Thomas De POURQUERY SUPERSONIC – Sons of Love

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Thomas De POURQUERY SUPERSONIC – Sons of Love
(Label bleu / L’Autre Distribution)

Révélée par son premier disque, Play SUN RA, qui a obtenu les honneurs de la critique, du public et fut récompensé lors des Victoires de la musique, la cavalerie stellaire SUPERSONIC du compositeur et saxophoniste Thomas De POURQUERY fait de nouveau escale sur la planète Terre, quelques circonvolutions plus tard. On s’attendait à un « Play SUN RA 2 : le retour », qui aurait certes assuré à son géniteur de nouveau louanges critiques et publics en plus d’une nouvelle « victoire musicale » et d’une confortable assise commerciale, mais SUPERSONIC ne voulait pas devenir une « machine à reprises ». Ce nouvel album de SUPERSONIC, Thomas De POURQUERY ne l’a pas prédéfini ni calculé, il l’a rêvé ! Car c’est bien un rêve qui l’a convaincu de redémarrer son SUPERSONIC pour entamer une nouvelle virée spatiale. Un flux d’images nocturnes l’a convaincu que sa carlingue amirale galactique avait un son qui lui était propre et qu’elle pouvait en être suffisamment fier pour tenter de voler en toute indépendance, sans avoir à se couvrir sous les ailes d’un autre vaisseau, fut-il celui du Prince de Saturne.

Thomas De POURQUERY dessine donc avec ce nouveau disque les contours floutés et élastiques de sa propre voie lactée. Ça commence comme il se doit en complet décalage, Titan, avec une courte introduction jouée par des vents toussotants et chaotiques qui font se demander à l’auditeur si son lecteur n’a pas quelques ratés. Puis vient l’appel des Sirènes (Mermaids) de l’espace, auquel on peut difficilement résister, surtout quand ce vol d’abord plané passe dans l’hyperespace en mode… supersonique ! Très vite, on réalise que le trajet qui nous est proposé ne s’éloigne pas tant que ça de la bienfaisante lumière émanant des rayons du Roi Soleil et qu’il s’en nourrit même allègrement.

Preuve nous en est fournie avec cette escale saturnienne imparable que constitue la reprise de We Travel the Space Ways, laquelle sert surtout de tremplin pour sauter bien vite d’une planète à l’autre… From Planet to Planet, le bien justement nommé ! Thomas De POURQUERY ose greffer une composition de son cru sur un thème de SUN RA, confirmant ainsi la filiation de son inspiration, et l’on y entend que du feu (forcément, puisqu’on reste sur le même système solaire !). La basse-cour aérophonique de SUPERSONIC (la trompette de Frédéric MARTINEZ, le ténor saxophone de Laurent BARDAINNE et l’alto sax de Thomas), s’y ébroue à loisir, tandis que la basse chtonienne de Frédéric GALIAY et la batterie fusante d’Edward PERRAUD fournissent la force de propulsion nécessaire pour, une fois récitée la prière usuelle pour s’arroger les bons auspices du Maître Soleil lors des voyages spatiaux, partir en vrille autour de grisants satellites…

L’album alterne ainsi des sauteries ascendantes et descendantes sur un Grand-Huit avec des stases éthériques de toute beauté, comme ce Let it come qui sert de pont suspendu à Slow Down, un langoureux chant de l’au-delà offert à nos conduits auditifs hypnotisés pour éviter une fatale surchauffe. Thomas De POURQUERY y alterne voix de crooner et voix de tête pour garantir la griserie perpétuelle. Ensuite, c’est un rêve de chambre (spatiale) que nous propose Arnaud ROULIN avec un Diamond Brown entièrement tissé par ses notes de piano balladeuses et rassérénantes. Le moment est enfin venu de faire les présentations de l’équipage : les Sons of Love apparaissent en pleine lumière, radieuse et ivre, avec ces chœurs en ordre serré comme des mantras, ces giclées de synthétiseurs façon film de SF des années 1950, et ces soli boisés intenses et outrés.

L’effet mantra se poursuit avec Simple Forces, au ton quasi champêtre, ce qui permet de confirmer que, oui, il y a bien de l’herbe qui pousse dans l’espace, et qu’elle fait fichtrement planer ! Et parce que SUPERSONIC fonctionne par contrastes, Give the Money Back est le brûlot punk que vous empêche de passer avant d’avoir pogoter avec les étoiles ! La section rythmique PERRAUD/GALIAY y creuse un sillon incisif et bouillonnant sur lequel les vents font tourner de furieuses spirales, alors que les injonctions vocales de Thomas tournent en boucle, mises en résonance par des voix chorales aux échos insistants. C’est une vraie danse sabbatique en pleine banlieue interstellaire !

Ceux qui auront opté pour la version double vinyle de cet album (tirage limité à 500 exemplaires) se verront gratifiés de deux morceaux bonus (qui ne figurent pas sur la version CD, un vrai monde à l’envers !) : Elise est une autre rêverie nonchalante pianistique d’Arnaud ROULIN, sur laquelle viennent gentiment ronfler les bois, et Present, Eternity un délicieux moment de suspension qui chavire progressivement et mute en embardée swinguante.

Après nous avoir enivré de vols incantatoires, de danses de derviches extra-terrestres, de promenades galactiques et de courses planétaires haletantes, les « Fils de l’Amour » nous convient en fin de parcours à faire… les Révolutions ! Autour du Soleil, on s’en doute ! Mais aussi dans nos cœurs, dans nos esprits. Ce dernier tour de piste démarre dans une atmosphère de langueur suave, mais s’achève par des bonds rugissants par-delà les anneaux de poussières célestes.

Cet album fait l’effet d’une expédition aux frontières de l’infini, là où les rationalités diurnes cèdent le pas aux imaginaires nocturnes. Si vous souhaitez laver votre conscience de ses entraves spirituelles, le monde des utopies solaires et sidérales de Thomas De POURQUERY et de ses Sons of Love vous fournira les nectars et les ambroisies nécessaires. Venez donc rejoindre ces merveilleux fous volants dans leur drôle d’engin…

Stéphane Fougère

Page : https://soundcloud.com/thomasdepourquery

Label : https://www.facebook.com/LabelBleuAmiens/

 

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