The GONG Unconventional Gathering 2006

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The GONG Unconventional Gathering 2006

À la Toussaint 2006, tous les fans de GONG devaient se donner rendez-vous dans la capitale de l’herbe folle. Trois jours de folie gnomique pour cette “non-convention”. Les 1 024 Pot Head Pixies ont tous pris leur théière volante pour rechercher tous les membres actuels et anciens du GONG. Parmi le public, pas moins d’une trentaine de pays était représentée. À l’affiche du Melkweg d’Amsterdam : 25 groupes. De plus, avec la mort récente de Pip PYLE et de Pierre MOERLEN, les deux batteurs de GONG, cette cérémonie allait prendre une tonalité particulière.

Vendredi 3 Novembre

17h15. Le Melkweg ouvre ses portes avec pas moins de trois quarts d’heure de retard… ça commence bien. On entend ça et là que HADOUK TRIO a pris du retard dans ses balances. On entre enfin, la salle est splendide. La décoration est soignée. Des affiches psychés partout. Le premier concert affiché est : « Daevid & Friends ». Il était logique pour ouvrir les festivités que ce soit Daevid qui prenne sa guitare. Le concert était annoncé « unplugged », mais apparemment, un problème technique l’obligea à prendre sa guitare électrique. Il commença, bien évidemment avec la ballade Dear Friends, une bien belle manière d’accueillir le public.

Le répertoire joué se composait de la période acoustique des années 1970, les albums Good Morning et Now is the Happiest Time of Your Life. Tour à tour, des invités arrivèrent sur scène. Des choristes tout d’abord issus de MOTHER GONG, Mark ROBSON de KANGAROO MOON, Mike HOWLETT, Gilli SMYTH… À la fin, il y avait un beau paquet de monde sur la scène. Le public regardait tout le monde aller et venir, le sourire aux lèvres. L’ensemble était vraiment agréable.

Après, malheureusement, les interprétations n’étaient pas au top, il faut bien le dire. Les autres musiciens devaient être très attentifs pour suivre les breaks de ALLEN. En fait, Daevid ALLEN ne semblait pas être dans sa meilleure forme, et il fut obligé de sortir son cahier de chant pour lire les paroles des chansons… Après 30 années passées à les jouer, c’était un peu triste. Mais bon, pour ma part, j’ai toujours adoré les chansons acoustiques de Daevid ALLEN, et comme tout le monde ici, j’étais plutôt heureux de ce moment. Les trois jours allaient être pour tous ici le « happiest time of our lives ».

Une petite pause et c’est au tour de HADOUK TRIO de monter sur scène. Les concerts de HADOUK sont relativement rares. Bien qu’ayant un succès grandissant albums après albums, ils ne trouvent guère de salles où jouer, et seuls quelques festivals les programment. Pourtant, leur concerts sont époustouflants ! Ce soir, à Amsterdam, pas mal de monde ne semblait pourtant pas très bien connaître le trio. Il est vrai que HADOUK a peu passé les frontières et les Anglais en grande majorité présents ce soir furent surpris de la musique jouée par Bloomdido. Peu de surprises tout de même lors de ce concert, les morceaux provenant des trois derniers albums sont pas mal rodés. Il y avait surtout les titres les plus festifs, et peu de morceaux sombres. Dommage, ces derniers sont mes préférés… Si la prestation de Didier MALHERBE et de Loy EHRLICH furent vraiment bonnes, c’est Steve SHEHAN qui a vraiment impressionné le public avec sa batterie et ses percussions. Sa maîtrise des rythmes est fantastique. Certains membres du public se retrouvèrent dans un état de transe et se mirent à danser comme des dingues… C’était l’un des concerts les plus longs des trois jours, mais aussi l’un des plus grands moments. Après ce concert, pas mal de nouveaux fans se dirigèrent vers le stand de disques pour faire une razzia sur le stock de HADOUK.

Déjà 21h30, et c’est MOTHER GONG qui doit jouer. Personnellement, de tous les groupes émanant de la planète GONG, MOTHER GONG est celui avec lequel j’ai toujours eu le plus de mal. Tous les disques solos de Gilli SMYTH me sont soit indifférents, soit vraiment pénibles. Donc, j’ai décidé de quitter quelques instants la salle de concert pour aller manger un peu. Quand, après avoir manqué les trois quarts du concert, je suis retourné dans la salle, j’ai tout de même observé le groupe jouer. Et là… Surprise ! C’était superbe ! Le son de MOTHER GONG avait disparu. C’était un nouveau groupe. Très rock, très psyché, très impro. Ça ressemblait à du GONG tout court. Vraiment génial ! Sauf, que, comme un imbécile, j’avais manqué tout le concert… Le lendemain, j’ai pu discuter quelques minutes avec Tim HALL, le bassiste. Il m’a expliqué que quelques mois auparavant, Gilli SMYTH et le reste du groupe ont décidé de remettre à plat tout leur répertoire, de changer de son. Le résultat est génial. Ça sonne vraiment bien. Si un album sort prochainement, pour la première fois, je l’achèterai sans attendre.

