KAJI : Jeune Étoile du Fest-noz

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KAJI

Jeune Étoile du Fest-noz

Yaouank en breton signifie « jeune ». Le festival du même nom a fêté ses 20 ans en novembre dernier avec en clôture le plus grand fest-noz de Bretagne qui a lieu chaque année de 16h à 6h du matin. C’est en toute logique qu’il a invité le groupe gagnant du Concours Interlycées 2018 à inaugurer cette longue journée festive.

KAJI (prononcez KJ) est formé par trois lycéens de 17 ans originaires du Pays de Redon : Louise HAMON-MÉRAND au chant et au violon, Mattéo BLOYET au violon et Colin CRUEL à la guitare acoustique. Le trio a eu la lourde tâche de chauffer le Hall 5 juste après l’initiation aux danses et s’en est sorti merveilleusement bien avec énergie et légèreté. La voix déjà puissante de Louise impressionne (son père n’est autre que Mathieu HAMON, chanteur charismatique du HAMON MARTIN QUINTET), le violon aérien de Mattéo et la guitare chaleureuse de Colin invitent les danseurs à s’envoler. Leur prestation de 25 minutes a été grandement appréciée des nombreux mélomanes et danseurs présents dans le hall qui leur ont réservé une ovation bien méritée. Certains d’entre eux qui avaient eu l’occasion de les voir en fest-noz durant l’été n’ont pas manqué de souligner les progrès déjà accomplis. Un bel avenir se dessine pour KAJI.

Rencontre avec Louise, Colin et Mattéo avant leur concert à Yaouank.

Depuis combien de temps faites-vous de la musique ?

Colin CRUEL : Je joue de la guitare depuis 7 ans, et en trad avec KAJI depuis notre création en février.

Louise HAMON-MÉRAND : Je joue du violon depuis à peu près 7 ans et je chante depuis un an.

Mattéo BLOYET : Je joue du violon depuis que je suis tout petit, ça doit faire 13 ans à peu près, et je chante aussi depuis un moment mais je m’y suis mis sérieusement en même temps que Louise.

Comment vous-êtes vous rencontrés et et à quelle occasion avez-vous monté le groupe ?

Mattéo : Avec Louise on s’est rencontrés il y a un moment déjà et ça fait trois quatre ans qu’on joue ensemble. On est habitués à jouer ensemble avec d’autres musiciens. Louise m’a motivé pour qu’on participe au concours interlycées. Et on a demandé à Colin de nous rejoindre à la guitare.

Louise : Pour le concours interlycées, il faut au minimum être trois. On était déjà tous les deux et on cherchait des musiciens motivés pour jouer avec nous. On est tous dans le même lycée. On a contacté Colin et on lui a demandé si ça lui ferait plaisir de participer à un concours. Nous avons fait à peine deux mois de répétitions avant le concours et voilà, nous sommes là maintenant aujourd’hui.

Et vous avez gagné ce concours !

Mattéo : On n’avait pas prévu, on venait un peu tâter le terrain la première année.

Colin : On voulait voir comment c’était.

Louise : On voulait pouvoir jouer et partager des choses avec des jeunes de notre âge surtout, parce que c’est un concours pour les jeunes qui ont le même âge que nous, qui sont au lycée, c’était ça qu’on trouvait intéressant en fait.

Quand vous avez gagné, qu’avez-vous pensé ?

Louise : Clairement, le premier truc que je me suis dit, c’est « Waouh, on va jouer à Yaouank ! ».

Colin : Moi je me suis dit « Est-ce que c’est une blague ? ».

Louise : Il ne savait pas où ça allait l’emmener. C’était trop bien parce qu’on s’est dit que ça allait vraiment nous lancer dans le monde de la musique, de ce qu’on voulait faire. C’est ce qu’on a fait tout l’été.

Le concours avait lieu dans votre lycée ?

Louise : Pas du tout. On a fait trois heures de route. C’était au lycée Félix Le Dentec à Lannion. On a gagné le concours en avril et après on a joué tout l’été. Yaouank est la dernière date qu’on a « gagnée » avec le concours.

