SONORHC : D’espaces en abîmes

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SONORHC

D’espaces en abîmes

À force de vouloir chercher ailleurs les extra-terrestres musicaux, on en finit par oublier que l’Hexagone fut lui aussi le terrain idoine à l’atterrissage d’OVNIs qui, en matière d’inquiétante étrangeté, n’ont rien à envier avec les défricheurs d’autres contrées, qu’elles soient voisines ou exportées de l’autre bout de la Terre.

Dans la marge des années 1970, le collectif SONORHC a cherché à faire voyager les consciences dans des mondes lointains ou imaginaires, et peuplés de personnages légendaires parlant des langues inconnues.

Grâce au label Fractal Records et sa campagne de réédition entamée en 2014, il est aujourd’hui possible de (re)découvrir l’œuvre intégrale (de Purf à K’an, soit cinq albums sur trois CD) de ce groupe atypique.

RYTHMES CROISES vous déploie la carte spatiale des mondes de SONORHC. Attachez vos ceintures et aiguisez vos oreilles !

Du GRAND NÉBULEUX ET SES LAVEURS DE CONSCIENCE à la HORDE CATALYTIQUE POUR LA FIN en passant par BARRICADES et FILLE QUI MOUSSE, la France a vu naître dès l’aube des années 1970 d’augustes représentants d’une agitation musicale dopée à la révolution culturelle, aux visions psychédéliques, à l’expérimentation sonore, et dont l’histoire officielle du rock français a tôt fait d’enterrer les traces sous de solides couches de sédimentation ultra-conformiste. SONORHC fut l’un de ces collectifs qui a sculpté des paysages sonores encore inouïs dans la marge musicale française.

À la base, SONORHC (« Chronos » à l’envers) était formé de cinq musiciens de la banlieue parisienne techniquement avancés et aux bagages diversifiés : Jean-François GAËL, un guitariste, compositeur et arrangeur (notamment auprès de grands noms de l’« autre » chanson française, comme Hélène MARTIN, Francesca SOLLEVILLE, Béatrice TÉKIELSKI – future « MAMA » BÉA –, Henri GOUGAUD, MOULOUDJI…) qui est passé à l’électro-acoustique au G.R.M. de Pierre SCHAEFFER ; Pierre BUFFENOIR et Philippe GUMPLOWICZ, tous deux également guitaristes, le soufflant André CHINI et le percussionniste Youval MICENMACHER. Tous étaient multi-instrumentistes, cela va sans dire, et n’ont eu aucun scrupule à faire éclater les carcans pour donner naissance à une musique venue d’ailleurs, en l’occurrence de la planète.. Purf !

Purf / Outrelande :
avancer vers l’inconnu

À l’instar de MAGMA et de GONG, SONORHC a généré son propre monde imaginaire et a écrit sa légende avec son premier album, Purf (de la planète du même nom), paru en 1972 sur le cryptique label Disque du cavalier. C’est en fait leur seul disque à avoir bénéficié à l’époque d’une certaine forme de distribution… Nourri par l’improvisation et la recherche de timbres, l’univers de SONORHC sur Purf fait montre d’une insatiable détermination à mêler les vocabulaires stylistiques : free jazz, free rock, psychédélique, expérimental, ethnique… On balance tout dans la marmite, et on décolle !

Utilisant une ample palette d’instruments aussi électriques (guitares, basse) qu’acoustiques (flûte, hautbois, trompette, percussions, guitare sèche), SONORHC, sans réel modèle sur le sol français, a généré avec Purf l’une des musiques les plus « out there » qui soient, que l’on a plus volontiers rapproché des univers de certains groupes allemands type LIMBUS 3 (Mandalas), DEUTER (D, Aum), BETWEEN (Einstieg) ou les incarnations du Zodiak Free Arts Lab comme KLUSTER ou AGITATION FREE.

La propension de SONORHC pour les décontextualisations ethniques et les déstabilisations modales hypnotiques le rapproche aussi fortement de l’univers du légendaire groupe psychédélique anglais THIRD EAR BAND. La pièce Plaine du Tal s’inscrit volontiers dans cette veine, de même que Bruage, avec quelques menaçantes rasades d’électricité en sus.

En revanche, la suite Sept Élements pour Sonorhc, découpée en quatre (!) parties, plus stridente et métallique mais aussi suspendue à certains moments, est réminiscente de ce qui se produit dans la partie improvisée du morceau Moonchild (dans le mythique album In the Court of the Crimson King, de qui vous savez).