GLISS ORCHESTRA. L’avantage d’avoir une centaine de musiciens sous la main, c’est qu’ils peuvent décider de monter un groupe très rapidement. Historiquement, la technique de guitare (presque) inventée par Daevid ALLEN fit pas mal d’émules. Ce concert allait réunir tout ceux qui à un moment ou à un autre utilisent la technique de glissando. À l’origine, il y avait cinq guitaristes prévus. Dix montèrent sur scène. Un mur d’ampli, des tonnes de pédales, des kilomètres de jack… les musiciens n’avaient pas beaucoup de place pour évoluer. Mais bon, la glissando demande peu de mouvement, donc, ça va. En bref, sur la scène : Daevid ALLEN, Fabio GOLFETTI (INVISIBLE OPERA COMPANY OF TIBET), Harry WILLIAMSON, Josh POLLOCK, Kawabata Makoto, Steffe SHARPSTRING, Steve HILLAGE, et encore trois autres que j’ai oubliés… Ils ont joué les Seven Drones dans l’ordre. C’est à dire : Do, ré, mi, fa sol, la, si, do… Assourdissant ! Le volume des guitares étaient à peu près acceptable au départ (Do, ré, mi, fa), mais plus on avançait dans la gamme, plus le concert devenait inaudible ! 10 moteurs à réaction ! Le public se bouchait les oreilles… dommage, ça aurait pu être joli… Mais chacun y allait à jouer de plus en plus fort… À la fin, ça en devenait insupportable.

HERE AND NOW. Dans l’histoire de GONG, avec Steve HILLAGE, Steffe SHARPSTRING fut l’un des deux guitaristes les plus sérieux. Sa prestation lors du 25e anniversaire fut réellement excellente. Pourtant, son groupe reste malheureusement trop peu connu. Mis à part la collaboration en 1977 sous le nom de PLANET GONG, les autres disques de HERE AND NOW restent rares et obscurs. Le groupe joua fort, très fort. Beaucoup de morceaux de l’album Ufoasis. Dommage, ce n’est pas le meilleur. D’autant plus qu’ils ont sorti plus récemment un disque sous le nom de ICI MAINTENANTS qui était excellentissime. Bref, ce soir, beaucoup de morceaux chantés, des solos de guitares supersoniques, une rythmique puissante, mais bizarrement, la sauce ne prenait pas et ça restait assez ennuyeux. Le seul moment vraiment bon fut à la fin, où le groupe termina le set par Floating Anarchy et où ALLEN prit le micro pour chanter. Le public fut pris de folie et tous chantèrent « Violence is caused by governements, armies, policemen ! » Yeah !

Il est déjà une heure trente du matin, tout le monde commence à fatiguer, mais ce n’est pas fini, les ACID MOTHERS GONG arrivent sur scène. Petit rappel, ce groupe doit être considéré comme le successeur de GONG. Il est composé à l’origine de membres de ACID MOTHER TEMPLE, de Josh POLLOCK et de Daevid ALLEN, sans oublier Gilli SMYTH. La musique jouée par le groupe est totalement originale pour les fans de GONG et de Daevid ALLEN, elle ne ressemble à rien de tout ce qu’on a pu entendre jusqu’alors. En fait, c’est vraiment de la musique de gros bourrins jouée par des dingos ! Bon, l’album studio sortit il y a quelques temps ne reflète plus rien du tout de ce qu’il font sur scène actuellement. Il vaut mieux se procurer les albums live (Nagoya, Tokyo…). Le concert ne ressemble donc à rien de descriptible. Du son, du gros, de l’impro totale, sans structure (ou alors, elle m’échappe)… Les membres du public qui n’étaient pas au courant de qui les attendaient restaient babas. Mais, en vrai, c’était génial ! Incompréhensible, mais génial ! En plus, le concert s’est terminé par la version apocalyptique de OM RIFF! Ouahou !!! Après ce concert, il était grand temps pour tous les Pot Head Pixies d’aller faire dodo…

Samedi 4 Novembre

Cette journée était la moins intéressante musicalement. La grande salle fut réservée pour plein de concerts de techno, du coup, les concerts qui allaient être les plus intéressants furent relégués dans la petite salle.

