Luzmila CARPIO – Le Chant de la Terre et des Étoiles

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Luzmila CARPIO – Le Chant de la Terre et des Étoiles
(Accords Croisés)

Quatre ans après le sublime Kuntur Mallku (1999), la chanteuse bolivienne Luzmila CARPIO, réputée comme étant « l’Ambassadrice de la culture quechuase », revient se rappeler au bon souvenir du public occidental, toujours sur le label Accords Croisés, avec un disque aussi impressionnant de beauté que son titre, le Chant de la Terre et des Étoiles, une création inspirée par le Grand Livre des Indiens Quechua de Bolivie, et qui fut présentée dans le cadre des créations du Festival « les 38e Rugissants » en 2002.

L’orchestration est totalement différente du précédent album, et c’est bien ce qui fait son originalité. Au risque de rendre les puristes grincheux, Luzmila CARPIO s’est en effet entourée ici de musiciens exclusivement français : Pierrick HARDY à la guitare acoustique et aux arrangements, Henri TOURNIER à la flûte bansuri, à l’octobasse et autres flûtes, Pierre RIGOPOULOS aux percussions, Yves TORCHINSKY à la contrebasse et Michel DENEUVE à l’orgue de cristal.

Comme on le voit, la palette instrumentale n’a rien de traditionnel. Ce Chant de la Terre et des Étoiles s’inscrit dans une démarche contemporaine et expérimentale et prend la forme d’un « Oratorio à la Terre » dans lequel chaque instrument a été choisi pour ses capacités évocatrices et joue un rôle différent sur chaque chant.

Ainsi, l’orgue de cristal joue tour à tour les rayons du soleil, l’eau pure ou les gaz cosmiques ; la guitare suggère des bruissements naturels ou de petits animaux ; l’octobasse joue l’air ou la voix des ancêtres, la flûte en Sol joue l’air vital, une abeille, un ruisseau ou une cascade ; la contrebasse joue le thème de l’éveil, ou un arbre ; les percussions se chargent d’incarner des bruitages, une danse enfantine, des éléments telluriques, des lamas ou des cailloux qui roulent ; et lors d’une séquence particulièrement abstraite, tous les instruments suscitent la présence d’une faune et d’une flore.

La voix enfantine et cristalline de Luzmila CARPIO se marie parfaitement avec ces nouvelles sonorités, qui conviennent à ravir à ses compositions ainsi qu’au thème de l’album, véritable hymne à la Terre et à toute forme de vie (enfants, animaux, eau, montagnes, joie…).

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L’album atteint des sommets de beauté avec la Berceuse à la Mère Terre (Pachamata Jampiykusun), murmurée telle une prière, où l’on peut entendre les « plaintes de la Terre » symbolisées par la contrebasse et la flûte basse, et les « larmes de la Terre » qui coulent de la guitare et de l’orgue de cristal.

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Le morceau le plus long, Uywakunaq Kawsaynin, est consacré aux animaux, dont les imitations faites par tous les instruments (qui suggèrent aussi la présence d’une flore en plus de la faune) font toujours la joie en concert à la fois des enfants et des adultes.

Enfin, Quyllur II, dédié à la lune et aux étoiles, reprend le thème de Quyllur déjà entendu sur le précédent album, Kuntur Mallku, pour clore ce Chant de la Terre et des Étoiles vibrant, envoûtant et passionnant.

Sylvie Hamon

Label : www.accords-croises.com

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°16 – février 2005)

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