VINDOTALÉ – Hunerez ar Bal
(Aztec Musique/PIAS/Coop Breizh)
C’est dans un contexte sanitaire tourmenté que le premier album du groupe VINDOTALÉ, Tan, est paru fin 2020. Ce disque aura été la réjouissante sensation de cette période troublée.
Malgré un certain minimalisme, le duo composé de Bleunwenn (chant) et de Gwenolé LAHALLE (guitares, programmations) avait engendré une œuvre forte dont on attendait évidemment la suite avec impatience.
Le nouvel album est arrivé et il se nomme Hunerez ar Bal, ce qui signifie la « Dormeuse du Bal » en référence aux bals et festou-noz qui n’ont pu se tenir durant la pandémie du Covid. La pochette, cette fois encore très soignée, nous montre d’ailleurs une danseuse semblant en léthargie
Entre ces deux albums, la physionomie du groupe a évolué. Le duo des débuts s’est mué en quatuor avec l’arrivée de Stéphane DE VITO (AR RE YAOUANK, HIKS) à la basse et de Benoit GUILLEMOT (HIKS) à la batterie. Tout deux apportent leurs acquis et leur expérience.
Deux musiciens invités viennent soutenir les quatre protagonistes et compléter l’offre instrumentale, Willy PICHARD à la vielle à roue (FILLE DU SABLE, MOR) et Clément Le GOFF à la veuze (AIR FALALELO).
Cette nouvelle donne a une incidence sur la musique qui, si elle possède toujours ses assises électros, se fait plus rock. Cela se vérifie dès l’entame avec le titre You qui donne adroitement le ton. La guitare y est incisive et la batterie cogne.
Plus calme, Yeun Elez est interprétée en mode guitare acoustique-voix soutenue par quelques nappes de claviers. L’album nous offre une fine alliance entre des chansons aux paroles originales ou issues du répertoire traditionnel et des musiques composées.
La langue bretonne est dominante mais on peut également entendre le français et l’anglais. Plus inattendu, on notera la présence du gaélique écossais sur deux titres, Shony et Gaol Ise gaol I. Ce morceaux reste par ailleurs bien en tête après son écoute.
Hunerez ar Bal est un album solide et équilibré qui devrait assoir un peu plus la notoriété de VINDOTALÉ.
Didier Le Goff
Site : https://www.vindotale.com
Entretien avec VINDOTALÉ
Pouvez-vous retracer votre parcours artistique et culturel ?
Bleunwenn : J’ai été passionnée de musique et de Bretagne très tôt.
J’ai d’abord commencé par la danse bretonne. J’ai fait partie de cercles celtiques pendant une bonne dizaine d’années mais toujours en écoutant beaucoup de musique.
Je m’amusais à chanter dans ma chambre. Cela a été une pratique autodidacte au départ.
Puis, vers les prémices de l’âge adulte, j’ai commencé à faire de la musique plus sérieusement jusqu’à avoir des expériences un peu plus conséquentes qui ont marqué mon parcours. Après avoir fait de la musique dans des groupes en mode familial au départ, comme KADWALADYR, j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec TRI YANN dans les années 2000 lors d’un remplacement d’abord. Comme la sauce avait bien pris, on a poursuivi par des concerts occasionnels.
Ensuite, j’ai continué dans des projets en musique actuelle, en musique bretonne et aussi en musique classique. Je saute plein d’étapes jusqu’à cette année 2018 où l’occasion de créer VINDOTALÉ s’est présentée lors d’une proposition de concert où, Gwenolé et moi, on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse quelque chose. VINDOTALÉ est né de cette façon.
On a pu te croiser au sein de KADWALADYR, de GLAZ, de BELSHAMA. Tu as aussi accompagné Dan AR BRAZ ou Carlos NÚŇEZ. On a même pu te croiser au sein d’un groupe qui s’appelle SEVEN REIZH. C’est un éventail assez large.
Bleunwenn : On ne te cache rien (rires) ! Cela correspond à mes goûts depuis toujours. J’ai toujours été intéressée par plein de styles de musique. Je ne me suis jamais limitée à un seul. Effectivement, je suis allée du classique aux rock-prog puisqu’avec SEVEN REIZH, on est vraiment dans une approche rock-prog opéra-rock en breton.
Quant à toi, Gwenolé, tu es musicien mais aussi technicien.