Du côté de la grande salle, les groupes de techno furent SLACK BABA, PURUSHA puis le SYSTEM 7 de Steve HILLAGE. Je suis juste allé faire un petit tour, histoire de voir. Ça ressemblait à un petit rassemblement de raveurs… Du gros tatapoum, mais dans l’ensemble, pas mal quand même. Je suis donc resté toute la soirée dans l’autre salle, The Old Hall. Deux grandes affiches ornaient la scène, les portraits de Pip PYLE et de Pierre MOERLEN.

L’après-midi commença donc par un hommage aux deux batteurs originels du groupe. Daevid lut des poèmes pour chacun des batteurs. Ensuite, pour continuer l’hommage, tout le public était convié à une énorme impro de percu-batterie. La consigne avait été donnée d’apporter un instrument de percussion. Une centaine de personne avait joué le jeu. Des batteries furent descendues au milieu du public. Puis durant une demi heure, tout le monde s’est mis à taper partout, à danser. C’était très émouvant. Bon, d’accord, ça sonnait plus tribal que jazz, mais bon, l’intention était là. Une fois l’hommage terminé, place aux vrais concerts.

C’est ZORCH qui ouvrit la scène. ZORCH est le groupe de Gwyo Ze PIX qui, durant la dernière tournée de GONG, s’occupait des synthés. Ce groupe se compose aussi de Basil BROOKS. Ils furent, dès les années 1970, le premier groupe de synthé du Royaume-Uni. En concert, c’est plus que bon, si on aime les sons électroniques et les rythmes planants. Vaguement technoïde, leur musique se prête plutôt bien à la scène. Plus tard dans la soirée, c’était SACRED GEOMETRY puis STROKING THE TAIL OF THE BIRD (du disque du même nom). Si les disques de ces deux formations sont plutôt agréables, je fus très déçu des concerts. Assez ennuyeux, pas assez construits. Voire, même pour STROKING, rien à voir avec le disque. C’était bruyant, c’est tout. Tant pis, on se rattrapera demain.

Dimanche 5 Novembre

C’est évidemment le dernier soir qui allait être le plus intéressant certainement. C’est Mike HOWLETT qui ouvre les festivités ce soir avec son groupe HOUSE OF TANDOY. Il est arrivé sur scène avec un T-shirt sur lequel un portrait de Pierre MOERLEN figurait. Il y a été de son discours en hommage à Pierre. Ces deux-là étaient de grands amis et la mort de Pierre a foutu un sale coup au moral de Mike. Je ne connaissais pas du tout la musique de HOUSE OF TANDOY. C’est très PM-GONG, jazz fusion… Mais si j’ai toujours trouvé le PM-GONG ennuyeux, le concert de HOUSE OF TANDOY était très chouette. Pas grandiose, mais chouette. Un groupe qu’il faudra suivre désormais.

Ensuite c’était au tour de KANGAROO MOON. Mark ROBSON étant un ami de longue date de Daevid ALLEN, il était logique que son groupe soit invité ce soir. À tort considéré comme groupe mineur de la Planète Gong, KANGAROO MOON mérite vraiment que l’on s’intéresse davantage à lui. Ce groupe écume les scènes d’Angleterre, ils sont perpétuellement en tournée. On peut très facilement les voir dans des pubs ou à de petits festivals. Le subtil mélange de musique celtique, aborigène et progressive est très agréable et plaît beaucoup à tous ceux qui les ont vu sur scène. Le concert de ce soir était très bon. Et pour les avoir vus jouer sur l’Ile de Wight, je me suis rendu compte qu’ils adaptaient leur set au public. Ainsi, les morceaux de ce soir étaient plus rock, avec beaucoup d’impros. Alors qu’en tournée, leur musique sonne plus celtique. En tous cas, un concert bien agréable, le public s’est bien amusé et a bien dansé.