De quel région vient de votre répertoire ?

Mattéo : On essaie d’axer sur le répertoire de Haute-Bretagne, le répertoire de chez nous. On est du pays de Redon.

Louise : C’est ce qu’on connaît et c’est ce qu’on fait de mieux. C’est ce qu’on sait aussi le mieux danser, donc pour faire danser, on préfère bien connaître le sujet pour l’instant et ne pas se lancer dans des trucs. Et on a transmis ça à Colin.

Colin : C’est ça. Parce que moi, avant de les rencontrer, je ne jouais pas de musique traditionnelle. Je connaissais un peu parce que ma mère en joue et qu’elle est professeure de chant de Louise.

Tu ne t’y étais pas encore intéressé ?

Colin : Non, pas vraiment. J’en entendais depuis un moment mais je ne jouais pas trop ça avant.

Qu’est-ce que tu jouais ?

Colin : Du blues, du rock, du métal, des trucs comme ça. J’ai un groupe plus rock jazz. On ne tourne pas du tout, c’est juste pour jouer de la musique ensemble. Et puis on verra après. Au final, j’ai joué du trad avec eux et ça m’a intéressé.

Louise : Et il est toujours là.

Colin, est-ce que tu mets toutes tes influences dans KAJI ?

Colin : Disons que, comme c’est un peu ma façon de jouer à l’origine, je fais du trad’ mais pas dans les « conventions » du trad’.

Louise : Ça s’entend un peu.

Colin : C’est mon style mélangé à ce qu’on joue. Parfois, c’est un peu difficile.

Louise : En même temps, on a tous les trois des styles hyper différents, du coup ça fait un mélange plutôt sympa, ça marche très bien. Mattéo a un style très trad’ irlandais, Colin plus rock et moi plus trad breton.

Mattéo : Avec Louise, on est allés à la même école du groupement culturel donc on a quand même eu nos bases de traditionnel breton. Après on est allés chacun vers nos racines.

Dans quelles langues chantez-vous ?

Louise : Je chante beaucoup en français parce que c’est ce que je sais faire. Mais avec ma prof de chant, j’ai travaillé sur le breton. Je ne parle pas couramment breton mais je suis capable de chanter en phonétique et je sais ce que je dis parce que je ne chanterai pas quelque chose que je n’ai pas fait traduire. J’alterne, je pose mon violon, je chante. Quand je joue du violon je ne chante pas.

Mattéo : Avec KAJI je chante en français. Je chante en breton dans d’autres formations.

Vos textes sont-ils tous traditionnels ou en écrivez-vous aussi ?

Louise : On ne s’est pas encore lancés dans l’écriture. On a quelques compositions de Mattéo mais pas de textes. Pourquoi pas, mais pas pour l’instant.

Mattéo, dans quel style sont tes compositions musicales ?

Mattéo : Dans la danse, ça reste une structure à danser, mais il y a des influences. Là je suis allé chercher plutôt des gammes orientales pour certains morceaux. C’est encore une fois ce qu’on aime écouter qui nous influence et qui donne une couleur à ce qu’on compose aussi.

Est-ce que vous envisagez faire la Kreiz Breizh Akademi ?

Mattéo : On en a beaucoup entendu parler et j’ai vu pas mal de leurs spectacles. On ne s’est jamais posés la question.

Louise : On commence tout juste, on ne se ferme sur rien. On teste un peu tout pour découvrir, parce qu’à notre âge, on a tous 17 ans, c’est le moment où on se lance et on veut découvrir pour trouver là où on sera le mieux.

Dans votre lycée, est-ce que vos camarades de classe fréquentent les festoù-noz et viennent vous écouter ?

Mattéo : Pas tellement.

Louise : En fait il y a beaucoup de préjugés sur la musique bretonne. Les gens répondent souvent que c’est de la musique de vieux, les galettes-saucisses (rires). Ce sont des préjugés. En fait, tous mes amis que j’ai amenés en fest-noz reviennent tout le temps maintenant avec moi. Parce qu’en fait, il faut juste leur faire découvrir, et une fois qu’ils ont vu que ce n’était pas que pour les vieux, et qu’il n’y avait pas que des vieux et de la bombarde (rires), ils reviennent.

