Festival Interceltique de Lorient 2022 – Année des Asturies, Première Partie

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Festival Interceltique de Lorient 2022 – Année des Asturies, Première Partie

En août 2020 devait se tenir la cinquantième édition du Festival Interceltique de Lorient (FIL). En raison de la pandémie du Covid-19, cette édition a été reportée à l’année suivante. En 2021, malgré un contexte sanitaire toujours délicat, ce cinquantième Festival Interceltique s’est bien tenu, sous une forme cependant allégée. Cette édition 2021 était également la dernière à avoir été élaborée sous l’égide de Lisardo LOMBARDIA, le Directeur Général. 2022 marquait donc le début d’une nouvelle ère, soulignée par l’arrivée de Jean-Philippe MAURAS au poste de Directeur Artistique et signant l’an 1 devant mener à la centième édition, au siècle interceltique.

Même si le Covid n’était pas totalement oublié, les mesures sanitaires contraignantes ont été abandonnées. Le FIL a pu retrouver l’ampleur qu’on lui connaissait avant la crise.

Plusieurs changements étaient toutefois à noter.

La Grande Parade des Nations Celtes a retrouvé le parcours qui fut le sien entre 2007 et 2011. Le défilé empruntait cette fois un tracé allant du passage à niveau, cours de Chazelle, jusqu’au Stade du Moustoir. 750 000 personnes le long du cheminement et 10 000 spectateurs dans le stade ont applaudi les soixante-cinq groupes.

Depuis 2002, le chapiteau de l’Espace Marine accueillait, quasiment chaque année, les principales têtes d’affiches sur la place d’armes. La physionomie du lieu a été totalement repensée pour devenir un espace à ciel ouvert désormais appelé l’Amphi.

Les Nuits Interceltiques ont aussi changé de dénomination et sont devenues Horizons Celtiques. Le spectacle a été resserré afin de ne plus avoir de temps morts et également de terminer plus tôt. En raison de la sécheresse et des risques d’incendies, la partie pyrotechnique n’a pas eu lieu.

Certains pavillons des pays celtes entre la Place Glotin, derrière le Palais des Congrès, et les quais du Port de Plaisance se sont vus regroupés entre un pavillon gaélique (Irlande, Écosse, Île de Man) et un pavillon brittonique (Pays-de-Galles, Cornouailles). Seules les Asturies (en tant que pays à l’honneur) et la Galice bénéficiaient de leur propre pavillon. La Bretagne comme à l’accoutumée occupait le terrain derrière le Palais des Congrès.

Il manquait cette année encore le pavillon de l’Acadie et de l’Australie.

Pour ce retour trois ans après sa dernière édition classique, le FIL a été plébiscité. Malgré des records de chaleur et un soleil omniprésent qui étaient parfois difficiles à supporter, la fréquentation a été évaluée à environ 900 000 festivaliers. 125 000 entrées payantes ont été comptabilisées en tenant compte des billets et des différents forfaits permettant d’accéder à plusieurs spectacles.

Le OFF a par contre vu sa présence fortement réduite que ce soit en nombre de scènes et en nombre d’artistes. Le niveau de ce festival « parallèle » ne s’en est pas trouvé relevé. Comme ce fut le cas ces dernières années, la programmation n’avait rien de véritablement celtique. Certains établissements réussissaient néanmoins à conserver une certaine étincelle, mais ils se faisaient rares.

En 2023, c’est l’Irlande qui sera à l’honneur pour la quatrième fois.

Compte-rendu

En raison de la crise sanitaire, les différents championnats des Bagadou n’ont pas eu lieu depuis 2019. Habituellement déclinée en deux poules, la première manche de la compétition de première catégorie, l’élite des Bagadou, prévue à Nantes le dimanche 13 février 2022 n’a pas pu se tenir pour cause de flambée épidémique. Les quinze bagadou se sont donc retrouvés le 6 août au Stade du Moustoir pour l’épreuve de Lorient qui constituait l’unique partie en vue de désigner le champion 2022.