La Saga Bolaska, signée André CHINI, révèle des humeurs plaintives et heurtées, avant de glisser sur des trames de percussions flottantes et sonnantes. Et quand tous les compères de SONORHC se baladent librement dans Une Rue sur la planète Purf, cela commence comme une promenade digestive mais se métamorphose assez vite en un trekking tourmenté sur un sentier cahoteux.

Présentée sur le LP comme un « voyage dans l’Espace et dans le Temps » (sic), cette « musique Exorcisme » (re-sic), tapissée de couleurs fortes et animée de transes sauvages (sur le fleuve Tal), pulvérise effectivement les repères spatio-temporels et stylistiques. Et comme tout OVNI, SONORHC n’a fait qu’un passage sur Terre avant de repartir vers sa planète Purf, où il a hiberné pendant toute une décennie.

Il a fallu en effet attendre 1982 pour avoir des nouvelles discographiques du vaisseau SONORHC, lequel raconte s’être échoué, suite à « de graves problèmes de navigation » (sic) sur la planète Outrelande. Cette dernière a tout du paradis originel façon jungle amazonienne et ses temples mystérieux, à en juger par la pochette du disque, nettement plus touffue et figurative que celle du premier LP, sur laquelle ne trônait qu’un curieux idéogramme qui est en fait le logo de SONORHC (comme MAGMA avait sa « griffe »). On retrouve du reste ce logo sur la pochette d’Outrelande, inscrit sur le vaisseau spatial échoué.

En dépit de cette mise en scène conceptuelle, Outrelande (édité à l’origine par les Productions du cochon d’or) est en fait une compilation qui ne veut pas dire son nom, les onze pièces qui le composent ayant été enregistrées entre 1973 et 1982.

Purf et Outrelande ayant été réédités (et remastérisés) sur un seul CD chez Fractal Records, leurs différences de climats sautent d’autant plus aux oreilles. Il est vrai que dix ans ont passé entre les deux disques, et dans cet intervalle, les musiciens se sont donné le temps d’autres aventures musicales : Jean-François GAËL a notamment enregistré avec Roger CHAPUT et Teddy LASRY, et s’est investi dans des musiques de films et de documentaires.

De leur côté, Youval MICENMACHER et Philippe GUMPLOWICZ ont enregistré Marron Dingue (1978) avec le groupe ARCANE V, orienté free jazz et improvisation avant-gardiste. GAËL et MICENMACHER ont aussi participé aux albums Les Chants du cœur et « Innocence » du compositeur, musicien, comédien et doubleur Antoine TOMÉ. Autant d’univers habités par des souffles poétiques incorruptibles…

Le personnel sur Outrelande est cependant quasiment le même que sur Purf (sans André CHINI toutefois), augmenté ça et là par des invités aux voix, au tambours, aux flûtes et à la viole de gambe. GAËL, BUFFENOIR, GUMPLOWICZ et MICENMACHER ont considérablement élargi leur instrumentarium : sanza, valiha, balafon, gouzou, cloches, bendir, chalumeau, naquaires, guembri, carillon, maracas, douze-cordes, zarb et trucphone, parmi d’autres, ont été réquisitionnés pour peindre de somptueuses vignettes musicales évoquant quelque folklore imaginaire provenant d’une autre galaxie, sans pour autant verser strictement dans l’ethno-ambient.

L’esprit d’expérimentation collective est toujours en éveil, mais fait preuve d’un plus grand souci mélodique – certes exotique – et d’un façonnage encore plus marqué d’atmosphères oniriques et d’horizons dépaysants. De la Marche des éléphants à la Danse des chiens, de la Berceuse d’Outrelande à la Danse de la pierre, les déambulations se transforment en chorégraphies de l’âme.

La première moitié de l’album est ainsi constituée de pièces assez courtes que l’on subodore être les plus récentes. La seconde moitié propose des thèmes plus développés et ouverts aux expressions solistes qui font davantage le lien avec l’époque de Purf. Fondés sur le même thème, Shaï et Hulud s’étirent nonchalamment, distillant des effluves moyen-orientales. La planète Outrelande a décidément tout de l’Eden perdu. De plus, on fait connaissance avec quelques extra-terrestres locaux, telle la délicate Reine des Sables (avec la voix suave de Dominique MARGE) ou le primitif Pachaski le chasseur.

Avec Outrelande, la notion de voyage dans des mondes non défraîchis et inviolés est illustrée avec une plus grande richesse de timbres et de cadres, quitte à élaguer un peu la « bizarroïdité » grinçante et sauvage qui émanait de Purf.

