Robert TREE CODY : À la croisée des flûtes amérindiennes

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Robert TREE CODY

À la croisée des flûtes amérindiennes

Originaire des tribus Dakota et Pima Maricopa (Arizona), Robert TREE CODY est un conteur apprécié dans de nombreuses réserves des États-Unis et du Canada, ainsi que dans les musées, écoles et universités américaines. Il est également connu comme danseur dans le circuit des pow-wows et comme chanteur et flûtiste puisqu’il a déjà réalisé huit albums pour la fameuse maison de disques amérindienne Canyon Records. Il était temps pour RYTHMES CROISÉS / ETHNOTEMPOS de réaliser une rétrospective de sa carrière musicale.


Avec ses quatre premiers albums, Traditional Flute music of the Native AmericanLullabies & other Flute Songs (uniquement sortis en cassettes aux États-Unis chez Canyon Records), Young Eagle’s Flight (1991) et Dreams from the Grandfather (1993), Robert TREE CODY explore à la flûte de cèdre solo les différents aspects des cultures musicales amérindiennes en proposant des chants, danses et berceuses traditionnelles de nombreuses tribus (Maricopa, Dakota, mais également Zuni, Cherokee, Assiniboine, Hopi…), et des morceaux de sa composition.

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Puis Robert est invité à jouer sur la bande originale d’un CD-Rom consacré aux musées (Grandeur : The American Southwest), réalisé par le claviériste, compositeur et concepteur de produits multimédias américain Rob WALLACE.

La collaboration entre les deux artistes s’avère fructueuse et ils réalisent ensemble l’album White Buffalo, auquel participent le percussionniste Will CLIPMAN et la femme de Robert, Marlène CODY, au chant sur un morceau. C’est bien entendu la flûte qui est mise à l’honneur, les synthés étant présents uniquement pour créer des nappes discrètes et les percussions renforçant l’atmosphère paisible et sereine qui règne sur la totalité des morceaux sans jamais la troubler, même sur l’improvisation rythmée Chockecherry Jam où Will accompagne ses collègues au djembé. Robert interprète également plusieurs chants sur cet album. Les compositions ne sont plus inspirées uniquement par les cultures amérindiennes de l’Amérique du Nord et Robert TREE CODY réalise ici deux magnifiques pièces, l’une, Rain Forest Spirit, dédiée aux peuples d’Amérique centrale et du Brésil, l’autre, Brother Quetzaqualt, danse inspirée des civilisations anciennes du Mexique.

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Rob WALLACE et Robert TREE CODY poursuivent leur aventure et enregistrent en 1998 l’album Maze, toujours accompagnés de Marlène CODY, plus présente, ainsi que de chanteurs invités : Jim LUCERO (de la nation Hopi), Jones BENALLY (Navajo), Freda GOCLANEY & SINGERS OF THE WHITE MOUNTAIN (Apache), Norbert CORONADO & Family (Yaqui). Les percussions sont tenues cette fois par Tony REDHOUSE de la nation Navajo (du groupe de jazz REDHOUSE FAMILY). Malgré des claviers beaucoup plus présents, l’album abandonne le côté « new age » de White Buffalo pour des couleurs plus ethniques, marquées par des percussions dont les rythmes empruntent à l’Afrique (Wind et Spirit Runners), davantage de chants et un mixage plus relevé qui écarte l’idée de favoriser la flûte et de laisser un simple rôle d' »accompagnateurs » aux autres instruments. Marlène CODY interprète une berceuse du peuple O’odham (O’odham Lullaby), descendants de colons irlandais dont ils ont conservé notamment le fiddle dans leur musique traditionnelle, d’où un aspect « occidental » tout à fait naturel.

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En 1999, Robert TREE CODY participe à l’album des jazzmen Russ FREEMAN and the RIPPINGTONS, Topaz (sorti chez Windham Hill Jazz, label surtout connu pour ses artistes new-age), album de jazz-fusion mêlant instruments électriques, influences latino-américaines, et flûte de cèdre par endroits.

