Peter CUSACK : Un homme de « terrains » sonores

199 vues

Peter CUSACK

Un homme de « terrains » sonores

Échantillonner (ou sampler) des instruments, des voix, voire des extraits musicaux plus ou moins connus, est devenu si courant que l’on ne s’étonne plus des nombreuses compositions qui ont recours à ce moyen. Mais moins courants sont les artistes dont les compositions sont entièrement ou presque fondées sur cette pratique. Ces capteurs de sons environnementaux transforment l’enregistrement de terrain et l’échantillonnage en une matière sonore et musicale qui poussent l’auditeur à reconsidérer son rapport au son, au bruit, à les écouter plutôt qu’à les entendre. Peter CUSACK est l’un de ces artistes sonores dont l’œuvre sous-tend une réflexion sur le sens du son et incite à écouter le monde autrement.

Connu pour avoir été l’un des membres fondateurs du groupe ALTERATIONS (que Fred FRITH avait surnommé « les BEATLES de la musique improvisée »), l’instigateur de KAHONDO STYLE et pour avoir introduit le bouzouki dans le monde de l’avant-garde musicale londonienne, Peter CUSACK a développé une passion pour le son environnemental. Ses recherches l’ont amené à s’interroger sur le rôle du son dans notre perception d’un environnement. Il est ainsi devenu un spécialiste du « field recording » (enregistrement de terrain) et de l’ « écologie acoustique », et enseigne le design et l’art sonores au College of Communication, à Londres.

En tant qu’artiste sonore, Peter CUSACK a réalisé plusieurs disques, dont certains avec Max EASTLEY, David TOOP, Clive BELL ou Viv CORRINGHAM. Nous vous proposons d’en faire une exploration sélective avec ceux parus sur le label créé par Chris CUTLER, ReR Megacorp. Ces derniers comptent en effet parmi les plus représentatifs de sa démarche et constituent une introduction idéale à son travail.

Where is The Green Parrot ?
(ReR Megacorp PC1, 1999)

Where is the Green Parrot ?, sous-titré Pieces, Recordings & In Betweens, est le premier album de Peter CUSACK paru sur ReR Megacorp, en 1999. Pour le réaliser, Peter CUSACK a choisi de mettre en vis-à-vis des sons de territoires exotiques et de zones urbaines connues de tous, que l’on fréquente tous les jours ou presque. Nos oreilles sont bien sûr familiarisées de ces sons de la vie de tous les jours, au point qu’on n’y fait plus attention, mais ils prennent ici une autre valeur en tant qu’éléments de composition. Il ne s’agit pas exactement d’un document « audio-vérité », puisque Peter CUSACK a ici et là retraité ces sons, ajouté des fragments électroniques ou des samples et de subtiles et rêveuses phrases jouées au bouzouki ou à la guitare, de manière à engendrer de vraies compositions sonores.

Dans une première partie au titre éponyme à l’album, c’est à la nature qu’il est fait hommage, avec des morceaux composés de samples de cris d’animaux, de chants d’oiseaux (dont une alouette des bois, une espèce menacée, des mouettes – dont une une mouette tridactyle – un petit pingouin, des guillemots), de canards ainsi que d’un safari en Afrique, sans oublier le son du bouzouki et d’une guitare acoustique. Peter CUSACK présente cette partie comme un essai d’ « ornithologie sociale », proposant un point de vue auditif sur certaines attitudes qu’adoptent les humains envers les autres espèces.

Dans la deuxième partie qui nous ramène dans la civilisation urbaine, Two Small Boys Go Shopping, Peter CUSACK et son fils font tout simplement leurs courses dans le nord de Londres et l’on peut assister à la visite d’un magasin de jouets et d’une boutique d’instruments de musique où Peter essaie une guitare en jouant quelques notes de Stairway to Heaven

Dans la troisième partie, non titrée, on fait grincer le métal d’une passerelle, on entend une parade nuptiale d’engoulevents au chant style « radar », on perçoit les sons réverbérés de gamins jouant dans un tunnel, on fait résonner des sirènes d’alarme dans le lointain et, en guise de générique de fin, le vent balaye les dernières feuilles mortes de Norfolk !