Depuis 2015, le Bagad CAP CAVAL (Plomeur) régnait sans partage sur la compétition. Cette année, c’est le Bagad KEMPER (Quimper) qui a soulevé pour la vingt-quatrième fois le trophée, devançant le Bagad BRIEG (Briec de l’Odet) et le Bagad RONSED MOR (Locoal Mendon). Le Bagad CAP CAVAL se classe au pied du podium. Une mention particulière peut être décernée au Bagad SONERIEN AN ORIANT (Lorient) qui termine à une très belle sixième place. La KEVREN ALRE (Auray), habituée des premières places, ne participait pas au concours.

En raison des circonstances particulières pour cette année 2022, il n’y aura pas de descente des deux derniers groupes au niveau inférieur. Par contre, le Bagad PENHARS (Quimper) vainqueur en deuxième catégorie pourra, s’il le souhaite, rejoindre l’élite.

Les Têtes d’affiche

Murray HEAD a été la première tête d’affiche à se produire sur la scène de l’Amphi et, de fait, il a inauguré ce nouvel espace. Il n’en était pas à sa première participation puisqu’il était déjà venu au FIL en 1993.

Ce concert prenait place dans le cadre de sa tournée album célébrant son album de 1975, Say It Ain’t So. Entourée de solides musiciens et d’une chanteuse et choriste, il a revisité les chansons de son album culte dont évidemment le titre éponyme qui bien évidemment a suscité l’engouement.

Murray HEAD s’exprime dans un français parfait et communiquait volontairement avec le public.

D’autres tubes n’ont pas été oubliés, telle cette reprise de Le Sud de Nino FERRER et bien sûr l’incontournable One Night in Bangkok, qui a enflammé le public et que l’artiste a interprété en partie au milieu de la foule.

De son côté, le chanteur MIOSSEC venait également célébrer un album culte, un album essentiel, le premier de sa carrière, Boire, sorti en 1995. La prestation a néanmoins laissé une impression mitigée.

Les inconditionnels de l’artiste ont été heureux de le retrouver au Festival vingt ans après son précédent passage. Les autres spectateurs se souviendront d’un concert passablement court, monocorde, sans réel échange. Pourtant, le répertoire, qui ne se basait pas seulement sur l’album Boire, était brillant. Mais malgré quelques étincelles, la magie n’a pas opéré ce soir-là.

Le Bagad de LANN BIHOUÉ célébrait en cette année 2022 son soixante-quinzième anniversaire. Par son attachement au pays de Lorient et au Festival Interceltique, il semblait logique que cet évènement soit honoré.

Lors de la Grande Parade, c’est comme à l’accoutumée le Bagad actuel qui a ouvert le défilé. Pour le clôturer, c’est un impressionnant cortège de trois cent anciens sonneurs qui a cheminé à travers les rues de la cité portuaire jusqu’au stade du Moustoir.

Le lendemain soir, c’est une création baptisée Odyssée que le bagad proposait sur la scène de l’Amphi. Cette création contait le périple d’un jeune homme qui suivait les traces de son père, un ancien du bagad à travers le monde. En fonction des lieux visités, la musique se teintait de couleurs jazz, brésiliennes, orientales, irlandaises et bien sÜr bretonnes. Le jeu de percussions était très travaillé et incisif. Amazing Grace, qui provoque toujours autant d’émotions, est par contre arrivé un peu tôt. Sur Ar Mor divent (la mer immense), les lumières des téléphones des 3000 spectateurs scintillaient comme autant d’étoiles éclairant la mer. Pour le final, c’est le titre Azerty qui a achevé de conquérir le public.

Il aura toutefois manqué un petit plus pour rendre cette soirée inoubliable, la participation des anciens sonneurs ou la présence d’Alain SOUCHON venant interpréter sa mythique chanson célébrant le Bagad comme ce fut le cas en 2007 et 2012.

Lors de chaque édition, une rencontre entre un orchestre classique et un artiste ou un groupe est proposé. Depuis plusieurs années, c’est l’Orchestre Symphonique de Bretagne qui prenait place au FIL. L’ensemble n’étant cette fois pas disponible, c’est l’Orchestre du Festival qui a été ressuscité. Il a eu le privilège de partager la scène avec l’un des groupes phares de la musique écossaise, CAPERCAILLIE, qui célébrera en 2023 ses quarante ans.

