PIENZA ETHNORKESTRA – Indiens d’Europe

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PIENZA ETHNORKESTRA – Indiens d’Europe
(12 Productions / Soleil Zeuhl)

Quand j’ai lu sur la pochette un trio basse, batterie, vielle à roue, je me suis dit : « bon, on nous refait le coup de la vielle à roue… ». Je l’avais trouvée trop discrète dans le CD de ZAAR (Cuneiform). Bien sûr, le fait que la section rythmique soit assurée par le batteur (Daniel JEAND’HEUR) et le guitariste (James Mc GAW) de ONE SHOT, d’influence magmaïenne revendiquée (et pour cause, le guitariste joue dans MAGMA) aiguisait ma curiosité même si je me méfie un peu des rythmes dits kobaïens qui tournent en boucle sans faire avancer le voyage musical.

Bien sûr, j’ai un petit faible pour la vielle à roue, pour le son crissant, la rythmique naturelle et dansante que l’on retrouve dans la musique folk ou traditionnelle. Et puis, j’ai lu la liste des morceaux : deux traditionnels bulgares et un hongrois. De quoi susciter mon intérêt pour l’objet, moi qui aime les chemins de traverses en musique comme en Europe.

J’ai demandé à mon disquaire favori d’écouter. Je n’ai pas mis 20 secondes à me décider : le premier morceau, une composition du vielliste (Thierry BRUNEAU) m’est rentrée dedans ! Depuis, je l’écoute en boucle. Pendant presque une heure, c’est un festival de gigues infernales. La vielle à roue vous aspire littéralement par les oreilles comme le violon du diable qui mène les danseurs jusqu’à leur mort (cf. MALICORNE, Le Tour de France d’Abélard Rousseau…). Mais ici, le violon se fait aussi, et quasi simultanément, guitare électrique. Avec ou sans ses pédales d’effets, la vielle à roue montre qu’elle peut se mesurer aux instruments contemporains sans rougir, qu’elle est capable d’emmener l’auditeur dans des contrées auditives proches du delirium.

Il y a dans ce disque une invention à chaque seconde. Le fait que la vielle à roue soit en « son continu » oblige les deux autres compères à tenir pour ne pas jouer les figurants ou être insipides. Sans frime, ils assurent ! La section rythmique contribue à asseoir les morceaux tout au long des sections écrites et des improvisations. Il y a une véritable cohérence des trois instrumentistes. Chacun sert la musique pour le plus grand plaisir de l’auditeur. J’aurais aimé être à ces concerts d’août 2005 à Lorient (au Festival Interceltique), où ce disque a été enregistré. Il n’y a pas de bavardages inutiles alors même que les morceaux peuvent durer un quart d’heure.

La vielle à roue respire parfois et laisse la basse et la batterie assurer la relève. Il arrive que les musiciens partent en vrille chacun dans son délire et, pourtant, ils retombent sur leurs pieds pour asséner l’air entêtant et dansant que l’on retient lorsque la sono est éteinte. Un vrai pied !

Frédéric Vion

NB : Un précédent disque est paru en 2004, sous le nom PIENZA et réunissant Thierry BRUNEAU et Daniel JEAND’HEUR (James Mac GAW y est crédité comme invité, de même que Christian MAES) sur 12 Productions. À noter également que le groupe joue parfois sur scène à 4 avec le saxophoniste Boris BLANCHET (SNAKE OIL) et que Greg THÉVENIAU remplace parfois James MAC GAW.

Site : www.soleilzeuhl.com

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°22 – juillet 2007)

 

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