Where is the Green Parrot ? peut s’écouter comme un documentaire sonique sur l’homme et sur l’animal dans leurs environnements respectifs. Défiant les catégories stylistiques usuelles, ce recueil de captations plus ou moins trafiquées se révèle une curiosité de premier ordre qui tire sa force des contrastes offerts par ses différents tableaux sonores

YouTube player
Baikal Ice (Spring 2003)
(ReR Megacorp PC2, 2004)

Pour son second CD sur ReR, Baikal Ice (paru en 2004), Peter CUSACK a compilé plusieurs enregistrements de sons provoqués par la fonte des glaces (épaisses denviron un mètre) de lautomne au printemps autour et dans ce fabuleux trou d’eau sibérien de quelque 600 kilomètres de long qu’est le lac Baikal, réputé pour être le plus vieux et le plus profond lac contenant 1/5e de l’eau fraîche de la Terre.

Le micro planté sous la glace, il a capté une fascinante palette de bruitages que lon jurerait parfois issus dune expérimentation électro-acoustique micro-tonale : craquements de blocs de glace, flottaisons de glaçons emportés par les vagues et mini-avalanches subaquatiques forment un kaléidoscope spontané de volutes sonores, ponctué par endroits de violents breaks percussifs.

Le son circulant particulièrement bien sous la glace, les prises de sons sous-marines de CUSACK ont capté également le moteur dun ferry, le passage du chemin de fer transsibérien à dix kilomètres… ou encore la chute malencontreuse dun employé des télécommunications dans la glace à plusieurs centaines de mètres du micro !

Dautres enregistrements de terrain, mais en surface, complètent ce CD : des chants de mouettes et autres volatiles matinaux, des frappes percussives sur les disques métalliques dune fontaine cassée, le grondement dun générateur électrique, le chant dune fillette dans le train, des aboiements de chiens, bref autant de signes de vie captés dans linstant et livrés au bon vouloir du hasard, de limprévisibilité, comme lorsque Peter CUSACK, parti pour enregistrer un chant doiseau, capte finalement les bruits de gamins du village jouant avec un haut-parleur…

Lintérêt de ce disque dépasse cependant le simple cadre ethno-géo-musicologique, il est une splendide expérience sonore à lui seul, envoûtante pour la rareté de ces sons subaquatiques, et souriante dans ses captations dincidences naturelles ou humaines. Baikal Ice est conseillé pour procéder au dégel des oreilles.

YouTube player
Sounds from Dangerous Places
(ReR Megacorp PC3&4, 2012)

Pendant plusieurs années, l’attention de Peter CUSACK s’est portée sur les sons provenant des « lieux dangereux » de la planète, c’est-à-dire des territoires affectés par des problèmes écologiques majeurs. Il a ainsi traîné ses micros et ses appareils photos dans des zones touchées par la pollution due à l’exploitation pétrolière ou par une catastrophe nucléaire.

Sounds from Dangerous Places prend la forme d’un petit ouvrage (plus grand qu’un livre de poche quand même) accompagné par 2 CD. Les 80 pages du livre comprennent un essai de Peter CUSACK et des commentaires détaillés sur quasiment chacun des 76 extraits sonores indexés dans les CD, ainsi que de nombreuses photos. Ces dernières, de même que les enregistrements, ont déjà fait l’objet d’installations sonores et visuelles assez saisissantes. Avec ce Livre-2CD, chacun peut désormais faire l’expérience, dans un contexte domestique, de ce journalisme sonique qui porte une interrogation cruciale, exprimée par Peter CUSACK en ces termes : « Que pouvons-nous apprendre en écoutant les sons de lieux dangereux ? »

Le CD 1 est entièrement consacré à des prises de son effectuées en Ukraine, dans et aux alentours de la zone d’exclusion de Tchernobyl, rendue tristement célèbre par la catastrophe survenue dans sa centrale nucléaire en 1986, et dont le nuage radioactif a grandement contaminé l’environnement et entraîné le décès d’au moins 4000 personnes.

