Luzmila CARPIO – Kuntur Mallku (The Messenger)
(Accords Croisés)
Originaire d’un petit village des Andes en Bolivie, Luzmila CARPIO fait partie de ces artistes qui consacrent leur vie à rechercher les racines de leur civilisation. Luzmila est descendante des Indiens Quechua, et on se doute combien il est difficile de retrouver aujourd’hui des traces de cette civilisation qui a été autrefois quasi entièrement décimée par les conquistadores espagnols.
Délaissant le « folklore à l’occidentale » qu’on voudrait nous présenter comme la musique traditionnelle des Andes, Luzmila CARPIO fait revivre la tradition des Indiens Quechua par ses enregistrements de mélodies et de chants traditionnels, mais aussi, et surtout, par ses propres compositions, profondément enracinées dans la tradition, et cela depuis ses premiers enregistrements en 1969 en Bolivie.
Luzmila CARPIO est en effet l’auteure de plusieurs disques, dont un paru sur Ocora/Radio France, Chants Quechua de Bolivie, qui portait également pour titre une phrase à méditer, Un peuple qui ne chante pas est un peuple mort (1983, non réédité en CD). Plus récemment (1998), elle a enregistré Arawi, The Spirit of the Andes sur LC Music Division), après avoir participé en 1997 au concert Les Voix de la paix, dont Auvidis a publié un disque.
Luzmila CARPIO possède une voix d’enfant capable de monter dans les aigus les plus purs, se rapprochant parfois des techniques du chant japonais ou chinois. A capella, ou sobrement accompagnée d’un charango, d’une guitare, de flûtes ou par des chœurs de voix de femmes ou d’hommes, Luzmila chante sur Kuntur Mallku des prières dédiées aux divinités, à son peuple, à une femme-médecin, à la nature et au condor, le messager seigneur des montagnes, une berceuse, un chant de procession, des chants de guérison, de fête…
Le moment fort de ce disque est sans nul doute The Language of the Birds (Le Présage des oiseaux), où, a capella, Luzmila CARPIO créé un dialogue dans la langue des oiseaux, qui viennent annoncer la saison des récoltes et imitent les gouttes d’eau qui tombent pour appeler la pluie.
Il est difficile de trouver des mots assez forts pour décrire la beauté et l’émotion qui se dégagent de Kuntur Mallku. On ne peut que vous recommander d’y jeter vos deux oreilles.
Sylvie Hamon
(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°9 – octobre 2001)