Le concert avait déjà été donné à Glasgow en juin 2022, le BBC Scottish Symphony Orchestra avait alors accompagné le groupe.

Devant un public venu nombreux, CAPERCAILLIE a revisité un large panel de titres couvrant une discographie allant de Cascade (1984) à At the Heart of It All (2013). Des titres entraînants alternaient avec des moments plus solennels. La musique de CAPERCAILLIE ne manque déjà pas de raffinement à la base mais soutenue par un grand orchestre, elle montait en puissance et acquérait une ampleur de grande classe. Loin de l’atténuer, cette puissance mettait encore plus en avant la voix divine de la chanteuse Karen MATHESON. Au sortir du concert, on en venait à se demander comment et pourquoi la rencontre entre les deux univers n’avait pas encore eu lieu.

Durant toute cette année 2022, le groupe SONERIEN DU célébrait ses cinquante ans d’existence. En attendant de commémorer cet anniversaire dans leur fief de Pont L’Abbé le 20 août, les musiciens ont posé leurs instruments à Lorient sur le Quai de la Bretagne.

Minuit était passé depuis quelques minutes. Un Gwenn ha Du s’agitait à quelques pas de la scène. Les spectateurs commençaient à scander « Les DU ! », affectueux diminutif désignant aujourd’hui le groupe. Il a suffi de quelques notes de War bont an Naoned et déjà les spectateurs entraient dans la danse malgré un manque de place évident face à une affluence record.

C’était parti pour près d’une heure et demi d’un concert/fest-noz débridé durant lequel le groupe a aligné ses classiques dans une ambiance très électrique, sur et devant la scène. SONERIEN DU est réputé pour pratiquer un gros son et là, ça envoyait du lourd. Un rond paludier en acoustique a permis de se reposer les oreilles.

Si le chant est en grande partie assuré par Christophe RUNAVOT, sur La Légende de Connor, c’est Dominique LARDIC, le guitariste, qui donnait de la voix. Disco Noz, un pach-pi façon disco, entraînait les danseurs dans un registre plus iconoclaste.

Il est des incontournables sur lesquels le groupe pouvait difficilement faire l’impasse. Le final a ainsi vu passer L’artilleur, morceau de bravoure avec son « lâcher de guitaristes » très attendu, Kanomp ha roulomp atao, Jean-Marie et Méli-Andro.

Le spectacle était parfaitement rodé, les musiciens pleinement aguerris. Il n’empêche que le charme fonctionne toujours et les SONERIEN DU ont fêté leur demi-siècle devant un auditoire entièrement conquis.

Pour beaucoup de personnes, Gaëtan ROUSSEL est l’emblématique chanteur du groupe LOUISE ATTAQUE. Malgré un côté folk prononcé, notamment grâce aux sonorités du violon, le célèbre groupe de rock ne s’est jamais produit au Festival Interceltique.

Même si LOUISE ATTAQUE est toujours en activité, Gaëtan ROUSSEL mène en parallèle une carrière sous son nom et c’est à ce titre qu’il a été convié à participer au FIL 2022.

La soirée s’est déroulée en deux temps. Le premier acte était le pendant scénique d’Aber Roads, l’émission qu’anime Gaëtan ROUSSEL sur France 3 Bretagne. Un artiste, breton ou non, fait découvrir à Gaëtan les lieux qu’il affectionne en Bretagne et chacune des émissions se termine par une session musicale. Le but du concert était de recréer cette cession en conviant des artistes ayant participé à l’émission.

Sobrement accompagnés de Nolwenn ARZEL (harpe), Kevin CAMUS (flûte, cornemuse irlandaise) et Colin ROUSSEL (percussions, machines), se sont ainsi succédés pour un titre en solo et en duo avec Gaëtan, Nolwenn LEROY (J’t’emmène au vent), Dominique A (surprenante et inattendue reprise du tube de Kylie MINOGUE Can’t Get You out of my Head ; Au revoir mon amour), YELLE (Pendant que les champs brûlent de NIAGARA), MIOSSEC (Les Bières aujourd’hui s’ouvrent manuellement en solo et Brest en duo).

Jane BIRKIN ne pouvant être présente, Nolwenn LEROY l’a remplacée en interprétant Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve.