Si le field recording est un art musical, Peter CUSACK a réalisé la parfaite illustration de la musique radioactive, puisque les principaux instruments entendus sont des radiomètres chargés de mesurer les flux électromagnétiques, des câbles électriques, des travaux sur le fameux sarcophage (la structure d’acier recouvrant les ruines du bâtiment du réacteur détruit)…

Tous font entendre la bande-son d’un espace post-apocalyptique d’où toute présence humaine semble avoir été bannie. Ce n’est pourtant pas le cas, puisque des sons de machines à laver et de camions et des crépitements de feux de bois rappellent que la vie continue pour de nombreuses personnes des villages voisins (Pripyat, Samosel…) qui n’ont pas pu ou voulu quitter le territoire. 

Cela dit, le son du vent dans les immeubles abandonnés et les chants de cigale nocturne distillent un arrière-goût d’atmosphère malaisante, de même que les bruits de pas sur des tas d’ordures  ou sur des sols infestés de papiers, de bouquins (ce qui s’appelle fouler la culture au pied !) projettent une perception aussi oblique que lancinante du désastre survenu.

En contrepartie, d’autres captations se veulent plus rassurantes, nous certifiant que la faune est toujours présente, avec des chants de rossignols, de sauterelles, des cris de porcs, de dindons, des coassements de grenouilles… Et la présence humaine émeut tout autant si ce n’est plus, à travers ces enregistrements de chants folkloriques interprétés par des groupes de femmes, ces éloquents poèmes écrits et récités par Svetlana TSALKO, et cet entretien avec un ancien de Tchernobyl, autant de traces laissées pour ne pas laisser mourir les souvenirs…

Mêlant sensations soniques et reflets de sentiments, ce CD est tout aussi bien un document audio qu’une fresque sonore et vocale dont les séquences sont des tableaux contrastés, déclinant les divers degrés séparant la sérénité bucolique de la menace sourde au sein d’une région au destin funeste.

YouTube player

Dans le CD 2, le champ d’investigation de Peter CUSACK est plus fragmenté, mais le montage général contribue à une égale cohérence que le CD 1. Toute l’ambivalence des lieux dangereux s’y manifeste au travers de captations aux contrastes puissants. Peter CUSACK commence par questionner un lieu d’exploitation pétrolifère parmi les plus anciens, celui de la côte de la mer Caspienne, et nous ballade sur les champs enduits de pétrole de Bibi Heybat, non loin de Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan.

Ici, les kilomètres parcourus sont balisés par les pompes de forage, qui créent une musique industrielle rêche et réfrigérante, en dépit des températures ambiantes. La machine semble avoir pris entière possession du territoire et a impunément chassé l’être humain, qui reste cloîtré dans le vieux quartier de Bakou, dont les bruits de rue, les voix et les instruments de musique rassurent quant à la pérennité du quotidien des humains, même si les appels à la prière des muezzins, qui font pourtant taire la circulation, sont eux-mêmes perturbés par des bruits de chantier de construction !

Bien sûr, en tant qu’Occidentaux moyens, on peut toujours se dire que tout cela est loin et que nos paysages ont été épargnés. Mais sans transition, Peter CUSACK nous transporte ensuite dans des sites qui ne sont pas aux antipodes mais pour ainsi dire à deux pas de chez nous, et plus près encore de chez Peter CUSACK, soit au Royaume-Uni, sur des sites touchés par les retombées radioactives de Tchernobyl et des émissions de gaz à effet de serre…

Ce sont les avions et les animaux de la forêt près de la base aérienne de Lakenheath, dans le comté de Suffolk : les moutons, les libellules, les cloches d’église, le flot d’une rivière et les clameurs d’une colonie de vacances entre deux séquences de signaux sonores de compteurs Geiger dans la région boisée de Snowdonia, au Pays de Galles ; des bruits de décharge et des sifflements de tuyaux servant à la circulation du méthane à Rainham (à l’est de Londres). À Bradwell (Sud-est de l’Angleterre), ce sont des éclaboussures de vagues sur des surfaces pleines de boue ; et les bourdonnements sinistres des centrales nucléaires de Bradwell, puis de Dungeness et de Sellafield (dans le Kent), en guise de générique de fin.