Portes d’Orient / Amazonia :
rêves de Terres

Après Outrelande, la discographie de SONORHC devient plus diffuse. Certains pensent même que son successeur est paru en 1991 (soit un nouveau bond de près de dix ans, comme entre Purf et Outrelande). En réalité, deux autres disques ont été enregistrés dans les années 1980. Le troisième disque de SONORHC est donc Portes d’Orient, paru en 1984 chez Auvidis sans nom d’auteur sur la pochette du LP original. L’illustration de couverture a été réalisée par le même dessinateur que celle d’Outrelande (Jean-Pierre LAMERAND), et on y décèle subrepticement le logo de SONORHC. Le groupe est cependant réduit au trio Youval MICENMACHER, Pierre BUFFENOIR et Jean-François GAËL, avec la participation sur un morceau du bassiste Laurent COKELAERE.

Cette fois-ci, il n’y a plus à craindre de panne de vaisseau intersidéral, le moyen de transport utilisé par SONORHC pour nous mener à ces Portes d’Orient est plus écologique puisqu’il s’effectue… à dos de chameau !

L’instrumentation combine une fois de plus guitares et basses électriques, instruments classiques (clarinette, contrebasse) et instruments acoustiques provenant de diverses cultures ethniques : guembri, vielle à roue, flûte, arghoul, xylophone, percussions. On notera aussi l’utilisation, sur plusieurs pièces, du Moog.

Les titres des seize morceaux installent sans détour le décor : Mosquée mauve, Désert rouge, Marché de Zakar, Course de la gazelle, Panier de Cobras… c’est bel et bien un Orient coloré, ensoleillé et fantasmé, qu’il soit espace de méditation, piste de danses chaloupées ou lieu d’agitation fébrile, qui nous est dépeint.

Le voyage n’est plus spatial, il est terrestre. L’étrangeté spatio-temporelle a cédé le terrain à une illustration sonore exotique plus localisée (au moins en apparence), et l’excursion aventurière s’est transformée en un trek plus balisé. Mais SONORHC n’a pas pour autant emprunté les autoroutes new-ageuses trop lisses. Il privilégie toujours les sentiers lézardés dans les dunes, les villages rustiques et les ivresses sans colorant, quitte à revenir sur ses propres pas : Shayun, en ouverture d’album, est ni plus ni moins qu’une nouvelle déviation (écourtée) du morceau Shaï, qui figurait sur Outrelande. Les mondes « sonorhciens » ont donc des vases communicants…

En tout cas, même si on ne parlait pas encore d’ethno-ambient à cette époque, ces Portes d’Orient ont dû inspirer des globe-trotters sonores comme Steve SHEHAN ou Thierry DAVID…

Enregistré en 1985, Amazonia est un album resté inédit jusqu’à aujourd’hui. Comme dans Portes d’Orient, les compositions prennent la forme de piécettes à caractère fonctionnel. En l’occurrence, les morceaux réunis ici ont été inspirés par les voyages de GAËL au sein d’une tribu amazonienne (les Wayanas) et ont servi à illustrer des documentaires TV. L’homogénéité du propos réduit sans doute les projections de l’auditeur, mais une fois encore, le déploiement de combinaisons instrumentales constamment renouvelées d’une pièce à l’autre offre une vaste gamme de reliefs tant sonores qu’imagés. Il ne s’agit pas de « muséifier » l’Amazonie, mais plutôt de stimuler l’imaginaire onirique afférent à ses horizons.

Les flûtes, carillons, guimbardes, appeaux, sanza, bendir, charango, angklung et hautbois de circonstance sont renforcés cette fois par des synthétiseurs. Si certains thèmes font plus l’effet de génériques, d’autres (Caïaku, A Ouanary, Oyapock, Pakira…) parviennent à évoquer des atmosphères parfois tribales et rituelles, faisant écho aux opus d’un Jorge REYES ou d’un Steve ROACH (la dimension « boucle extatique » en moins, du fait des courtes durées).

En termes de compositions, SONORHC est en fait réduit sur Amazonia au seul Jean-François GAËL, qui assure aussi tous les instruments. La contribution de Youval MICENMACHER se limite à un seul morceau. On peut encore difficilement parler de musique de groupe, ou même de collectif, comme SONORHC aimait à se définir. Cela n’empêche pas Amazonia de s’inscrire dans la même veine stylistique que son prédécesseur, et son inclusion au corpus discographique de SONORHC n’est pas incongru à ce stade.