Gaëtan s’est aussi fendu d’une interprétation du poème de l’écrivain Xavier GRALL, Allez dire à la ville.

Il s’agissait là de l’unique représentation de ce concept et malgré son aspect hétéroclite et disparate, cette partie du spectacle fut très plaisante.

Après un entracte, c’est en fendant la foule que Gaëtan ROUSSEL est remonté sur scène en interprétant Est-ce que tu sais afin de rejoindre son groupe (guitare électrique, basse, batterie, clavier).

Puis une fois installé, c’est un tour de chant classique que le chanteur a proposé au public. Il a présenté les chansons de son propre répertoire ou celles qu’il a pu écrire pour d’autres interprètes.

Sans que ce terme ne soit obligatoirement péjoratif, on était là dans ce qu’on appelle le monde de la variété. Gaëtan ROUSSEL savait user de ficelles avec aisance et parfois peut-être un peu trop.

Ainsi, Comme un rendez-vous ou Chaque jour reste le nôtre semblaient interminables et finissaient par ressembler à des chansons de fêtes foraines. Heureusement, Les Matins difficiles, plus calme, et La Colère, qui est une vraie belle chanson, permettaient de contredire les propos précédents.

On a aussi pu entendre des reprises de LOUISE ATTAQUE (Les Nuits parisiennes, Léa, Ton Invitation) pour lesquelles une guitare électrique parfois incisive remplaçait le violon.

C’est avec Help Yourself et, à nouveau, J’t’emmène au vent que le concert a pris fin.

Si l’ensemble pouvait laisser une impression mitigée, on peut y voir malgré tout un côté positif, celui d’avoir attiré au FIL un public qui n’y serait peut-être pas venu.

Cécile CORBEL faisait partie des artistes dont on a pu regretter l’absence lors de la cinquantième édition du FIL. Il faut rappeler que le nombre de sites était alors limité et que les scènes érigées ne correspondaient sans doute pas à l’univers de la harpiste.

C’est donc comme à l’accoutumé au Palais des Congrès et un après-midi que Cécile et ses musiciens ont trouvé place pour un spectacle baptisé Notes.

Un concert de Cécile CORBEL, c’est un moment privilégié où le temps s’arrête, où l’artiste nous conte des histoires tristes ou joyeuses, réelles ou imaginaires, de personnages ayant existé ou non. On peut tout aussi bien côtoyer le mythique roi d’Irlande Brian BORU que la minuscule ARRIÉTY (chanson du film d’animation des studios japonais GHIBLI, Le Petit Monde des chapardeurs) ou encore un petit fantôme. Le public venu en nombre, jeunes ou plus âgés, est resté captivé du début à la fin du spectacle.

 

La Grande Soirée des Asturies

D’ordinaire programmée le lundi soir, la Grande Soirée du pays à l’honneur a cette année été déplacée au jeudi soir. Deux formations étaient conviées pour promouvoir la musique asturienne, HEVIA et son groupe ainsi que LLAN DE CUBEL. Curieusement, c’est donc HEVIA qui a assuré la première partie.

La première venue du sonneur asturien à Lorient remonte à 1988. Depuis, il s’y est produit à plusieurs reprises. Sa dernière prestation remontait à 2017, lorsqu’il était venu présenter son projet cubain.

Cette fois, c’est avec un accompagnement plus classique pour qui le connaît bien (claviers, basse, batterie, percussions) que le musicien a donné sa vision de la musique asturienne. Il a livré un set plus conventionnel explorant les différentes sonorités produites par sa gaïta électronique même si certaines influences sud-américaines se faisaient entendre ça et là. C’est par une superbe interprétation du tube d’HEVIA, Busindre Reel, pour laquelle la Banda de Gaïtas LLACIN a rejoint le groupe, que le concert s’est terminé.

Après ce final tonitruant et un entracte, c’est l’un des groupes phares de la renaissance du folk asturien qui est monté sur scène, LLAN DE CUBEL. Les musiciens venaient présenter le nouvel album La Llus Encesa paru en 2019, vingt ans après le précédent. La prestation était là entièrement acoustique (violon, guitares, flûtes, parfois gaïta, bodhran) pour un voyage entre Asturies et Irlande.