La fresque sonore paysagère conçue par Peter CUSACK le long de ces deux CDs met à jour les conséquences des actions de l’homme sur la nature, sur son environnement, et auxquels il doit faire face. Que ce soit dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, à Bibi Heybat, sur la côte de la mer Caspienne ou dans des zones d’opulence du Royaume-Uni, c’est toujours une même sensation sourde d’un danger dont on ne sait plus s’il est passé ou à venir, et cette nécessité, pour ceux qui vivent sur ces sites, de continuer à vivre.

Tout au long de ces enregistrements, présence de mort et présence de vie, sons machiniques, « beeps » extra-terrestres, cris animaliers et voix humaines cohabitent dans une entente faussement cordiale… Un sentiment d’éternité (la présence de la faune, de la flore, des humains…) y côtoie une impression toute contemporaine de péril (la radioactivité, la pollution).

On a beau être informés des conséquences des désastres nucléaires et des pollutions de l’environnement, les sons de la radioactivité et du nucléaire fascinent, voire envoûtent… Peter CUSACK le reconnaît dans ses notes : « J’ai été choqué par l’extrême dichotomie que j’ai expérimentée entre mon plaisir esthétique des vues et des sons puissants de Bibi Heybat et la connaissance des implications environnementales, sociales et politiques. Sounds from Dangerous Places est né de ces contradictions. »

De fait, en tant qu’œuvre discographique, Sounds from Dangerous Places met en évidence chez l’auditeur cette tension entre délectation esthétique et interrogation existentielle, ou quand le field recording devient un poil à gratter pour l’esprit…

YouTube player

Site : http://sounds-from-dangerous-places.org

Favourite Berlin Sounds – compiled by Peter CUSACK
(ReR Megacorp PC5, 2013)

Berlin, sa Postdamer Platz, sa cathédrale, son East Side Gallery, sa Porte de Brandebourg, son Check Point Charly, son palais du Reichstag, son île aux musées, son Mémorial aux Juifs européens assassinés, sa Fernsehturm… Ça, c’est le Berlin qu’on voit, qu’on a vu, qu’on verra… Vous avez sans doute déjà vu Berlin, mais l’avez-vous entendu ? Voir Berlin est une chose, entendre ou écouter Berlin en est une autre. C’est l’expérience que vous propose ce CD, au titre on ne peut plus explicite : Favourite Berlin Sounds, et qui est constitué de 31 « sons préférés de Berlin ». Le choix est évidemment subjectif et partial. Rassemblées dans ce CD par Peter CUSACK, ces captations audio n’ont pas été entièrement réalisées par lui, puisque six autres personnes ont apporté leur contribution. Mais c’est Peter CUSACK qui en a effectué la sélection et le montage, avec l’intelligence qu’on lui connaît.

Paru en 2013, Favourite Berlin Sounds est le troisième CD d’une série qui a auparavant donné à entendre Your Favourite London Sounds (London’s Music Collective, 2001) et Favourite Beijing Sounds (Kwanyin Records, 2007). L’idée qui a motivé cette série est d’identifier les sons préférés de riverains d’une grande ville, ceux qu’ils ressentent comme positifs dans leur environnement sonore quotidien. Peter CUSACK a fait le constat que chaque zone urbaine a une « collection » de sons locaux spécifiques, mais qu’il est moins courant de trouver celles qui donnent une réelle identité sonore à une ville. Berlin est l’une d’elles.

Elle se distingue des autres capitales européennes (Londres, Paris) par sa plus grande tranquillité, son niveau moins élevé de bruits en tous genres, notamment ceux de la circulation routière, globalement moins dense. Non que Berlin soit exempt de tout embouteillage ou de gros trafic en heures de pointe, mais ce trafic, bien que continu, s’avère plus fluide et se disperse plus facilement. Il y a aussi moins de trafic aérien. Même dans les quartiers les plus animés, il y a des espaces de quiétude, notamment ces cours intérieures dans les HLM, qui filtrent les agitations sonores des grandes rues. De fait, Berlin peut, en certains endroits, être très calme, notamment la nuit, et la présence de la nature y est plus prégnante avec ses cours d’eau (la Spree entre autres…).

