Hadzas, Bushmen de Tanzanie

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Hadzas, Bushmen de Tanzanie
(Buda Musique)

De la Tanzanie (ex-Tanganika), pays entouré par le Kenya et le Mozambique, on ne présente en général que le célèbre Mont Kilimanjaro. Les musiques de Tanzanie sont peu connues, à l’inverse de celles du Mali par exemple, dont les bacs des disquaires ne manquent pas en général. Pourtant, la Tanzanie compte un « ambassadeur » musical en la personne de Hukwe ZAWOSE, originaire du centre du pays, qui a déjà réalisé deux disques chez Real World, et de nombreux enregistrements existent, en particulier issus des collectages de David FANSHAWE dans les années 1960 et 970 (Musique rituelle et sorcellerie, Kenya et Tanzanie ; Musiques de cérémonies Ouganda, Kenya et Tanzanie).

Buda Musique nous présente dans sa précieuse collection Musique du monde ce double album comprenant des enregistrements effectués de décembre 1999 à mars 2000 dans la tribu des Hadzas, l’une des dernières civilisations de chasseurs-cueilleurs, vivant au Nord de la Tanzanie, près du bassin du lac Eyasi, et dont le mode de vie est fortement menacé de disparition. Les Hadzas vivent en groupes d’environ 25 personnes dans des huttes, à l’écart des autres tribus. Le chant est très présent dans la vie quotidienne, et les instruments de musique sont rudimentaires : la malimba (lamellophone) est fabriquée par les forgerons des tribus voisines, mais les Bushmen confectionnent en revanche les zézés, arcs à une corde joués avec un archet.

Le premier CD réunit des Musiques de jour, qui ponctuent les moments de repos des Hadzas. Ces intermèdes musicaux sont aussi bien des chants a capella, des duos chant/ zézé ou chant/malimba, que des discussions entre membres de la tribu. Le public est proche et peut intervenir, et les éléments de la nature (feu, oiseaux…) font partie intégrante de la musique des Hadza. Le final, un chant autour du feu en début de soirée pendant la préparation du repas, sert en quelque sorte de lien au disque suivant.

Le second CD, Musiques de nuit sans lune, est consacré à la danse « épémé », cérémonie dédiée aux ancêtres, enregistrée dans l’obscurité totale, qui a lieu à chaque nuit sans lune. Ce sont les femmes qui chantent tandis que les hommes dansent, avec une plume d’autruche dans les cheveux et des clochettes aux chevilles. Les enfants n’y participent pas, bien qu’on ait l’impression souvent d’entendre leurs voix ; les chants polyphoniques des femmes ressemblent étrangement à des chants d’enfants. Les Hadzas ont beau vivre reculés, ils fréquentent d’autres tribus et certains consomment de l’alcool. Le livret de ce double album, très bien documenté, précise que  tout le monde a bien bu »… Au cours des chants, on peut entendre des dialogues, les sifflements des hommes et des pas de danses.

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Les enregistrements, effectués par Laurent JEANNEAU, compositeur de musiques électroniques exilé depuis une dizaine d’années en Afrique, en Amérique et en Asie du Sud-Est et réalisateur de nombreux « field recordings » sous le nom KINK GONG, sont restitués à la perfection, et le résultat donne véritablement l’impression d’être sur place à partager la vie de la tribu.

Sylvie Hamon

Label : https://www.budamusique.com/

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°14 – mars 2004)

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