R. Carlos NAKAI QUARTET – Kokopelli’s Café – Big Medicine

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R. Carlos NAKAI QUARTET – Kokopelli’s Café – Big Medicine
(Canyon Records)

Quoi de plus normal pour un musicien expert en improvisation de se tourner vers le jazz ! Voici donc les deux albums réalisés à ce jour par le quartet du flûtiste navajo aux mille et une facettes, R. Carlos NAKAI. Il s’est entouré de pointures comme Will CLIPMAN, auquel aucune percussion, surtout africaine, ne saurait résister, et AmoChip DABNEY, virtuose des saxophones et claviers en tous genres, et de la basse, qui a fait ses armes dans des groupes africains, reggae et jazz. Le décor étant planté, il ne restait plus qu’à trouver une quatrième paire de mains pour donner quelques couleurs supplémentaires au quartet.

Pour le premier album, Kokopelli’s Cafe, c’est le bassiste, guitariste et claviériste J. David MUÑIZ, de la nation Apache, qui amène avec lui l’influence de ses expériences latines, puisqu’il participe à deux groupes, RICACHE (latino-jazz, salsa) et ATM BAND (latino-rock).

Cette influence est plus marquée dans quelques morceaux comme Mo’ combo Gumbo, avec son solo de guitare et ses percussions festives dignes du Carnaval de Rio ; Night of the Chupacabras (La nuit du croque-mitaine) au rythme salsa dansant à souhaits sur lequel AmoChip DABNEY exécute un solo de basse renversant comme un tango ; ou encore Secular Philosophy, où la flûte de R. Carlos fait quelques pas de danse avec le piano indomptable d’AmoChip. 

The Honey Hunters, quant à lui, revêt des allures plus orientales dues sans doute à l’utilisation abusive de gongs et cymbales par le maître Will CLIPMAN accompagnées par la flûte de R. Carlos NAKAI, qu’osent à peine déranger les saxophones soprano, puis ténor, d’AmoChip DABNEY.

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De Primitive Seasons, on ne pourrait retenir aucune influence prédominante : tambour tribal, ambiance symphonique, vocalises d’AmoChip, instruments légers flottants dans l’air, qui apparaissent tour à tour telles des feuilles qui poussent ou qui tombent des arbres pour se poser lentement sur le sol.

Pour sa seconde réalisation, Big Medicine, le groupe a dû faire face à un petit changement de personnel : J. David MUÑIZ, trop occupé par ses deux groupes, a été remplacé par la bassiste et chanteuse navajo Mary REDHOUSE.

Le climat du quartet perd du coup toute consonance latine, mais au profit des vocalises surprenantes de Mary, qui rivalisent successivement avec la flûte de cèdre de R. Carlos NAKAI, les saxophones et les claviers, et même avec les voix de ses trois collègues dans New Chant et Mytakuye Oyasin. En effet, Mary est capable d’imiter tout instrument léger comme l’air, y compris les oiseaux. Dans Go ‘round Mary, les voix de Mary et d’AmoChip, la flûte, le piano et le saxophone tournoient comme sur un manège (merry-goround) et s’amusent comment des enfants. 

L’ensemble reste résolument jazzy, teinté de percussions ethniques, particulièrement mises en avant dans le titre phare de l’album, Big Medicine. Les différents saxophones et flûtes jouent davantage ensemble (pas la même mélodie bien sûr) et s’amusent à s’entrecroiser, sans doute pour mieux brouiller les pistes avec la pousse même quelques cris de trompette et Will CLIPMAN a ajouté une batterie à sa panoplie. 

AmoChip DABNEY se distingue maintenant seul aux claviers et multiplie solos et envolées virtuoses, et tente même de rivaliser au chant avec l’instrument vocal de Mary, en vain : la voix de la chanteuse gravit seule les hauteurs qu’il ne peut atteindre ; qu’importe, il la provoque dans Montana Grass Dance (mélodie traditionnelle arrangée par Mary) pour un duel de basses à couper le souffle !

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Mais peut-on croire un instant qu’un homme seul est capable de battre Mary à ce jeu ? Il vaut mieux qu’il se venge au saxophone, elle ne sait pas en jouer ! C’est du reste ce qu’il fait, en duo avec R. Carlos NAKAI à la trompette et à la flûte, dans Prairie Smoke, et dans Chota Spirits, où il voudrait nous faire croire que les esprits l’aident à jouer simultanément de deux saxophones (soprano et ténor) !

Du jazz ethnique magique, en somme…

Sylvie Hamon

Site : http://rcarlosnakai.com

Site du label Canyon Records : http://canyonrecords.com

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