Le « collectionneur » de musiques traditionnelles du monde David LEWISTON est mort le 29 mai. Il était surtout connu pour ses enregistrements de terrain parus sur le label américain Nonesuch dans la collection Explorer Series, qui fait figure de pionnière en matière de musiques du monde, avant même que l’expression ne devienne une étiquette marchande.
Entre 1967 et 1984, Explorer Series a fait connaître à travers ses productions des musiques d’Asie, d’Afrique, d’Europe de l’Est, d’Amérique centrale et du Sud, des Caraïbes. Les enregistrements effectués par David LEWISTON et parus sur les disques Music from the Morning of the World (1967), Golden Rain et The Jasmine Isle (1969) ont permis au public américain (et occidental) de se familiariser avec les musiques de gamelan indonésiennes et restent aujourd’hui des albums de référence.
On doit pareillement à David LEWISTON de somptueux enregistrements de rituels tibétains provenant du monastère de Gyütö (célèbre pour ses moines pratiquant de profonds chants de gorge) et consignés dans les LP Tantras Of Gyütö: Mahakala (1973), Tantras Of Gyütö: Sangwa Düpa (1975), The Ritual Orchestra And Chants. À la même époque, il a produit les enregistrements de musiques instrumentales et vocales japonaises de l’Ensemble Nipponia, Shakuhachi, Biwa, Koto, Shamisen (1976) et Kabuki & Other Traditional Music (1980).
L’Amérique du Sud faisait également partie des « focus » de David LEWISTON, comme en témoignent les albums Kingdom Of The Sun (Peru’s Inca Heritage) (1969), et In Praise Of Oxalá And Other Gods / Black Music Of South America (1970). Ses autres enregistrements documentent les richesses musicales du Mexique, de Chine, de la région himalayenne et de l’Inde (le joueur de sarangi Ram Narayan). D’autres captations inédites sont de même parues dans les volumes de la série Transe du label Ellipsis Arts.
Né à Londres en 1929, David LEWISTON avait fait des études de piano, d’harmonie et de direction d’orchestre avant d’étudier la composition avec un fameux disciple de G.I. Gurdjieff, le compositeur Thomas de Hartmann, et c’est auprès de lui qu’il a découvert certaines musiques extra-européennes. Ce n’est que plus tard que David LEWISTON, après avoir travaillé comme journaliste, est revenu dans le monde de la musique et a effectué son premier « field recording » sur l’île de Bali, en 1966.
Reconnu comme un éminent ethnomusicologue, David LEWISTON se définissait davantage comme un « touriste musical », ne cherchant pas à assommer l’auditeur d’analyses trop fouillées. Ses notes de livret restaient simples et courtes, mais offraient des informations essentielles et suffisantes.
Depuis plusieurs années, David LEWISTON vivait sur l’île d’Hawai, à Maui, où il archivait ses enregistrements. Il est mort d’une attaque à l’âge de 88 ans. Ses albums de captations de terrain ont été réédités plusieurs fois en LP et en CD et demeurent des sources importantes pour tout amateur de musiques du monde.