K’an : les abîmes de cristal

Le cinquième album de SONORHC, K’an, est paru à l’origine en 1992 aux Productions du Cochon d’or (comme les trois précédents). « K’an » renvoie au Yi-King (Le Livre des mutations) chinois ; c’est en fait le nom de l’hexagramme n°29, qui désigne l’abîme, l’insondable, avec tout ce que cela comporte de périlleux, symbolisant la chute, l’enfoncement dans un environnement inconnu.

Et avec cet album, SONORHC nous fait effectivement voyager dans un territoire qu’il n’avait pas encore exploré, celui des bas-fonds aquatiques, aussi nébuleux que les mondes spatiaux. SONORHC est ici réduit une fois encore à Jean-François GAËL, entouré de nombreux invités et, surtout, usant d’une instrumentation inédite.

Largement conçu à partir d’un matériau électro-acoustique, K’an met aussi en valeur la plus élaborée des structures sonores Baschet, à savoir le Cristal Baschet, que GAËL était à l’époque l’un des très rares musiciens à utiliser, et les FONICS (les FOrmes Nouvelles d’Instruments à Cordes) créés par Jean WEINFELD.

Conçu en 1952 par les deux frères Bernard et François BASCHET, le Cristal Baschet appartient à la famille des « vergeophones ». Son fonctionnement est expliqué comme suit dans le livret de K’an : « Par des tiges de verre frottées avec les doigts mouillés, le son se propage dans le métal de la structure et, par de grands résonateurs en feuille métallique, en fibre de verre ou en carton, ce son est amplifié et enrichi. » Les sons qui en résultent sont particulièrement idoines à évoquer un monde en apesanteur, flottant, troublant et mystérieux, traversé d’effluves mélancoliques et faisant suinter un sentiment de déréliction.

Cet environnement à priori informel, tirant vers une musique contemporaine abstraite et austère, sert cependant ici de socle à des histoires nourries de mythologies et à de purs instants poétiques que plusieurs voix et différents instrumentistes contribuent à rendre plus palpables.

Vents glacés, raclements tribaux et voix à la cantonade immergent d’entrée l’auditeur dans un décor subaquatique traversé par le vaisseau SONORHC, métamorphosé pour l’occasion en sous-marin. C’est le Nifhleim, soit le « monde de la brume » dans la mythologie nordique.

La vision toute en suspension de Gaïa n’est pas moins glauque et abyssale, zébrée d’ondes et d’orages électro-acoustiques approchant les portes du silence. Les Grands Transparents qui suivent, ponctués de tambours géants, de xylophones sinueux et de feux-follets électro-magnétiques, ne sont pas moins rassurants. ART ZOYD n’est pas loin non plus…

L’autre bout du voyage est tout aussi glaçant avec Kassiou (dédié à..Corto Maltese !), cristal Baschet, ondes électro-acoustiques et voix spectrales se liguent pour défier les lois de la gravité et nous faire sombrer toujours plus profondément dans une extase tétanique…

En matière de suspension, Yoïdole Sakana n’est pas en reste mais se veut plus amène : c’est sur un tapis mélodique de flûte shakuhachi (Didier SENDRA) qu’une voix (japonaise, forcément : c’est celle de Kira YUMI) nous conte l’histoire du Namazu, un poisson-chat géant vivant dans la vase, et dont les contorsions maritimes sont reflétées par des bruitages électro-acoustiques et le piano préparé de Youval MICENMACHER, en plus du Cristal Baschet. Hypnotique à souhait…

Au chapitre du bestiaire subaquatique, Octopus Mansion nous fait rencontrer un autre spécimen surréaliste, une curieuse pieuvre philosophant d’une voix éraillée et caverneuse, entre coulées liquides et froissements métalliques. Et pour qui souhaiterait se familiariser avec le « parler pieuvre », sa plaidoirie est reproduite dans le livret…

C’est dans un autre fond, celui d’un labyrinthe d’ordinateur, que nous fait pénétrer Taurus Mansion. Les parasites percussifs n’y parviennent pas à cacher les cris rauques du Minotaure qui s’y est égaré.

D’autres pièces se teintent de couleurs typées « musique de chambre », non loin de JULVERNE et autres ZNR : chants de baleines et cordes classiques animent le Lied de Noun ; saxophone alto, clarinette basse, orages et mécaniques nous accueillent pour la Visita Interioro Terrae ; la clarinette de Nano PEYLET (membre d’ARCANE V avec deux membres de SONORHC, Youval MICENMACHER et Philippe GUMPLOWICZ) se combine aux FONICS créés par Jean WEINFELD le temps d’une Méditation hivernale et d’une claudicante Danse sautée.