Favourite Berlin Sounds a donc été conçu à partir des choix de certains résidents berlinois. Le livret détaille les spécificités de chaque captation et les raisons évoquées par ces personnes pour leurs choix. Parmi les sons retenus et considérés comme constitutifs de l’identité sonore berlinoise, il y a ceux des lignes de trains S-Bahn, dont les accélérations et les décélérations forment des glissandis et des harmoniques particulières ; les sons des cloches d’église, les sons de marchés turcs, les sons aux bords des cours d’eau, les sons nocturnes de certains quartiers.

Certains de ces sons révèlent la présence humaine (cris, clameurs, chants, bruits de pas, musiques…), la présence machinique (trains, vélos, bateaux, planeurs…), tandis que d’autres font déceler la présence de la nature (chants de rossignol, criquets, vagues sur la rivière…) et… du silence. C’est dans ce silence et dans la réverbération de certains espaces que des sons, habituellement ordinaires et anodins, se remarquent avec plus d’acuité, de relief, comme ces sons de bouteilles jetées dans des bacs de recyclage sur la Marienburgerstrasse Hinterhof, ou ces « clics » des feux de signalisation destinés aux personnes aveugles. D’autres sons encore, de par leur étrangeté, stimulent l’imaginaire, comme ceux provoqués par le jet de petites pierres sur la glace hivernale du Bassin de l’Ange (Engelbecken), à l’effet quasi électronique, ou bien le son du vent qui s’engouffre dans des cerfs-volants ou dans des bâches en plastique.

Comme on le voit, les choix sonores effectués par ces personnes réquisitionnées révèlent des motivations différentes. Certains ont été assurément choisis pour le confort et la « sécurité » qu’ils induisent, parce qu’ils rappellent à l’oreille un lieu ou un moment qui définissent le quotidien de leur auditeur, d’autres parce qu’ils sont perçus comme spécifiques à la ville de Berlin, d’autres encore parce qu’ils sont considérés comme inhabituels, singuliers, originaux, étranges, ouvrent une brèche vers une autre dimension…

On remarquera, à travers ces 31 pistes, que certaines captations ont été effectuées à proximité de la source sonore choisie, alors que d’autres ont été faites à distance de celle-ci. Il s’agit dans certains cas d’un son unique, et dans d’autres cas d’une combinaison de sons disparates, ou d’un enchaînement de sons. Cela signifie que certaines personnes ont été sensibles à un son net, ou répétitif, ou étalé… tandis que d’autres ont davantage privilégié un assemblage sonore, constitutifs d’une ambiance, d’une atmosphère. Il y a des ambiances « pleines » (mélange de voix, de chants d’oiseaux, d’instruments et de notes de musique, enchevêtrements de sons dans un aéroport) et des ambiances « vides » (bruits de pas en nocturne, dans une rue habituellement plus bruyante le jour). Quand elles sont captées de loin, certaines combinaisons sonores créent une sensation de brouillage aux effets lénifiants (chants d’oiseaux, voix d’enfants qui rient en jouant dans les cours intérieures des quartiers résidentiels ; clameurs, cornes et pétards pendant un match de football, feux d’artifices et voix humaines).

Les sons de proximité induisent une sensation de présence, voire d’implication dans un environnement, alors que les sons distants induisent un retrait plus contemplatif. Et c’est précisément ce contraste permanent qui agit sur l’auditeur de ce CD : on est à Berlin auditivement sans y être physiquement. Contempler les sons urbains plutôt que les subir, c’est se constituer un autre regard sur le monde, ou les mondes.

YouTube player

Page : https://petercusack2.bandcamp.com/

Article réalisé par Stéphane Fougère, à partir de chroniques parues
dans TRAVERSES et remaniées en 2023

(Chronique originale de Where is the Green Parrot ? par Sylvie Hamon,
publiée  dans TRAVERSES n°5 – décembre 1999

Chronique originale de Baikal Ice par Stéphane Fougère,
publiée dans TRAVERSES n°17 – avril 2005

Chronique originale de Sounds from Dangerous Places par Stéphane Fougère,
publiée dans TRAVERSES n°33 – juin 2013
Chronique de
Favourite Berlin Sounds inédite)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.