Gwenolé : En effet ! Double casquette ! J’ai commencé par la musique assez jeune dans un groupe qui s’appelait TAN FLAM qui avait une petite notoriété locale. On était basé sur Saint Nolff. J’étais adolescent, c’était mes premières notes de guitare et aussi mes premières scènes.
Cela m’a orienté vers le son, une chose que j’ai beaucoup aimée assez rapidement. Du coup, je me suis orienté vers le son pour mes études. J’ai consacré énormément de temps de ma vie dans le son, autant en spectacle qu’en studio. J’ai travaillé avec pas mal de groupes en Bretagne. Et je reviens à mes premières amours de musiques et ces retrouvailles avec Bleunwenn pour monter ce duo.
Début 2020, juste avant la crise sanitaire, on a commencé à entendre un premier titre, Melezouriou Arc’hant. Comment avez-vous commencé à tourner ? Est-ce que ça a été difficile durant cette période ?
Gwenolé : Ça a été plus que difficile ! On n’a pas tourné ! On avait juste fait un premier concert en décembre 2019.
Bleunwenn : C’était vraiment le baptême du projet avec une proposition musicale qui était plus acoustique à ce moment-là que ce qu’on a fait ensuite mais qu’on a fait évoluer très rapidement.
Gwenolé : C’était les prémices, le vrai baptême du feu. Dans la foulée, on s’est dit qu’on n’allait pas en rester là et qu’on allait faire un album. On a commencé à travailler des titres.
Bleunwenn a ramené de son côté ceux qu’elle avait déjà travaillés dans un spectacle qu’elle avait monté, une veillée celtique.
Bleunwenn : J’avais monté quelques années auparavant un spectacle complètement a capella, ou juste avec des petits instruments, qui était sur le mode d’une veillée et pour lequel j’avais rassemblé des morceaux qui étaient des coups de cœur du répertoire traditionnel ou populaire de Bretagne et des Pays Celtiques.
Gwenolé : Tu évoquais Melezouriou Arc’hant, ce morceau vient directement de cette veillée celtique. C’est le premier morceau qu’on a commencé à travailler ensemble.
La question doit vous être posée tout le temps : que signifie ce nom énigmatique, VINDOTALÉ ?
Bleunwenn : VINDOTALÉ, c’est un mot qui nous plaisait parce qu’on trouvait que ça sonnait bien. Des fois, c’est tout bête mais c’est aussi tout simple.
On cherchait un nom pour le groupe. On ne voulait pas que ce soit le nom de l’un de nous deux. J’avais vraiment envie qu’on ait un nom de groupe même si on était un duo.
J’avais entendu ce nom-là. VINDOTALÉ, c’est la forme très ancienne du prénom Gwendal. Je trouvais que ça sonnait du feu de Dieu. C’est du protoceltique, cette langue commune à toutes les langues celtiques de départ.
Pour la symbolique, c’était un petit clin d’œil qu’on faisait au passage au groupe GWENDAL dont on aimait aussi beaucoup les influences.
Justement, hormis GWENDAL, quelles sont vos influences ?
Gwenolé : En ce qui me concerne, c’est assez large. J’ai grandi en écoutant plein de choses différentes, autant de la new-wave que du hard-rock, du punk, de la musique bretonne. C’était plaisant en fait de se mouvoir dans tous ces univers musicaux. Je pense n’avoir jamais rien jeté. J’ai vraiment gardé tout ça en moi et j’ai construit après mon univers personnel à partir de tous ces éléments et à partir de toutes ces musiques que j’ai aimées et que j’aime d’ailleurs toujours écouter.
Bleunwenn : Pour moi, c’est la même chose. J’ai grandi en écoutant plein de styles différents. Étant chanteuse, j’allais spontanément vers les chanteurs et chanteuses à voix. Les grandes chanteuses qui ont marqué mon enfance et que je considère comme des références sont Loreena MCKENNITT, Karen MATHESON mais aussi Tori AMOS, la chanteuse pop américaine. En voix masculine, il y en a aussi que j’ai beaucoup appréciées.
Cette rencontre des univers musicaux est très importante, je pense, dans notre musique.
Sur ce nouvel album, il y a un changement de taille : le duo est devenu quatuor !