Et accordéon et clarinette font chavirer la voix crispée et hagarde de Jack TREESE. Le fameux chanteur et guitariste folk américain – dont c’est probablement ici l’une des dernières contributions artistiques (il est décédé en novembre 1991) – nous conte une sombre histoire de naufrage. La mer, en surface, n’est pas moins sombre qu’en profondeur…

On remarquera également l’inclusion dans K’an d’une partie de la suite 7 Éléments pour Sonorhc parue dans Purf. Les deux albums, pourtant aux antipodes chronologiques l’un de l’autre, sont ainsi reliés, comme si K’an devait boucler la boucle initiée par Purf.

Musiques de table (Jean-François GAËL) :
le banquet de verre

Sur cette seconde édition en CD de K’an, Fractal Records a ajouté un bonus tout à fait pertinent, à savoir un EP de Jean-François GAËL, Musiques de Table, paru en 1985 sur Le Chant du monde.

Cette entorse dans la chronologie discographique se justifie par le fait que ce 45 Tours de GAËL fait lui aussi entendre le Cristal Baschet. Et puisque Bernard BASCHET est décédé en 2015, cette réédition de K’an avec Musiques de table sur Fractal Records lui est tout naturellement dédiée.

Musiques de table comprend dix courtes compositions du chef d’équipage de SONORHC réparties sur les deux faces du vinyle : celles de la seconde face sont jouées au Cristal Baschet, tandis que celles de la première face sont jouées sur… de la vaisselle de table (d’où le titre) !

Contrastant fortement avec les ambiances sourdes et troublantes de K’an, Musiques de table distille un esprit ludique et sémillant, bien qu’étant tout aussi sérieusement conçu que K’an. Saladiers en métal, cocotte, verres, cuillères, fourchettes, couteaux, coquetiers et bouteilles sont les instruments employés par Jean-François GAËL sur les pièces de la face A, dont les titres sont révélateurs : Repas, Isolons, Étude aux verres, Étude métallique, Étude… Et pour qui souhaiterait « mettre le couvert » à la façon GAËL, la recette ainsi qu’une partition sont incluses dans le livret du CD !

La face B est donc entièrement jouée au Cristal Baschet, cette fois par Michel DENEUVE, mais les compositions sont signées GAËL et concernent la partie « dessert » de ce banquet sonore : Profiteroles, Îles flottantes, Sucre Candi et Religieuses sont ainsi servies aux oreilles gourmandes. Bon appétit!

* * * * * *

Les rééditions des albums de SONORHC opérées par Fractal Records bénéficient d’une remastérisation aux petits oignons, et la réunion des disques originaux deux par deux sur chaque CD a le mérite de respecter la chronologie des parutions tout en donnant un semblant de thématique à chaque CD : Purf et Outrelande correspondent à une époque d’expérimentation et d’exploration résolument « underground », Portes d’Orient et Amazonia sont des recueils d’illustrations sonores, et K’an et Musiques de table sont les témoignages d’une autre forme d’expérimentation plus contemporaine à partir de l’électro-acoustique et du Cristal Baschet.

K’an est la dernière expédition en date du vaisseau polymorphe SONORHC. Depuis, Jean-François GAËL et son équipage n’ont pas repris le chemin des étoiles, pas plus que celui des jungles vierges, des déserts de sable, des temples enfouis ou des fonds océaniques insondables… Mais les carnets de bord qu’ils nous ont laissés restent aujourd’hui une source d’explorations fascinantes pour tout mélomane aventurier qui ne craint ni les décalages temporels ni les migrations spatiales.

DISCOGRAPHIE SONORHC :

Purf (LP Disques du cavalier, 1972 ; réédition CD – avec Outrelande – Fractal Records, 2014)

Outrelande (LP Productions du cochon d’or, 1982 ; réédition CD – avec Purf – Fractal Records, 2014)

Portes d’Orient (LP Productions du cochon d’or, 1984 ; réédition CD – avec Amazonia, 1985, inédit – Fractal Records, 2015)

K’an (CD Productions du cochon d’or, 1992 ; réédition CD – avec Musiques de table, de Jean-François GAËL, 1985 – Fractal Records, 2016)

Label pour les rééditions CD : www.fractal-records.com

Réalisé par Stéphane Fougère

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One comment

  1. je voudrais remercier Stéphane Fougére pour l’article qu’il a écrit s ue le groupe sonorhc, c’est un beau travail qui me touche beaucoup. bien cordialement

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