Titi ROBIN – Les Rives
(Naïve)
À l’origine, le compositeur, guitariste, bouzoukiste et oudiste Thierry « Titi » ROBIN avait enregistré trois disques en hommage à trois aires culturelles qui l’ont beaucoup marqué. Chacun de ces disques était destiné à un marché local : l’Inde pour Laal Asman, le Maroc pour Likaat et la Turquie pour Gül Yapraklari. Chaque disque avait du reste été produit par une maison de disques locale. Puis les trois disques ont été réunis dans un même coffret en vue d’une distribution internationale. Plus encore qu’un triple album, Les Rives sont l’œuvre magnifique, émouvante et forte que vient d’accomplir Titi ROBIN. Et gigantesque aussi ! Car enregistrer tour à tour le meilleur de la musique traditionnelle du Maroc, de la Turquie et du Nord de l’Inde et en faire une œuvre équilibrée, sans faille et accessible à tous fut un travail immense et à la fois long et de tous les instants. Seul un amoureux déterminé et très connaisseur pouvait entreprendre et réussir un tel exploit.
Mais pour Titi ROBIN cela coulait de source si j’ose dire. Car ce musicien a toujours navigué entre musique occidentale, orientale et tzigane. Il était donc normal, évident même, que Titi ROBIN en viendrait un jour à s’intéresser à l’origine de toutes ces musiques du monde dans lesquelles il a toujours baigné. Il aurait pu se contenter d’un bel hommage sous la forme d’un carnet de voyage musical. Sauf que cela prend ici l’ampleur d’un triple fleuve d’harmonies et de rythmes. Ce n’est plus un voyage, c’est une plongée, une exploration, une rencontre avec les trois contrées visitées. On en revient émerveillé, fasciné et rêveur.
Et on comprend pourquoi Titi ROBIN a mis tant de cœur et d’efforts dans son projet : au-delà même de la musique, c’est une invitation au respect, au rapprochement et à la fraternité entre les peuples. Et le message passe, et d’autant mieux que Titi ROBIN nous immerge dans ce que les peuples ont de plus beau et de plus profond à offrir et à partager, leur tradition musicale. Ici on touche à l’universel, car tout le monde est touché ou peut être touché par la musique.
La beauté musicale n’a ni langue ni frontière. Elle est compréhensible par tous sans restriction ni barrière. C’est le monde même dans lequel vit continuellement Titi ROBIN et dans lequel il nous invite, pour un instant ou pour toujours. Autant dire qu’il s’agit là de l’œuvre d’une vie, quelque chose qui n’a pu naître et se bâtir que dans la durée et la constance.
Il y aurait tant à écrire sur Les Rives, pas une brève chronique comme ici mais un livre, qui sera peut-être un jour écrit. Toutefois, il faut surtout écouter et ré-écouter ce triple album. Pas seulement pour sa splendeur, sa richesse et l’émotion intense qui s’en dégage. Mais pour approfondir sans cesse son amour pour autrui, cet être qu’on ne connaît pas et dont on peut se méfier parfois mais qui peut à chaque instant nous éblouir par son art musical, poétique, pictural ou autre.
En un mot comme en mille, Les Rives sont une œuvre considérable, indispensable, admirable et par-dessus tout salutaire.
Frédéric Gerchambeau
Site : www.titirobin.com
(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS en 2011)