Avec le concert de GONG, c’était certainement les UNIVERSITY OF ERRORS que le public attendait le plus. Le dernier album studio des UofE est la reprise de Jet Propelled Photographs, ce qui explique que le concert soit constitué de pas mal de reprises de SOFT MACHINE. Si on rajoute quelques vieux titres de Daevid ALLEN, on a le concert en entier. Les versions « errorisées » de ces chansons sont ultra puissantes ! Ça joue fort, ça pulse à fond, et c’est vraiment bon. Bien que Daevid ALLEN prenne sa guitare, c’est Josh POLLOCK qui assure le plus. Sa manière de jouer est époustouflante. En plus, il gigote tout le temps, à tel point que le suivre du regard est parfois difficile. Les sons qu’il produit sont non seulement énormes, mais sans cesse surprenants. Je trouve juste un peu dommage que les UofE ne jouent plus que des reprises. Leur propres compositions sont tout de même très bonnes. Mais bon, Love Make Sweet Music, et les UNIVERSITY OF ERRORS « make great music and noise » !

Après tout ce boucan rock’n’roll, place aux synthés de Tim BLAKE, accompagné de Jean-Philippe RYKIEL. Ils ont joué leur nouveau répertoire Waterfall in Space. Une musique très agréable, très recherchée dans les compositions. Mais le public a semblé s’ennuyer tout de même.

Enfin, Tim laissa la place à Steve HILLAGE qui n’était pas monté sur scène avec un groupe de rock depuis 1979 ! Depuis, il travaille énormément avec SYSTEM 7 et comme producteur. Une énorme partie du public l’attendait donc. En France, les albums ont eu peu de succès, mais en Angleterre, ses disques se sont toujours bien vendus, et comme les Anglais étaient en grande majorité ce soir, Steve HILLAGE eut le droit à une véritable ovation dès son arrivée sur la scène. Bon évidemment, rien de neuf dans les morceaux joués ce soir, tous sortaient de Fish Rising, Open…

Après environ une heure de concert, alors que Steve jouait encore, Tim BLAKE revint sur la scène et s’assit derrière ses synthés. Puis, d’un coup, tout le groupe GONG était là ! Et le temps d’un battement de paupière, on était transporté en 1974 avec LA formation de GONG. You Can’t Kill me commença ! Personne ne s’attendait à voir le groupe débarquer ainsi, sans pause. Tout le monde était venu pour eux et ils arrivèrent sans prévenir. Sinon, le concert était plutôt bon. Mais rien de très surprenant tout de même. Si ce n’est que, mis à part Pierre MOERLEN qui manquait, tout la formation de 1974 était présente : Daevid ALLEN, Gilli SMYTH, Mike HOWLETT, Didier MALHERBE, Steve HILLAGE, Tim BLAKE et Miquette GIRAUDY ! Fantastique ! Jamais une telle occasion ne se représentera. Et pourtant, à les regarder jouer ensemble, c’était comme s’ils ne s’étaient quittés que récemment. Tim BLAKE redevint High T Moonweed tandis que Miquette se transforma en Bambaloni Yoni… Que du bonheur ! À la fin, chose rare, on a même eu le droit à un rappel, Fohat Digs Holes in Space… dans une version très, très libre. Bravo.

À trois heures du matin, quand les lumières se rallumèrent, tout le monde était ému. On sentait que quelque chose d’unique s’était déroulé durant ces trois soirs. Il est assez improbable qu’une autre convention de cette qualité s’organise une nouvelle fois. L’état physique et l’âge de certaines personnes font que ce moment est peut être le dernier grand moment de l’histoire de GONG. GONG est mort, vive GONG !

Compte-rendu et photos : Bizéroïd

(Article original publié dans
TRAVERSES n°21 – janvier 2007)

NDLR : Des enregistrements audio et vidéo de certains concerts de cette GONG Unconventional Gathering ont été publiées en CD et/ou en DVD :

MOTHERGONG – O Amsterdam (CD, 2007, Voiceprint, rééd. 2010, Resurgence)

ACID MOTHERS GONG – Live @Uncon 06 (DVD, 2008, Voiceprint)

Daevid ALLEN & THE GLISSANDO GUITAR ORCHESTRAE – The Seven Drones (at GONG Uncon 06) (DVD, 2008, Dakini Records)

Daevid ALLEN’s UNIVERSITY OF ERRORS – Plays The Soft Machine (DVD, 2008, Voiceprint)

Steve HILLAGE BAND – Live At The Gong Family Unconvention November 2006 At The Melkweg Amsterdam (DVD : 2009, G-Wave/Voiceprint ; CD : 2009, G-Wave/Voiceprint, rééd. 2012, G-Wave/Gonzo Multimedia)

GONG – Live at the GONG Family Unconventional Gathering, The Melkweg, Amsterdam (DVD : 2008, Voiceprint, rééd. 2021, G-Wave ; 2xCD : 2021, G-Wave)

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