Mattéo : Quand on les fait un peu voyager et qu’on leur fait découvrir des groupes qui sont un peu originaux et qui ne viennent pas forcément à l’esprit de tout le monde quand on parle de musique bretonne, vraiment ils reviennent. J’ai une dizaine de copains qui vont venir parce que je leur ai fait découvrir des groupes différents de ceux qu’on peut avoir dans certains festoù-noz dans le pays de Redon.

Louise : En fait, les gens qui ont des préjugés sur la musique bretonne, souvent n’en ont pas écouté beaucoup ou alors n’ont écouté que Nolwenn LEROY et TRI YANN. On ne les déteste pas, mais ils ne représentent pas l’ensemble de la musique bretonne, ni du fest-noz d’ailleurs.

Quand vous vous produisez en fest-noz y a-t-il beaucoup de jeunes dans le public ?

Louise : Franchement oui, de plus en plus. Et d’ailleurs ça me surprend à chaque fois, surtout quand on part dans le Centre Bretagne ou dans le Trégor, il y a énormément de jeunes. La moitié de la salle, ce sont souvent des jeunes. Ici à Yaouank il y en a énormément aussi. D’ailleurs Yaouank, ça veut dire jeune en breton. C’est vachement bien, il faut continuer comme ça !

Mattéo : Ça dépend aussi des festoù-noz dans lesquels on va. Il y a deux types de festoù-noz : ceux où c’est plutôt « conservateur » avec des groupes et un public assez anciens, et quand on est jeunes et qu’on va dans ces festoù-noz là, je peux comprendre qu’on aie du mal à se trouver une place. Alors qu’il y a des festoù-noz, dans le Trégor par exemple, où tout le monde a sa place.

Louise : Comme le festival Fisel à Rostronen.

Mattéo : Partout où nous sommes allés, c’était incroyable !

Pensez-vous que les musiciens aient besoin de s’ouvrir à d’autres musiques ?

Louise : Pas forcément. La musique bretonne se suffit à elle-même. Souvent dans les groupes, il y a plein de musiques qui se mélangent et c’est super-bien aussi. Même des musiques traditionnelles différentes, parce qu’au final toutes les musiques traditionnelles sont très intéressantes.

Que signifie le nom de votre trio, KAJI ?

Mattéo : Ça ne signifie pas grand-chose, en tout cas pour nous. On l’a trouvé totalement au hasard en manipulant des mots pour trouver un nom.

Louise : On a tourné des mots dans tous les sens et on a trouvé que celui-là sonnait bien.

Colin : On l’a trouvé deux jours avant le concours !

Avez-vous envie d’en faire votre métier ?

Le trio : Oui.

Louise : Maintenant on est bien lancés, donc on se dit que ça pourrait peut-être marcher.

Allez-vous faire un CD ?

Louise : Peut-être un EP.

Mattéo : On va s’y mettre. On attend des informations plus concrètes mais c’est en projet.

Vous avez un répertoire important ?

Louise : On a joué une heure et demie à notre dernier concert. C’était à Erquy en août et on était le seul groupe à passer.

Mattéo : On a débordé un peu.

Louise : Il y avait une bonne ambiance et on a du répertoire. Souvent c’est compliqué quand on a des plus petits temps de passage de se mettre d’accord sur ce qu’on va jouer.

Avez-vous d’autres festoù-noz prévus après Yaouank ?

Louise : Oui, on en a deux au début de l’année prochaine. Un le 5 janvier à Saint-Jean-la-Poterie, c’est à côté de Redon, et un autre le 9 mars à Cavan. C’est le fest-noz des lycéens du Concours Interlycées.

Merci KAJI.

Propos recueillis et photos par Sylvie Hamon
au Festival Yaouank, Parc des Expositions de Rennes le 17 novembre 2018

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