Homayun SAKHI – The Art of the Afghan Rubâb
(Music of Central Asia Vol.3, CD + DVD)
(Smithonian Folkways)
Ce troisième volume de la collection Music of Central Asia, produite par le renommé label américain Smithsonian Folkways, est consacré au rubâb (luth afghan) et est présenté par Homayun SAKHI, considéré comme un maître de l’instrument. Cet album comporte comme ses deux prédécesseurs (Mountain Music of Kyrgyzstan du groupe TENGIR-TOO et Invisible Face of the Beloved, Classical Music of the Tajiks and Uzbeks) un CD et un DVD, ainsi qu’un épais livret en anglais, le tout dans un classieux digipack.
Né à Kaboul en 1976 d’une famille de musiciens, Homayun SAKHI a appris le rubâb avec son père, Ghulam SAKHI, disciple du grand maître Ustad Mohammad OMAR. Sa famille s’exile en 1992 à Peshawar au Pakistan, où il devient rapidement un musicien populaire, puis il s’installe à Khalil House, un immeuble où vivent de nombreux musiciens afghans en exil, où il leur apprend un nouveau style de jeu de Kaboul. Après la chute des talibans en 2001, alors que de nombreux musiciens reviennent s’installer à Kaboul, Homayun part à Fremont en Californie, où il ouvre une école de musique afghane et enregistre des disques de chansons populaires afghanes, et se produit en concert accompagné de Toryalai HASHIMI aux tablas.
Sur le CD, Homayun SAKHI et Toryalai HASHIMI (tablas) interprètent avec virtuosité deux ragas d’un peu plus de trente minutes chacun issus de la musique classique indienne et adaptés pour le rubâb, le Raga Madhuvanti et le Raga Yaman, ainsi qu’un traditionnel du nord de l’Afghanistan, Kataghani.
Le DVD contient un documentaire sur l’Aga Khan Trust for Culture, initiateur de la collection, avec des extraits d’interviews et de concerts des artistes soutenus par cet organisme, un glossaire interactif des instruments (rubâb et tablas) avec présentation (en anglais) et sons, une carte de l’Asie Centrale ainsi qu’un documentaire sur Homayun SAKHI.
Dans ce documentaire d’une vingtaine de minutes, introduit par des images de la ville et d’habitants de Kaboul, on peut découvrir à travers des extraits d’interviews (sous-titrés en anglais) Homayun SAKHI et Toryalai HASHIMI à Fremont en répétition, avec un jeune élève, dans les rues et les commerces de la ville, ou encore jouant au football sur les tapis de la salle de répétitions. Homayun nous informe qu’il existe une communauté afghane importante à Fremont et que les gens n’ont pas oublié la musique de leur pays. Il présente son instrument, sa manière de jouer, d’obtenir sur le rubâb le son d’un santour ou d’une guitare, et de modifier les morceaux, en précisant qu’il existe trois sortes de rubâbs : le petit est utilisé dans le folk, le medium pour les ghazals et les solos, et le plus grand pour la musique classique.
Toryalai HASHIMI, qui autrefois a joué avec le père de Homayun, réalise également une démonstration de son jeu de tablas, seul et avec de jeunes élèves. Ce documentaire, très vivant, s’avère fort intéressant, même si l’on aurait apprécié l’ajout de quelques minutes supplémentaires d’extraits de concerts.
Sylvie Hamon
Page label : www.folkways.si.edu
(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°30 – mars 2007)