To Meet THE RESIDENTS, Go to Bourges

174 vues

To Meet THE RESIDENTS, Go to Bourges

Bourges, sa cathédrale gothique, son festival printanier, ses Forestines, et… niché au cœur d’une intrigante friche culturelle, son centre d’art contemporain. C’est ici, répartie sur les trois niveaux de ce bâtiment, que l’exposition rétrospective consacrée aux RESIDENTS se déploie.

Pourquoi les RESIDENTS dans la capitale du Berry ?

La réponse est simple : pourquoi pas ?

Bourges donc, 68 354 résidents et, depuis le 21 avril 2019, 4 de plus. Les vrais, ceux de San Francisco.

À l’origine de ce projet inattendu mais bienvenu, Isabelle CARLIER, responsable de Bandits-Mages, association dédiée à l’art vidéo. C’est d’ailleurs grâce à ce médium que la connexion entre le groupe californien et l’association berruyère s’établie, via John SANBORN, pionnier de cette forme art et collaborateur régulier des Residents (le « documentaire » The Eyes Scream notamment).

L’image vidéo est d’ailleurs très présente dans l’exposition, sous différentes formes : projetée ou diffusée sur des écrans de toutes tailles (du grand au minuscule), sur du tissu tendu, dans une salle de projection… Des premières images expérimentales de la période San Mateo / Sycamore Street (1971 / 1972) aux captations de shows plus récents, en passant par le séminal Whatever Happened to Vileness Fats?, l’immersion audiovisuelle est totale.

Les murs des deux étages accueillent des photos, des affiches de concerts et des collages originaux. Des livres (le tirage limité du fameux Cryptic Guide de 1986), des articles, des comics (le très recherché The Comix of Two Cities de 1982) et quelques pochettes de disques permettent au visiteur novice d’appréhender l’importance du graphisme dans l’œuvre du groupe. Réalisées par la mystérieuse entité Pore No Graphics, la cellule graphique du label Ralph Records (et pour laquelle il existe plusieurs graphies), ces œuvres ont forgé l’identité visuelle des RESIDENTS en lui accordant, dès le début (1972), une importance équivalente à celle de la musique.

Mais la pièce maîtresse (sans jeu de mot) de l’exposition, est la reconstitution à l’identique de la mystérieuse « secret room » de The Bunny Boy. Cette chambre, devenue culte pour les amateurs du groupe, fut le décor d’une web-série de 66 épisodes dans laquelle un personnage, Bunny, tentait de retrouver son frère Harvey disparu sur l’île de Patmos. Les épisodes étaient diffusés sur Youtube et les internautes-spectateurs pouvaient interagir en envoyant des emails à Bunny. Ces messages permettaient à l’histoire de se développer.

Ce projet de 2008 a été décliné en albums (The Bunny Boy et Postcards From Patmos) et en DVD (Is Anybody Out There? The Sweet Sad Saga Of The Bunny Boy). Il connait donc une suite, 10 ans plus tard, avec cette impressionnante installation visible uniquement du dessus car, bien entendu, seul Bunny est habilité à entrer dans son faux-terrier. Ce parti pris scénographique (observer la pièce d’en haut) est d’ailleurs un souhait des RESIDENTS eux-mêmes. « Eyeball on the cake », un livre (The Bunny Boy Emails), regroupant une sélection des messages échangés entre Bunny et son public a été édité (en tirage limité et numéroté) à l’occasion de l’exposition. Enfin, il se murmure que des nouveaux épisodes de la série auraient été tournés et que les sorcières du Berry seraient au centre de certains rebondissements…

Ce n’est pas la première fois que la France célèbre les RESIDENTS. En 1991, une première exposition avait été organisée à Sens (Yonne) par Patrick PINCOT, producteur et animateur de la mythique émission de radio La Nuit des sauriens.

Mais à Bourges, les RESIDENTS se sont personnellement impliqués dans les différentes étapes du projet en sélectionnant les œuvres avec Bandits-Mages, en envoyant Homer FLYNN, leur émissaire historique et porte-parole officiel, superviser l’installation et en interprétant, sur place, un show inédit qui fera date : une déclinaison live de l’album God in Three Persons (1988) avec la participation active des étudiants de l’école des beaux-arts locale, par ailleurs impliqués dans la réalisation de l’exposition.

San Francisco / Bourges, jumelage artistique réussi.

Article et Photos : Philippe Perreaudin

Bandits-Mages présente THE RESIDENTS, exposition rétrospective du 21 avril au 2 juin 2019

Transpalette, Centre d’art contemporain
26 Route de la Chapelle, 18000 Bourges

 

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.