Cette soirée n’a hélas n’a pas été très prisée et l’assistance était en grande partie issue de la délégation asturienne.

Soirée Acadie / Québec

Nos cousins celtes d’outre-Atlantique n’ont pas été oubliés et une soirée réunissant l’Acadie et le Québec a été proposée.

L’Acadie nous avait habituées depuis 2004 à une joyeuse ambiance et en particulier à un pavillon bouillonnant. En 2019 pourtant, il n’en était plus rien et la contribution de la nation était réduite à portion congrue. Cette année, en raison d’une sortie plus tardive du Covid, la participation de l’Acadie était encore limitée. Cela dit, c’est l’une de ses représentantes les plus emblématiques qui a quand même effectué le voyage jusque Lorient, la violoniste Dominique DUPUIS, cinq ans après sa dernière participation. Accompagnée de ses musiciens, Stephen LEBLANC (guitare acoustique, chant), Chris WHEATON (basse) et Danny BOURGEOIS (batterie), Dominique a une fois encore fasciné les spectateurs par sa virtuosité. Soutenu cette fois par une batterie, le répertoire en grande partie instrumentale mais aussi parfois chanté, gagnait en intensité.

Il reste maintenant à espérer que cette incartade acadienne dans la programmation 2022 soit annonciatrice d’un véritable retour pour 2023.

Succédant à Dominique DUPUIS et ses musiciens, le groupe LE VENT DU NORD est lui originaire du Québec. Lors sa précédente venue, en 2018, LE VENT DU NORD s’était associé à une autre formation québécoise DE TEMPS ANTAN pour un projet commun baptisé SOLO.

Sans chercher à faire un faire un jeu de mot douteux, on peut dire que cette fois-ci c’est en solo que le groupe s’est présenté sur la scène de l’Amphi.

LE VENT DU NORD célébrait cette année ses vingt ans, ou plutôt ses vingt printemps, titre de son dernier album. Le quintet proposait des chansons traditionnelles et des compositions originales sur lesquelles les voix harmonieuses se répondaient ou chantaient à l’unisson. Une palette instrumentale variée (guitare, bouzouki, vielle, piano, claviers, accordéon), soutenue par une ardente podorythmie, participait à cette ambiance joyeuse et chaleureuse. Les membres du groupe communiquaient volontiers avec le public et leurs interventions ne manquaient pas d’humour.

En conférence de presse, LE VENT DU NORD a fait remarquer que le Québec ne bénéficiait pas encore d’un pavillon à son nom.

Soirée de l’Irlande

Le pays mis à l’honneur en 2023 a été dévoilé en milieu de Festival. Les festivaliers les plus observateurs et perspicaces pouvaient néanmoins se faire une idée bien avant cette annonce. En effet, la dernière soirée programmée sur la scène de l’Amphi était entièrement dédiée à… l’Irlande.

Deux formations, parmi les plus courues, était à l’affiche, LÚNASA et DERVISH.

Lors de sa dernière venue en 2014, LÚNASA avait joué avec l’orchestre du FIL. Cette fois, c’est avec sa formule plus classique que le groupe se produisait. Le flûtiste étant indisponible, c’est Michael McGOLDRICK, déjà présent sur Lorient et ancien membre, qui le remplaçait.

Même si l’ouvrage demeurait très agréable à écouter, il ne révélait aucune surprise. Les deux formations présentaient une image conventionnelle de la musique irlandaise, entièrement instrumentale et parfois plus interceltique pour LÚNASA ou chantée et recentrée sur l’Irlande pour DERVISH.

En fin de concert, les deux groupes ont d’ailleurs fusionné et, accompagnés de danseuses, ils ont livré un numéro très plaisant et de haute volée.

Le Kleub

Une nouvelle scène a vu le jour place de l’Hôtel de Ville, le Kleub. L’après-midi, la scène remplaçait les traditionnels « Après-midi du folk » qui se déroulaient auparavant au Palais des Congrès. Le soir, le chapiteau était principalement réservé à des groupes et artistes maniant une musique celtique lorgnant vers des styles plus alternatifs (rock, punk, électro) dans le but de séduire et d’amener vers le FIL un public plus jeune.

