HEART OF THE DRAGON ENSEMBLE – Chinese New Years Music
(ARC Music/DOM)
Célébré environ un mois et demi après le Jour de l’an « occidental », le Nouvel An chinois – que l’on appelle aussi « fête du printemps » – est traditionnellement l’occasion de réjouissances et spectacles haut en couleurs pouvant s’étaler sur une quinzaine de jours. La musique y tient évidemment une grande place. Que ce soit dans les différentes régions de Chine, à Hong Kong ou à Taiwan, des mélodies populaires et traditionnelles sont jouées spécialement pour cette occasion. L’ensemble HEART OF THE DRAGON (Cœur de dragon), qui nous avait déjà gratifié d’un fort sympathique album sur ARC Music en 2005 (Classical Folk Music from China), se joint ici à l’Orchestre national de musique traditionnelle de Pékin pour nous livrer quelques-uns de ces thèmes festifs et printaniers parmi les plus marquants.
Des pièces traditionnelles alternent avec des compositions du directeur de l’ensemble, Jiang LI. De la « danse du lion », qui annonce le début des festivités à la « fête aux lampions », qui en marque l’apothéose finale, les célébrations du Nouvel An se traduisent évidemment par un répertoire aux thèmes vifs et enjoués et aux changements de rythmes grisants et jubilatoires.
L’ensemble HEART OF THE DRAGON fait étalage une fois encore d’une palette instrumentale profuse, avec trompette chinoise « suona », tympanon « yangchin », flûte « dizi », harpe-cithare « guzheng », violons « erhu » et « banhu », ainsi qu’un bel assortiment de luths (« pipa », « yue qin », « liu qin », « daruan »), auxquels s’ajoutent – climat festif oblige – le tambour « tanggu », le gros tambour « dagu », et des cymbales qui font un barouf monumental, tels des feux d’artifice qui font trembler la nuit, mais n’empêchent pas l’inclusion de séquences plus délicates et nuancées.
Allégresse, gaieté et dynamisme dominent cependant le propos musical de ce disque, qui prend accessoirement l’allure d’une joviale bande originale de film chinois telle qu’on peut aisément se l’imaginer…
D’après une légende chinoise, tout ce tapage nocturne teinté de rouge ardent est censé faire fuir un monstre mangeur d’hommes, le « Nian », qui descend parfois de ses hauts plateaux pour aller dévorer les villageois. Fort heureusement pour ces derniers, le Nian ne goûte guère le cocktail musique puissante/pétards/drapeaux et costumes rouges. Si d’aventure l’idée lui prenait de revenir à un nouvel an, vous pourrez toujours lui jouer ce CD en guise de repoussoir.
Stéphane Fougère
Label : www.arcmusic.co.uk
(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°30 -mars 2007)