La chanteuse d’airs traditionnels bretons Louise EBREL s’est éteinte dans la nuit du 30 au 31 mars 2020, à l’âge de 87 ans. Elle était connue dans le milieu musical breton pour ses performances en fest-noz, mais aussi à travers ses enregistrements et ses collaborations artistiques très variées avec d’autres acteurs de la scène musicale bretonne, en mode traditionnel comme en mode rock et punk.
Née en 1932 à Treffin, dans ce qui était alors les Côtes-duèNord (aujourd’hui Côtes d’Armor), Louise EBREL avait eu des parents eux-mêmes chanteurs, à savoir Eugénie Goadec (l’une des trois fameuses Sœurs Goadec) et de Job Ebrel. Mais trop impressionnée par la notoriété de sa mère et de ses tantes, elle n’a pas osé chanter en breton pendant ses jeunes années, préférant commencer avec les répertoires d’Edith Piaf, de Mouloudji ou de Luis Mariano.
Le déclic se fera plus tard, alors qu’elle entend la voix de Yann-Fanch Kemener à la radio, qui la poussera à se rendre à son stage de « kan ha diskan » (chant à répondre). C’est ainsi que Louise EBREL s’est tournée vers la chanson traditionnelle bretonne, en s’appropriant notamment tout le répertoire des Soeurs Goadec. C’est en 1973, en pleine renaissance culturelle bretonne, qu’elle se produit pour la première fois sur scène, lors des Fêtes de Cornouaille.
Louise EBREL n’a cessé depuis d’enchaîner les prestations et les rencontres dans le milieu des festoù-noz, chantant a capella ou en duo avec Hervé Villieu, Roland Péron et Ifig Flatrès. Mais c’est une fois en retraite que sa carrière a pris une plus grande tournure, notamment après avoir rencontré le jeune chanteur du Léon Denez Prigent, qui l’invite à chanter en duo avec elle. C’est le début d’une collaboration qui s’est étalée sur dix-sept ans, enchaînant concerts et festivals.
D’autres collaborations notables ont suivi, avec Gilles Servat, Yann-Fanch Kemener, Roland Becker, Dominique Bouchaud, le Bagad Kemper, le Bagad Roňsed-Mor, Ar Re Yaouank, Dremmwel, etc. Au chapitre des collaborations durables de Louise EBREL, il faut aussi mentionner celle qu’elle a entretenu avec le groupe folk-rock-world Red Cardell et, sans doute plus singulièrement encore, avec le groupe punk Les Ramoneurs de Menhirs, avec lesquels elle s’est produite plusieurs fois sur scène, ce qui lui a valu le surnom de « Louise attaque » tant elle « envoyait de l’air » !
Privilégiant la rencontre avec le public, Louise EBREL n’a enregistré que peu de disques, mais qui ont fait date : Gwriziou : chants à danser et mélodies de Bretagne, avec sa mère Eugénie Goadec (alors âgée de 85 ans) en 1994 (Arfolk), Gwerz ha Kan a boz en 1995 (Kerig), Tre Tavrin ha Sant Voran, avec Ifig Flatrès en 2004 (Coop Breizh) et Ma zad ma mamm, avec plusieurs musiciens et de jeunes chanteurs, en 2010 (L’Oz Production).
Louise Ebrel a néanmoins participé à de nombreux autres disques, dont Glazik et Lans de Dremmwel, Sarac’h de Denez Prigent, Naître, Le Banquet de cristal et La Fête au village de Red Cardell, Dañs an Diaoul, Amzer an dispac’h, Tan ar Bobl et Breizh Anok des Ramoneurs de Menhirs, Avais-je rêvé et Le Chant de la mandragore de Pascal Lamour, le premier album éponyme du Celtic Social Club, etc.
C’est peu dire que la vie de Louise EBREL a été un long parcours baigné et pavé par le chant traditionnel, dont elle a entretenu la vitalité et assuré la transmission auprès des jeunes générations. Adieu l’artiste, ta voix continuera de faire écho dans les festoù-noz de toutes sortes…
Stéphane Fougère