Bleunwenn et Gwenolé : En effet ! (rires)
Gwenolé : Ce n’était pas prévu au départ. Les deux larrons qui nous accompagnent maintenant, on les a invités et ils ont gentiment répondu « oui ». Au tout début, c’était juste pour faire quelques titres sur l’album et ça devait en rester là. Mais on a trouvé que c’était tellement bien quand ils sont arrivés, qu’ils ont joué et qu’ils ont amené tous leurs bagages et leurs idées musicales, qu’on leur a demandé s’ils ne voulaient pas rester avec nous pour faire un petit bout de chemin. On les a décidés et puis on tente maintenant l’aventure à quatre. On peut les citer, Stéphane DE VITO à la basse et Benoît GUILLEMOT à la batterie.
Bleunwenn : Il y avait le côté musical et aussi le côté humain parce que c’était des musiciens qu’on connaissait. On connaissait leur origine, leur passif (rires) ! On est surtout très contents de l’apport extrêmement pop et rock qu’ils ont su nous apporter. On travaillait à deux sur beaucoup de boucles avec du coup une approche un peu plus électro parfois et là, ils ont redonné de la vie à toutes ces parties rythmiques et harmoniques de notre musique.
Gwenolé : Même sur scène, en duo, avec la musique qu’on voulait proposer, on n’a pas eu le choix un moment que d’avoir un ordinateur avec des programmations et une boite à rythmes. Au fur et à mesure du temps et des concerts, on s’est bien rendu compte que ça nous figeait beaucoup dans ce qu’on avait envie de donner en termes d’énergie et d’envie de vivre avec le public.
Ce qu’on a vraiment eu envie de retrouver au départ en invitant Ben et Steph pour le disque, c’était redonner effectivement cette vie et de la porter à quatre sur scène.
On peut s’en rendre compte, le son a évolué, il est plus rock, la batterie est bien présente et toi Gwenolé, tu fais davantage rugir tes guitares.
Gwenolé : (rires) Je ne sais pas si c’est par rapport à eux mais la distorsion est un peu plus présente maintenant dans le riff de guitare. Le gain est monté et effectivement, ça rugit un peu plus.
Il y a aussi deux musiciens invités qui sont venus vous prêter main-forte.
Gwenolé : À la vielle à roue, c’est Willy PICHARD. C’est quelqu’un que je connais depuis longtemps parce qu’on a travaillé ensemble en studio. Je l’ai souvent enregistré sur ses projets. On s’est aussi croisés sur scène. On s’apprécie. Lors de son dernier passage en studio quand il avait enregistré son dernier disque avec Stevan VINCENDEAU, on avait discuté avec Willy et on avait partagé nos attentes et nos idées sur la musique, sur ce que pouvait apporter des instruments acoustiques sur de la musique un peu plus contemporaine ou moderne. Dans notre tête avait germé dès ce moment-là cette petite idée de se dire que si VINDOTALÉ fait un deuxième disque, si les choses s’y prêtent, on serait assez heureux de pouvoir mettre de la vielle à roue sur certains morceaux. Et l’occasion s’est présentée.
Bleunwenn : On a réfléchi sur certains morceaux en se demandant ce qu’on entendrait bien comme instrument plus acoustique. La vielle de Willy est venue assez rapidement et assez facilement en fait.
On peut aussi entendre de la veuze.
Bleunwenn : La veuze de Clément Le GOFF ! Là, c’est pareil, on a réfléchi à ce qu’on entendrait sur certains morceaux. Sur le premier album, on avait eu la bombarde et l’uilleann pipe et là, on avait envie d’avoir le côté un peu velouté de la veuze et pas nécessairement la cornemuse un peu plus pointue, la cornemuse écossaise en tout cas.
Hormis ces deux instruments, la base instrumentale du groupe n’est pas traditionnelle. Comment vous définissez-vous s’il fallait vous coller une étiquette ?
Bleunwenn : On est parti sur l’idée qu’on était plus pop dans cet album mais tout le monde nous dit que c’est plus rock !
Je trouvais que le premier album sonnait électro-pop et celui-là sonne effectivement plus rock.
Bleunwenn : Hé bien, on va dire pop-rock dans ce cas parce que je pense que c’est ce qui nous correspond, pop-rock bretonne d’inspiration celtique.
Il y a quand même un titre plus calme, quasi acoustique, guitare-voix, Yeun Elez.
Gwenolé : C’est le slow du disque !
