Laurent SAÏET – The Call of Lovecraft
(trAce label 2018)
Laurent SAÏET, ancien membre de BEGIN SAYS, combo new wave ayant évolué à la fin des années 1980, propose ce magnifique CD, The Call of Lovecraft, tirage limité à 300 exemplaires dont 100 numérotés.
Durant une heure de musique instrumentale, vous allez voyager à l’écoute de cet album, un peu comme s’il s’agissait d’une bande son, une musique de film, un soundtrack pour road movie surnaturel, inhumain, fantastique.
Les titres sont des références en mémoire de livres lus par Laurent il y a 25 ans et toujours bien ancrés dans sa mémoire. Il s’agit d’œuvres de LOVECRAFT, auteur majeur de science-fiction/fantastique.
L’album débute par Eryx avec des nappes synthétiques, des envolées lyriques entrecoupées de sons naturels que l’on pourrait assimiler à des bruits d’insectes (frottements d’ailes, frétillements, appels, etc.). Comme si l’on volait en étant dans le corps d’une libellule.
Avec Arkham, soyez angoissé par une note synthétique répétitive, oppressante, s’approchant doucement de vous. Le tout suppléé par un saxophone démoniaque (joué par Quentin ROLLET) et des percussions stridentes. Comme une araignée géante s’affairant sur sa toile autour de sa proie : vous.
Sur Insmouth (Invocation), poursuivez votre voyage dans un univers électronique spatio-temporel obscur vers la voie lactée.
Miskatonic sonne comme un requiem avec une présence invisible, ténébreuse qui semble vous côtoyer, vous accompagner, vous guider vers un destin funeste.
Puis sur Leng, vous ressentez le danger d’une attaque imminente, des cris d’animaux mutants, de créatures blessées, étranges, malsaines prêtes à se jeter sur vous.
Necronomicon, avec des tempos relaxants, suggère de nouveaux sons, qui semblent en partie venir d’une grotte marine, sortant de la gueule d’un être à l’agonie, émettant une complainte, entouré de lucioles.
Belows Falls propose des séquences énergiques et s’inscrit dans un esprit proche de TUXEDOMOON, avec l’apport de la clarinette de Ben RITTER.
Dagon initie un son de sirène qui enveloppe l’atmosphère et crée une brume au-dessus/autour de vous, matérialisant une forme de vie inimaginable.
L’ambiance précédente se poursuit sur Dunwich appuyé par une basse, des rythmes annonçant une arrivée, une présence, un événement diabolique qui se rapproche de vous au fur et fur à mesure que le morceau évolue. Il est encore temps de respirer et de fuir cette attaque imminente, avant qu’il ne soit trop tard, avant que vous ne voyiez le message « THE END » s’afficher et vous emporter dans la mort !
Via Providence, vous êtes en sursis et toujours accompagné notamment d’une basse glaciale à laquelle s’adjoint aussi la batterie de Jean-Noël COGNARD. La bête rôde et vous guette. Une odeur de puanteur envahit l’air irrespirable. Vous êtes au cœur d’un cauchemar.
Pour finir, Cthulu en mode free jazz, d’abord linéaire et lancinant puis apocalyptique, terrifiant va sonner le glas et vous emporter dans un autre monde désenchanté, foudroyant. Il n’est plus temps de trembler, il est trop tard : c’est la fin de votre monde terrestre. Mais vous reviendrez régulièrement à l’écoute de ce CD par le biais de cet autre monde.
À noter que Thierry MÜLLER (membre de ILITCH, RUTH, etc.) a réalisé la mise en page et la typographie du livret (au format A5), bien dans l’esprit glauque entourant l’univers imaginaire de LOVECRAFT, et la pochette a été réalisée par Justine GASQUET.
Olivier Degardin
Site : https://tracelabel.bandcamp.com/album/the-call-of-lovecraft
En écoute : https://tracelabel.bandcamp.com/album/the-call-of-lovecraft