Toujours en 1999, notre flûtiste réalise avec le guitariste Ruben ROMERO, en compagnie de Tony REDHOUSE (percussions) et John MURRAY (basse) l’album Native Flamenco, digne successeur du Flamenco Fantasia de ROMERO & Lydia TOREA sorti également chez Canyon Records, qui s’ouvre peu à peu à d’autres styles, dont le « nouveau flamenco ».

Un solo de flûte ouvre cet album sur un air typiquement espagnol, la guitare et les percussions le rejoignant bientôt pour une rumba vertigineuse, suivie par une rumba lente puis diverses danses où flûte et guitare flamenca excellent en une symbiose parfaite, pour mener à des influences plus tournées vers l’Amérique (Desert Fiesta, une « native rumba » étonnante, et Farewell, un air pour flûte solo) et, enfin, directement en Espagne avec la célèbre suite du Concierto de Aranjuez (de Joaquim RODRIGO) sur lequel la flûte s’efface pour laisser la place à des invités espagnols aux guitares, palmas, basse, percussions et claviers. Un remarquable album de fusion.

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En 2000, Robert TREE CODY poursuit son œuvre avec un artiste mexicain (Huichol), Xavier QUIJAS YXAYOTL. Ce dernier, après avoir vécu longtemps retiré dans les montagnes avec son peuple, recrée maintenant pour les musées toutes sortes d’instruments anciens précolombiens mayas et aztèques dont il joue parfaitement. Avec Tonanzin CARMELO et Juan AYALA aux percussions et tambours, Robert TREE CODY et Xavier QUIJAS YXAYOTL nous livrent un album, Crossroads, d’une rare beauté et rempli d’émotions.

S’accompagnant de leur voix et d’une trentaine d’instruments (dont l’impressionnante « flûte des morts »), tous acoustiques et anciens, les quatre musiciens nous mènent dès l’ouverture, la majestueuse Dance of the Sunset Feathers, à un état de transe tel que peu d’artistes sont capables de provoquer ; on pense bien bien sûr aux concerts-cérémoniels de Jorge REYES, notamment pour la Procession of the Jaguar Kings… Au fur et à mesure des improvisations, la « cérémonie » qui se déroule avec ses déclamations et ses nombreuses percussions nous envoûte et nous replonge plusieurs siècles en arrière, et l’on croit apercevoir dans le noir autour d’un feu, les danseurs, les plumes, les objets sacrés…

Qu’il est difficile, après une telle extase, de retourner à notre monde moderne ! Ces musiques de transe autrefois interdites par les blancs, qui les accusait d’être « sauvages », révèlent pourtant toute la beauté que devrait avoir l’âme humaine, en harmonie avec elle-même et avec la nature.

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Au vu de son parcours discographique, on aura compris que Robert TREE CODY n’est pas du genre à se contenter de réaliser des albums de flûte solo, si enchanteurs soient-ils. Il est aussi un artiste attiré par les rencontres et les dialogues. Néanmoins, il aime privilégier les ambiances intimistes, et c’est encore le cas pour l’album Reflections, paru chez Canyon records en 2003, et réalisé avec une jeune flûtiste de la tribu Shoshone, Hovia EDWARDS, découverte avec son album solo Morning Star sur Canyon Records en 1998.

Les deux flûtistes présentent sur Reflections un répertoire qu’ils ont entièrement composé. Ils alternent les jeux en solo et en duo, et l’on retrouve avec plaisir une interprétation en duo du morceau Maze, tiré de l’album éponyme (voir plus haut), qui avait valu à TREE CODY un Native American Music Award en 1999.

Sur quelques trop rares morceaux, Robert TREE CODY accompagne Hovia EDWARDS de ses tambours, et les deux artistes oublient parfois leurs flûtes pour quelques chants si agréables et chargés d’émotion qu’on en redemande. Voilà une bien belle connivence artistique et culturelle.

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Réalisé par Sylvie Hamon
(Article original paru dans
ETHNOTEMPOS n° 7 – novembre 2000,
augmenté de la chronique du CD
Reflections, parue dans
ETHNOTEMPOS n°13 – septembre 2003)

Label : www.canyonrecords.com

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