Bleunwenn : Sur ce morceau-là, Gwenolé avait quasiment tout écrit au niveau musical et je me disais qu’il fallait que ce soit une chanson d’amour. J’ai fait des recherches en me demandant ce qu’on avait comme chansons d’amour en breton. On a beaucoup d’histoires de filles à marier. J’ai quand même trouvé une incroyable pépite sur internet. Ce sont les premiers mots recueillis par un moine copiste au moyen-âge, Ivonet OMNES. Je me suis dit que ce serait notre refrain. C’est quelques bribes, cinq ou six vers qu’on entend au milieu de la chanson en vieux breton. Autour de ça, j’ai écrit le texte en français et m’inspirant des problématiques ambiantes de l’époque, les incendies dans les Mont d’Arrée, la guerre, avec cette idée d’un couple près du Yeun Elez qui se cherche dans tout cette tourmente.
Effectivement, c’est un morceau très tranquille mais avec un arrière-plan un peu angoissé, peut-être représentatif de ce qu’on voulait dire dans ce contexte.
Il y a un savant mélange entre des traditionnels et des compositions. Comment créez-vous ? Qu’est ce qui vous inspire ?
Gwenolé : Il n’y a pas un cahier des charges. Quand j’écris un morceau, je pars d’une mélodie. Je commence à créer un arrangement, une structure. Ce sont les premières étapes. Après on commence à y mettre des mots, de la voix. On fait ce premier mélange. Du coup, je suis content. C’est super ! On rajoute des guitares, on met plein de guitares, on n’arrête plus en fait ! C’est de la folie ! Il y a dix sept, dix huit guitares et à un moment Bleunwenn arrive et dit : « Stop, on fixe là ! » (rires)
J’arrête, j’enlève toutes mes guitares et puis on revient à la première mouture et c’est génial ! (rires)
Bleunwenn : Pour résumer, on va dire que Gwenolé est plutôt sur la composition et l’arrangement des musiques et moi, je travaille plus sur les textes et les thématiques.
J’ai plus cette fibre-là que celle d’arranger ou de composer même si on travaille aussi musicalement ensemble. Je réfléchis et, en allant chercher dans la matière bretonne, j’apporte des textes, qui illustreraient bien ce qui a été écrit musicalement. On travaille comme ça, en croisant les deux choses.
J’aime beaucoup aller chercher les textes païens parce que beaucoup sont liés à une époque où on était encore dans les anciennes traditions celtiques. J’écris aussi des textes inspirés d’une matière bretonne ou celtique, d’un imaginaire ou du sentiment qu’on a de notre appartenance à la Bretagne aujourd’hui.
La langue bretonne est très présente. C’est un facteur essentiel pour vous ?
Gwenolé : Oui !
Bleunwenn : Oui ! On ne le parle pas couramment mais je ne me pose même pas la question. J’ai grandi dans une famille avec des grands parents uniquement bretonnants. Ma famille a toujours été militante et on ne se posait même pas la question de notre identité bretonne. Donc, chanter en breton aujourd’hui, c’est juste naturel pour moi. C’est aussi un acte militant, car même si je ne le parle pas couramment, faute d’avoir eu dans ma vie professionnelle des gens à le parler autour de moi, ça me tient à cœur. Je l’ai quand même apprise dès le collège. Ce n’était pas simple à une époque. Il fallait se défendre pour avoir autre chose qu’un placard à balai comme classe avec un prof qui se débrouillait sans tableau. Je l’ai passée au bac en troisième langue.
J’en ai suffisamment l’intuition pour me sentir habitée quand je la chante.
On peut entendre d’autres langues : le français, l’anglais et… le gaélique !
Bleunwenn : Alors, je ne le parle pas du tout (rires) ! Parmi les textes qu’on est allé chercher dans les autres pays celtiques, on a une affection toute particulière pour l’Écosse.
La chanson Shony est un chant traditionnel des « waulking songs ». Ce sont des chants à battre le tweed tout là-haut dans les Îles Hébrides. Je l’ai travaillé de façon complètement phonétique en écoutant Kathleen MACINNES qui est une chanteuse écossaise. C’est par elle que j’ai entendue chanter cette chanson la première fois. Je l’ai travaillée du mieux possible en regardant bien le sens. J’espère que je n’écorche pas trop les mots.
On a aussi fait intervenir un invité non chanteur qui est Fanch BIHAN-GALLIC. On avait besoin d’une voix d’homme pour incarner le personnage évoqué dans la chanson. On a fait des recherches qui nous ont menées dans les Iles Hébrides, mais pour y trouver un Breton qui a émigré là-bas et qui est originaire de l’Ile d’Arz. Il a accepté très gentiment de participer à la traduction du texte et de prêter sa voix à l’interprétation de Shony.
