurait pas le jazz : si on n’a pas la doina dans le klezmer, on n’a pas le klezmer. Parce que j’entends beaucoup de gens qui jouent très, très bien, mais sans beaucoup d’ornements et sans cette manière de faire le son. Et il y a un son klezmer dans la clarinette. Il y a des gens qui ont le son du jazz dans la clarinette. Ils jouent peut-être très bien, avec plus d’ornements que moi, mais ils n’ont pas le son, le vrai son. Quand j’ai commencé à jouer le klezmer, des gens âgés sont venus à moi pour me dire : « Tu sonnes comme Dave TARRIS, tu sonnes comme les vieux maîtres. » Ça m’est arrivé des milliers de fois. C’est-à-dire qu’il y avait quelque chose dans le son qui est essentiel dans le klezmer.
Finalement, dans la musique klezmer, l’essentiel serait la voix ? Parce que l’ornementation est inspirée aussi de toutes ces voix de chantres…
DK : Oui, la voix est essentielle. Et aussi SOCALLED est responsable de chanter pour moi et sa responsabilité…
SOCALLED : Je m’excuse ! (rires)
DK : … c’est pour moi de chanter en yiddish. Il m’a beaucoup encouragé, et ça fait du bien de chanter.
C’est quelque chose que vous n’aviez pas beaucoup tenté avant de le rencontrer ?
DK : Juste un peu avec les KLEZMATICS, mais pas beaucoup.
Votre album Live in Krakow paru en 2003 a constitué en quelque sorte un nouveau départ, du fait de l’arrivée de SOCALLED et du remaniement de votre groupe, KLEZMER MADNESS ?
DK : Oui, de temps en temps les musiciens changent, ils font beaucoup d’autres choses. Pour la plupart, ce sont des musiciens de jazz, parce que je cherche souvent des musiciens qui sont ouverts aux autres influences.
Au départ, c’était moi qui avait appris comment jouer la musique klezmer. Mais aussi, le fait que SOCALLED avec son travail très détaillé entre dans le groupe et nous dise « Écoutez ça ! » m’a beaucoup aidé. Et donc ensemble, on a travaillé avec chaque nouveau musicien.
SOCALLED : C’est toujours très intéressant de voir comment ils agissent avec un autre style. On pense que c’est peut-être facile à jouer, mais…
DK : Mais c’est un son. On sent quand le groove est là ! Et quand le groove n’est pas là, on recommence, retour au tableau ! En fait, c’est un travail qu’on fait très sérieusement avec chaque musicien qui entre dans le KLEZMER MADNESS. Mais chaque musicien apporte aussi sa particularité et c’est ça qui est intéressant. Et j’aime cet échange.
Qu’est-ce qui vous a poussé à commencer par enregistrer un disque live avec une nouvelle formation ? C’était un peu une prise de risques ?
DK : Oui, mais le live, je le voulais parce que je n’avais pas joué à Kracovie depuis 1992. La première fois que j’ai joué à Kracovie, c’était avec les KLEZMATICS, et j’avais dit : « Je m’appelle David KRAKAUER et bienvenue à ma ville ! » C’était très important pour moi vraiment de venir dans ce lieu, la ville qui porte mon nom, et de jouer là-bas. J’ai entamé des relations avec des gens, j’ai un public là-bas. Et donc, faire un disque live à Kracovie avait une haute signification.
Et maintenant, notre nouveau disque c’est Bubbemeises : Lies my Gramma told me. C’est vraiment une co-production avec SOCALLED, on l’a fait ensemble : on a réfléchi et on a écrit les morceaux ensemble. Pour nous, c’est un travail passionnant. Et on va aller encore plus loin, parce qu’en décembre, on va retourner en France pour le festival Transes Musicales (de Rennes) et inviter Fred WESLEY, le grand maître de la funk music, qui était le tromboniste et arrangeur pour James BROWN à la fin des années 1960 et au commencement des années 1970. Fred WESLEY va faire des arrangements et jouer avec nous et on est vraiment, « very excited » !
Ces fameux « bubbemeises » se rapportent à quoi ?
DK : Chaque fois qu’on dit « bubbemeises » et s’il y a des Juifs dans la salle, tout le monde rit. Parce que c’est bien entendu que les grand-mères vont exagérer, autour de leur fils, de leur fille, et dire des choses exagérées.
Ce sont des extrapolations ?
DK : Oui, exactement. « Bubbemeises », c’est une grande tradition dans la culture juive ashkénaze, probablement séfarade aussi. Mais dans le monde entier également. Les bubbemeises sont universels !
Propos recueillis par Stéphane Fougère
lors du festival Les Escales de Saint-Nazaire,
en août 2006
Photos : Sylvie Hamon et Stéphane Fougère
Sites :
David KRAKAUER : www.davidkrakauer.com
SOCALLED : https://www.facebook.com/socalledmusic
Discographie David KRAKAUER
* Mazel Tov Cocktail Party (Label Bleu, 2022)
* Breath and Hammer (avec Kathleen TAGG) (Table Pounding Records, 2020)
* Anakronic and Krakauer (avec ANAKRONIC) (Balagan Box, 2016)
* Hear The Big Picture (Label Bleu, 2014)
* Dreams and Prayers (avec A FAR CRY) (Crier Records, 2014)
* Checkpoint (Label Bleu, 2014)
* Best of (Label Bleu, 2013)
* Pruflas (Book of Angels vol. 18) (avec John ZORN) (Tzadik, 2012)
*Bubbemeises : Lies my Gramma told me (avec SOCALLED et KLEZMER MADNESS!) (Label Bleu – 2005)
* Live in Krakow (avec KLEZMER MADNESS! et SOCALLED) (Label Bleu – 2003)
* Klezmer Concertos and Encores (American Classics/Naxos – Milken Archives
– 2003)
* The Twelve Tribes (Label Bleu – 2001)
* A New Hot One (Label Bleu – 2000)
* Klezmer, NY (Tzadik – 1998)
* The Dreams and Prayers of Isaac the Blind (Nonesuch – 1997) (Osvaldo GOLIJOV, compositions. Par le KRONOS QUARTET et David KRAKAUER)
* Klezmer Madness! (Tzadik – 1995)
* avec THE KLEZMATICS : Jews with Horns (Piranha – 1995)
* avec THE KLEZMATICS : Rythm + Jews (Piranha – 1990)
Discographie SOCALLED
* Peoplewatching (Dare to Care Records, 2015)
* The Season (Dare to Care Records, 2013)
* Sleepover (Dare to Care Records, 2011)
* Ghettoblaster (Label Bleu – 2006)
* The So Called Seder: A Hip Hop Haggadah (Jdub – 2005)
* HiphopKhasene (Piranha – 2003) (SOLOMON & SOCALLED)
(Article original publié dans
ETHNOTEMPOS n°30 – mars 2007,
discographie mise à jour en 2022)