FAMILHA ARTÚS – Òrb

82 vues

FAMILHA ARTÚS – Òrb
(Collectif Ça-i / L’Autre Distribution)

Que de chemin parcouru par FAMILHA ARTUS, inventeur du Cosmotrad, depuis l’enregistrement de son premier album, Òmi, sorti sur le label Modal en 2003 ! Le groupe revient quatre ans après avec un nouvel album, Òrb, produit par le Collectif Ça-i, formé à Pau en 2005 par des artistes de la région pour développer leurs projets et les diffuser.

Pendant tout ce temps, FAMILHA ARTUS a mûri grâce à la scène et quelques changements de personnel : PAIRBON (Roman COLAUTTI), qui assure les basses et percussions, Roman BAUDOIN à la vielle alto, et Matèu BAUDOIN qui a abandonné les effets pour se consacrer (seulement !) au chant, au baishon et aux flûtes, sont désormais entourés de Tomàs BAUDOIN au chant, à la boha, aux guimbardes, flûtes et bambous et de DRÜCPA DRACOUS (Francès DUMEAUX) au dispositif électroacoustique. Cette formation permet au groupe une plus grande liberté dans les sons et les effets, qu’il use sans modération pour inventer cette fois une « musique radicale de Gascogne ».

Dès le premier titre, Hilhas n’aimatz pas tant los amis, souvent jouée sur scène, les effets électroniques s’imposent et le son s’affirme plus électrique qu’auparavant. La vielle a profité d’une incursion rock dans le groupe ZAAR (très inspiré de MAGMA et de KING CRIMSON, entre autres) pour jouer comme une guitare électrique et affirmer son penchant au délire. COSIA (Roman BAUDOIN) est vraiment le HENDRIX de la vielle ! Mais il n’évince pas pour autant le talent de ses complices, tous multi-instrumentistes. Les deux chanteurs traditionnels, aux timbres de voix assez proches, laissent volontiers la part belle à des parties instrumentales qu’ils ornent volontiers de leurs flûtes, cornemuses ou guimbardes.

YouTube player

Chaque musicien excelle à jouer, à changer d’instrument à plusieurs reprises dans un même morceau pour en extraire toute la saveur. Il n’est pas surprenant, par exemple sur Pater deu lop, d’entendre une mélodie jouée avec la flabuta (petite flûte traditionnelle à trois trous) s’imposer au milieu d’une rythmique plutôt heavy métal ! Et le groupe ne se prive pas non plus de quelques hommages à KING CRIMSON. DRÜCPA DRACOUS avec ses effets, très travaillés et davantage présents que sur le premier album, propulse des sons étranges, des voix, des nappes, des rythmes, des ambiances diversifiées, et apporte une couleur toute particulière à la musique.

YouTube player

FAMILHA ARTUS a véritablement inventé une nouvelle musique inclassable malgré ses racines traditionnelles, radicale certes mais passionnante, et dont l’énergie pourrait sans peine rivaliser avec les plus grandes stars sur les scènes internationales. Òrb, qui a bénéficié de la direction artistique de Françis MOUNIER (L’OCCIDENTALE DE FANFARE), possède de plus une production parfaite et un son imposant.

FAMILHA ARTUS nous offre incontestablement l’un des albums les plus créatifs, aboutis et captivants de ce début de siècle. Tout y est original, même la pochette, qui existe sous deux formes : celle s’ouvrant en deux volets, destinée à la vente dans les boutiques, et une version trois volets « collector » tirée à 1 000 exemplaires, vendue sur les lieux de concert.

Si ce Cosmotrad radical de Gascogne n’existait pas, il n’y aurait que la FAMILHA ARTUS pour l’inventer !

Sylvie Hamon

Site : https://artusrock.bandcamp.com/
Label : https://pagans.bandcamp.com/

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°36 – octobre/novembre 2007)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.