Le texte de Gaol Ise Galo I est un peu comme les chansons traditionnelles bretonnes à danser, il est très long. On a raccourci sinon ce sont des morceaux qui comme en musique prog dureraient vingt, vingt-cinq minutes. Sur des petites capsules de textes très courtes qui se répètent, on peut raconter une histoire par petits bouts. C’est l’histoire d’un homme qui dit « She’s my love », C’est mon amour !
Un autre point important, c’est l’aspect visuel. Il y a eu des clips et les pochettes des albums sont très stylisées.
Gwenolé : Ça a été une discussion avec la production, qui tenait absolument à ce qu’on voie nos têtes sur la pochette. Nous, on aime bien proposer quelque chose de conceptuel, c’est-à-dire une image, ou une autre photo, qui soit en lien avec les thématiques abordées dans le disque et pas forcément qu’on voie nos visages. On les voit à l’intérieur du disque. Du coup, pour cela il faut l’acheter (rires) !
Alors oui, cette idée de graphisme et de faire appel à des gens qui vont amener une autre vision à notre univers nous tient vraiment à cœur. C’est une pierre supplémentaire dans la conception.
Bleunwenn : On dit que le disque ne se vent plus. On est peut-être un petit peu vieillots mais on a encore envie de faire une pochette CD qui va avec la musique, qui évoque une création artistique à part entière. On voulait vraiment illustrer, avec un concept différent pour ce deuxième album, on vouait que la pochette parle aussi du contenu.
Cela va jusque dans l’affichage du nom du groupe et ces symboles sur la lettre O.
Bleunwenn : C’est une référence au duo d’origine ! Du coup, là on n’y est plus trop parce qu’on n’a pas pris de bassiste ou de batteur femme ! On a mélangé dans ce O, les pictogrammes masculin et féminin.
Ça faisait aussi partie des thématiques qui avaient plus d’importance pour moi. Sur le premier album, on avait beaucoup de choses qui parlaient des femmes, de la condition féminine, de l’émancipation. On n’est pas dans la lutte hommes et femmes comme ça peut l’être aujourd’hui comme dans certaines causes qui partent dans des extrêmes absolues. Nous, on est sur l’égalité et le main dans la main, l’entente. C’est vraiment ça qu’il y a dans ce O même si aujourd’hui il y a un petit déséquilibre.
On évoquait le nom du groupe. Le premier album s’appelait Tan, le feu. Hunerez ar Bal, c’est la dormeuse du bal. Quel est le sens de ce titre ?
Bleunwenn : Il y avait un petit clin d’œil par la sonorité au Dormeur du val d’Arthur RIMBAUD. Même si les autres chansons sont peut-être plus joyeuses et évoquent d’autres sujets, la thématique de cette chanson est aussi le pivot du disque. C’est vraiment une chanson qui est née au moment de la crise sanitaire durant le confinement et qui parle d’une jeune fille complètement éteinte dans la forêt. On y a mêlé quelque chose d’un peu plus légendaire ou onirique. Elle est là, endormie, parce qu’elle ne peut plus danser comme plein d’autres gens. Elle est dans un état végétatif et puis au fil de la chanson apparaît un autre personnage qui va peut-être l’aider à revenir à la vie.
C’est vraiment l’évocation de ce moment où tant psychologiquement que dans le corps et dans nos déplacements, on a tous été éteints de façon contrainte où ça crée un malaise pour beaucoup de gens dans la société. Hunerez ar Bal, c’est cette jeune femme qui comme plein d’autres gens n’a pas pu danser, ou simplement vivre pendant pas mal de temps.
Gwenolé : C’est ce qui du coup est mis en dessin sur la pochette !
Les choses se sont arrangées. Aussi cet album, vous allez le défendre sur scène ?
Bleunwenn : On y travaille (rires) ! On communiquera sur nos sites en temps et heure.
Entretien réalisé par Didier Le Goff
Photos : Myriam Jégat (1, 2) et Éric Legret (3)
Site : https://www.vindotale.com
Entretien réalisé dans les studios de RCF Sud Bretagne à Lorient en collaboration
avec Claude, journaliste et technicienne. Un grand merci à elle.
Un grand merci également à Manon de l’Agence de Communication Heymann Associés.