S’y sont produits des artistes résolument différents, pour certains pratiquant une musique très rock comme les Gallois de ALFA (chantant par ailleurs en langue galloise) ou les Cornouaillais de HANTERNOZ et pour d’autres combinant les musiques traditionnelles avec le rock (les Écossais de BEINN LEE), le punk (les Bretons des RAMONEURS DE MENHIRS, qui effectuaient là leur grand retour au FIL). On a également pu retrouver des groupes qui avaient conquis les festivaliers ces dernières années comme ELEPHANT SESSIONS (Écosse) ou NOON (Bretagne)

En toute fin de séance, tard dans la soirée, avant la fermeture du lieu, ce sont des DJs qui prenaient le relais.

L’une des révélations du Kleub et même du FIL, bien que son spectacle soit quelque peu passé inaperçu auprès d’un large public, fut sans conteste le chanteur asturien Rodrigo CUEVAS.

Il est bien difficile de classer cet artiste dans une catégorie précise et lui-même se dépeint d’ailleurs comme un agitateur folklorique. Visuellement, Rodrigo CUEVAS était habillé tel une « drag queen » et il jouait énormément de son physique sur scène. S’il demeure profondément attaché à la musique et au chant traditionnel de son pays, il en donnait une vision très personnelle. Si un fond traditionnel était évident, il n’était pas exclusif et la musique était apprêtée d’un habillage électro élégant. Rodrigo savait aussi manier l’humour et il s’est d’ailleurs fendu d’une iconoclaste reprise, en français, de Laissez-moi danser de DALIDA.

Celtic Odyssée

Les créations ont toujours été un les marqueurs forts du Festival Interceltique. Pour sa première édition en qualité de Directeur Artistique, Jean-Philippe MAURAS a souhaité frapper fort en initiant une ambitieuse création. Il a demandé au sonneur breton, l’un des maîtres de l’uilleann pipe, la cornemuse irlandaise, Ronan LE BARS, de réfléchir à un projet mettant en avant tous les Pays Celtes. Deux représentations ont eu lieu au Théâtre de Lorient les 12 et 13 août.

Dix-sept chanteurs et chanteuses, musiciens et musiciennes, et non des moindres, qu’il est impossible de citer tous, des huit Nations Celtes Européennes étaient donc réunis autour de Ronan afin de célébrer cette celtitude commune. Le spectacle proposait une balade dans chacun des pays à travers une suite entre chant et musique.

Parmi les moments prenants, on ne pouvait que noter cette reprise de la Gwerz Kiev par Karen MATHESON et Denez PRIGENT (présente sur l’album de Denez Sarac’h et déjà interprétée par les deux artistes) qui évidemment faisait écho à la tragique actualité de l’Ukraine.

Lors du final, tous les protagonistes étaient présents sur la scène pour une longue suite interceltique. Cette création n’est cependant pas figée et est appelée à évoluer. Elle devrait par ailleurs être rejouée et pourrait à nouveau prendre place dans la programmation du FIL 2023.

Le trophée Loïc-Raison 

Le trophée Loïc-Raison a pu se tenir cette année et a été remporté par une formation asturienne, ALGAIRE. Ce quatuor est composé de trois chanteuses et joueuses de panderetas, les percussions traditionnelles, et d’un guitariste avec la collaboration de musiciens additionnels (basse, batterie) qui conférait une couleur pop-rock trad’ à l’ensemble. En tant que lauréat du concours, le groupe devrait en toute logique être à nouveau présent au FIL en 2023.

Article et photos : Didier Le Goff

Lire la seconde partie de l’article en cliquant sur le lien suivant : https://www.rythmes-croises.org/festival-interceltique-de-lorient-2022-annee-des-asturies-seconde-partie-entretien-avec-jean-philippe-mauras-directeur-artistique-du-fil/

Un grand merci à l’agence de communication HEYMAN ASSOCIÉS et en particulier à Sarah, Chloé, Elena et Victoria ainsi qu’à Aude, Manon, Marjorie et Jérôme, bénévoles au Service Presse.

Site du Festival : https://www.festival-interceltique.bzh

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